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Peine de mort auteur inconnu
par Super-Malouin 2022-06-01 22:38:15
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La peine de mort.


Tous nous convenons de la dignité de la personne humaine ; l’être humain est sacré donc inviolable, alors comment pouvons-nous envisager la possibilité de la peine de mort, Est-il, même, licite de soulever le problème ?
La personne humaine est sacrée, ce n’est pas qu’un mot : c’est un fait et l’on devine la rigueur des conséquences. Inviolable ce qui est sacré. Inviolable donc la personne. Inviolable la liberté qui est son attribut. Inviolable son intégrité morale et physique.
C’est logique et c’est sage.
Comment concilier le respect dû à ce caractère sacré de la personne humaine et le fait que dans certaines circonstances (après un crime notamment) il soit permis la société d’intervenir et de porter la main sur la personne du criminel ?


Pareil justification n’est pas si facile. Dire que dans ce cas la société exerce un droit de défense contre l’attaque injuste de la personne n’est pas un argument solide. Car s’il est vrai, comme les « personnalistes » aiment à le répéter, que la personne a quelque chose d’essentiellement supérieur à la société (en ce qu’elle a une âme immortelle, appelée à la vie surnaturelle ; ce qui n’est pas le cas pour la société), cette raison suffit à écarter le prétendu droit de défense de la société contre la personne.

Nul n’ignore, en effet, que la pensée chrétienne admet comme principe de sagesse la subordination de l’inférieur au su supérieur. Si la société n’est pas supérieure en dignité à la personne, quel droit peut –elle avoir sur celle-ci ?
Insatisfaisant aussi l’argument qui voudrait que la société humaine ce soit un ensemble de personnes sacrées qui se défendent contre une seule d’entre elle. Cette supériorité numérique de personnes sacrée ne suffit pas à légitimer leur action contre telle autre réputée nuisible et indésirable.
Combien d’innocents risqueraient d’être sacrifiés aux intérêts de cette société de personnes sacrés !
Quant à cette formule flasque qui consiste à dire que la société peut intervenir contre une personne criminelle à condition de la « traiter en homme » et de respecter sa dignité sacrée, cela ne signifie rien. Car, ou la personne est sacrée ou elle ne l’est pas.et si elle l’est, on voit mal comment il est possible d’admettre incarcération, fusillade et guillotine comme non attentatoires à ce caractère sacrée, autant dire inviolable !
À moins de se payer de mots, on ne peut soutenir que la prison, la fusillade, la guillotine tout en agissant rigoureusement sur les personnes ne portent atteintes à l’intégrité de leur être ou de leurs biens essentiels. Ici encore le refus de Dieu a causé des ravages qu’on ne soupçonne pas.
Perte du sens de la dignité humaine et preuve qu’il ne suffit pas d’invoquer cette dernière à longueur du jour pour en avoir une idée juste.
Se contenter, en effet, des arguments habituellement avancés pour justifier une action pénale, c’est le signe qu’on se fait une bien pauvre idée de ce caractère sacré de la personne humaine.
Car l’on croit à ce caractère ou l’on n’y croit pas.
Si l’on n’y croit pas, tant d’emphase est odieux.
Si l’on y croit, il faut refuser de se payer de mots et chercher des raisons plus rigoureuses, plus solides, des raisons vraies pour légitimer le châtiment pénal, sinon déclarer sans plus attendre que le criminel qu’il est, reste inviolable et prison, fusillade, guillotine, etc. sont dès lors illégitimes, absolument, quel que puisse être le danger que ce criminel fait courir à la société.
Telle est la seule façon de cerner la difficulté. Mais dès lors le choix des solutions n’est pas grand et l’on ne tarde pas à constater que la seule explication sérieuse est celle de St Thomas d’Aquin.
Sans doute une certaine rudesse dans les images lui a été reprochée. Reste que cette rudesse d’expression n’est pas l’essentiel d’une démonstration qui la l’honnêteté de ne pas laisser croire à la conciliation des inconciliables en donnant à penser que le caractère sacré de la personne humaine ne serait pas atteint quand on lui tire douze balles dans le corps, quand on lui tranche la tète, quand on la pend, quand on la condamne aux travaux forcés, quand on l’incarcère pendant des mois, des années dans l’atmosphère (combien reluisante, hélas, au point de vue morale) de nos actuelles centrales ou maison d’arrêt.
Pour Saint Thomas le sacré est sacré.
Et dès lors, il n’est licite de sévir contre une personne humaine qu’après avoir prouvé que par sa faute, elle a perdu (au moins relativement) ce qui la rendait inviolable, intouchable, sacrée.
Aux yeux de ceux qui ont souci de cohérence intellectuelle, cela offre l’avantage de poser le principe de la seule doctrine permettant de saisir l’économie des sanctions et des peines, quelles qu’elles soient, depuis la simple fessée au bambin jusqu’aux supplices de l’Enfer.
Cette obligation d’une doctrine universellement cohérente en pareille matière à Pie XII et l’on a pu voir le génie avec lequel il savait découvrir, au-delà des problèmes de nos juridictions terrestres, un véritable effet de l’éternelle justice de Dieu.
Or, précisément, le tour thomiste de la pensée de Pie XII est évident. « Même quand il s’agit de l’exécution d’un condamné à mort, observait-il, l’l’État ne dispose pas du droit de l’individu à la vie. Il est réservé alors au pouvoir public de priver le condamné du bien de la vie, en expiation de sa faute, après que par son crime, il s’est déjà dépossédé de son droit à la vie. »
Autrement dit, ce n’est pas la société qui, dans ce cas, porte atteinte à la personne, c’est la personne elle-même qui s’est « dépossédée » de ses droits, par sa faute. Ou bien encore : ce n’est pas la société qui a un droit contre la personne, c’est au contraire dans la mesure où la personne par son crime, s’est dépossédée de l’intégrité de ses droits que l’État peut intervenir s’il le juge utile. Aucune atteinte donc de ce dernier au caractère sacré de la personne puisque celle-ci s’est déjà reconnue come « désacralisée » par son crime ; ce qui la soumet à la vindicte de l’État, non certes pour être châtiée au-delà de la justice, mais pour satisfaire aux exigences pénales dont Pie XII précisément a rappelé la sagesse et les normes en plusieurs occasions.
Aux yeux de ce dernier, en effet, la personne étant sacrée, à cause de sa référence à Dieu, pas de coercition contre elle tant que par sa faute, par un péché contre l’ordre divin, elle ne se « dépossède » pas de l’inviolabilité que lui confère ce caractère sacré de stricte ordonnance divine.
Car la société toute entière serait-elle réunie contre une seule personne coupable, si l’on admet que cette personne coupable continue à rester pleinement sacrée, jamais la société n’aura le droit de porter la main sur ladite personne pour la « châtier ». L’ordre du sacré, en effet, est par essence infiniment au dessus de tout bien social.
Il faut donc admettre :
- Ou que tout châtiment est absolument interdit contre les coupables.
- Ou que le coupable, par son crime, s’étant relativement, désacralisé, il peut être châtié.
Ainsi note Saint Thomas « bien qu’il soit mauvais de mettre à mort l’homme qui demeure dans sa dignité d’être humain raisonnable, de personne sacrée… ; mettre à mort le pécheur (id est celui qui par sa faute s’est en quelque sorte désacralisé) peut être une chose bonne ».

