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Le denier de l’Église en chute libre
Selon les paroisses du diocèse de Belley-Ars, le denier de l’Église est plutôt en baisse ces dernières années. Parmi les causes envisagées du phénomène, il y a notamment les affaires criminelles qui touchent le milieu, le Covid-19 et le non-renouvellement des donateurs.

Par Guillaume RESIN

Remettre l’église au milieu du village. C’est la difficile ambition de toutes les paroisses de l’Ain, regroupées sous l’égide du diocèse de Belley-Ars. Depuis quelques années, le denier de l’Église est globalement en baisse. Il prend place chaque année au début du Carême et consiste à faire des dons, à la convenance des personnes (baptisées ou non) dans des enveloppes. Parfois, ces dons se font de manière mensualisée avec des versements. Le procédé est à différencier de la traditionnelle quête qui a lieu à chaque messe.

L’argent récolté dans le cadre du denier de l’Église sert à payer les prêtres et les permanents de l’Église, pour chaque diocèse (grossièrement équivalent à chaque département). D’où l’importance de ce procédé. « La baisse est le gros souci de ces dernières années, on sent que les dons diminuent. On n’a pas mal de prêtres qui sont au travail. Moi je suis retraité donc je suis considéré comme bénévole », explique Raymond Billoudet, le curé du groupement paroissial de Chalamont.

Selon lui, cette baisse s’explique notamment par la diminution des richesses des familles. Il pense aussi que « ce n’est pas un scoop mais les dernières affaires qui entourent l’Église n’ont pas arrangé les choses ». Pour remédier au problème, sa stratégie est de parler simplement du denier de l’Église sans en venir à le quémander.

Au groupement paroissial de Pont-de-Vaux, le son de cloche est identique sur cette baisse. « C’est en chute libre. Je pense que le Covid-19 y est pour quelque chose. Il reste les gens qui donnent tous les mois pour compenser par rapport aux deux dernières années difficile », détaille Aline, bénévole sur tous les fronts au groupement. Les donateurs sont là aussi moins nombreux. Elle ajoute que « dans notre paroisse, notre curé a démissionné en janvier, ça a créé quelques petits soucis. Je pense aussi que la religion a moins d’importance dans le quotidien des Français ». Le problème du « renouvellement » des donneurs est aussi avancé, la proportion des jeunes donneurs dans l’assemblée dominicale est minime. « On ne sait pas enrayer cette descente, on ne sait pas comment engager des gens sur cette voie. »

Pour contrebalancer, le curé du groupement paroissial de Pont-d’Ain Adrien Diakiodi explique que malgré les perturbations engendrées par la crise sanitaire ou le vieillissement des chrétiens, « la situation est tout à fait normale, on ne s’en inquiète pas ». Du côté de l’évêché du diocèse de Belley-Ars, on essaye aussi de se montrer un peu rassurant. : « Dans la dynamique actuelle, le denier est un peu plus stable malgré une légère baisse. » Cependant, l’organisation ne nie pas que le vieillissement des donateurs peut être un problème, tout en mettant en avant une constatation de la baisse du nombre des personnes dans les églises.

Moins de donateurs mais les chiffres démontrent une générosité plus importante

À hauteur de 1 928 400 € en 2019 et de 1 921 725 € en 2020, le total du denier de l’Église dans le diocèse de Belley-Ars est en chute libre, il est à hauteur de 1 748 549 €. Cette baisse de 9 % peut s’expliquer en partie par le nombre donateur qui suit la même dynamique dans l’Ain. Le nombre de donateur appartenant à une paroisse et n’y appartenant pas était de 7 396 en 2020 pour descendre jusqu’à 6 277 en 2021, soit une baisse de 1 119 donateurs. Sur le bulletin officiel du diocèse de Belley-Ars, on s’inquiète de cette tendance.

Un don moyen de 279 € en 2021

« En 1996, il y avait plus de 21 000 donateurs. Au rythme actuel, si nous ne parvenons pas à inverser durablement la tendance, il n’y aura plus de donateurs pour notre diocèse en 2027. »

À noter que le groupement paroissial de Cessy Divonne Gex est celui qui a obtenu le denier de l’Église le plus important de l’Ain en 2021, avec un montant de 179 131 €. Suit ensuite le groupement paroissial de Bourg-en-Bresse (118 909 € récoltés en 2021), celui de Ferney-Voltaire (97 507 € récoltés en 2021) et de Miribel (81 616 € récoltés en 2021).

Malgré ces phénomènes, les dons effectués sont de plus en plus importants, témoignant d’une générosité importante des Aindinois. En 2021, ils étaient de 279 € en moyenne, contre 261 € en 2020 et 224 € en 2019. Cette hausse de 55 € entre 2019 et 2021 se ressent directement du côté de l’évêché du diocèse de Belley-Ars. « Face à la baisse du nombre donateurs, on a une générosité de leur part qui est de plus en plus grande dans le département. »

Guillaume RESIN

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