Pour terminer sur ce sujet, la peine de mort, une citation surprenante de Charles Baudelaire : « La peine de mort est le résultat d’une idée mystique totalement incomprise aujourd’hui. La peine de mort n’a pas pour but de sauver la société, matériellement du moins. Elle a pour but de sauver (spirituellement) la société et le coupable. Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu’il y ait assentiment et joie de la part de la victime. Donner du chloroforme à un condamné à mort serait une impiété ; car ce serait lui enlever la conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les chances de gagner le Paradis… » Quel chrétien, même pratiquant, oserait écrire cela aujourd’hui ?
Châtiment des criminels, prison, peine de mort, euthanasie, avortements autant de questions impossibles à résoudre honnêtement, sagement, sans recourir à Dieu.

     

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 Oui à la peine de mort par Vexilla Galliae  (2022-05-30 17:13:52)
      C'est une illusion d'optique par Ptitlu  (2022-05-30 20:25:44)
          Ignoble par Paterculus  (2022-06-01 00:39:10)
      Non à par Dam  (2022-05-31 01:25:41)
          Et si c'est... par Luc de Montalte  (2022-05-31 10:02:05)
      La peine de mort par Super-Malouin  (2022-05-31 01:33:55)
          C'est plutôt le contraire par Luc de Montalte  (2022-05-31 10:05:52)
          Comment cela pas dissuasive ? par jl dAndré  (2022-05-31 10:18:39)
          Argument intéressant ! par Meneau  (2022-05-31 17:57:39)
      La clé de voûte du système pénal par Candidus  (2022-05-31 07:39:50)
          Merci beaucoup cher Candidus par Roger  (2022-06-04 17:30:07)
      Quelques remarques par Vox clamantis  (2022-05-31 08:29:18)
          La peine de mort par Jean-Paul PARFU  (2022-05-31 09:39:53)
              Et si le risque de tuer un innocent par Donapaleu  (2022-05-31 09:44:28)
                  Sachant en outre par Jean-Paul PARFU  (2022-05-31 10:42:39)
                  Et j'ajouterai par Candidus  (2022-05-31 11:28:02)
                      On prend toujours par Jean-Paul PARFU  (2022-05-31 11:59:45)
              Comme vous dites, par Vexilla Galliae  (2022-06-01 14:06:40)
                  C'est très différent par Ptitlu  (2022-06-01 15:03:23)
                  Il s'agit en l'occurrence par Jean-Paul PARFU  (2022-06-01 16:12:32)
                      Salah Abdeslam par Vexilla Galliae  (2022-06-01 22:27:22)
      Oui ! par Paterculus  (2022-06-01 00:35:44)
      Peine de mort auteur inconnu par Super-Malouin  (2022-06-01 22:38:15)


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