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Electeurs du dimanche, cocus le lundi
par baudelairec2000 2022-04-09 00:21:32
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Il y en a encore, des démocrates-crétins, pour croire que leur vote dans le cadre de la démocratie moderne changera quelque chose à l'issue du scrutin !


Parce qu'ils pensent que la démocratie est une réalité qui leur est accessible, à portée de la main. Peut-être ignorent-ils que la démocratie est un système applicable à des entités politiques à taille humaine: une cité comme Athènes, des villes italiennes ou les cantons suisses ... Notre démocratie française comme ses semblables ne permet pas une représentation directe mais suppose, au bout de la chaîne, des intermédiaires qui ont vite fait de se muer en oligarques. Les 5 ans qui viennent de s'écouler nous prouvent en effet que sous couvert de protection - sanitaire - de la population, un président a pu se comporter en tyran entouré d'une clique d'oligarques et conseillé par des cabinets peu soucieux de santé publique et encore moins préoccupés par le bien commun.

Dites, les défenseurs du système - car le temps d'une élection vous devenez les thuriféraires de la démocrassie: les régimes issus de la Révolution française, en un peu plus de deux siècles, ont-ils contribué à faire progresser notre pays? Ont-ils sinon rendu nos concitoyens plus vertueux, du moins contribué à les dissuader de faire le mal? J'attends votre bilan, un bilan positif évidemment.

L'auteur de "Tu ne voteras point" me plait; et je comprends que les ralliés de la dernière heure, ceux qui se manifestent régulièrement à chaque présidentielle pour préconiser le vote utile et entonner l'hymne du moindre mal donnent encore de la voix sur le Forum. L'enthousiasme manifesté par les tradis pour le candidat Zemmour est à cet égard révélateur de la cécité politique de mes corréligionnaires. On nous a fait le coup en 1974 avec Giscard: il fallait voter contre le candidat socialiste et ses alliés communistes. Résultat: on a eu, dès la première année du septennat, la mère Veil et sa loi autorisant l'avortement. En 81, il fallait empêcher les chars russes de franchir le rideau de fer. J'en passe et des meilleures. Les Français sont-ils devenus plus vertueux sous la Ve République? Le sont-ils devenus du fait du Ralliement? Sommes-nous catholiques attachés à une vénérable liturgie, soucieux d'obéir aux commandements de Dieu et de l'Eglise et préoccupés de nos progrès tant sur le plan moral que spirituel, sommes-nous de meilleurs enfants de Dieu? Il ne faut pas se cacher que le système, en termes d'instruments de perversion, n'est pas à court d'idées. Si on peut me prouver que ce pouvoir et, bien sûr, ceux qui l'ont précédé depuis plus de deux siècles, vont dans le bon sens, c'est-à-dire qu'ils oeuvrent en vue du bien commun, je consentirai à revoir ma position sur la démocratie moderne.

Olivier Rouot, l'auteur d'un ouvrage que je n'ai pas lu, développe une idée intéressante au plus haut point:

- la question du moindre mal

" Par ailleurs, votre question fait allusion à la notion de moindre mal. Citons ici le fameux Père Barbier (1851-1925): « Mais entre deux choix formellement mauvais, le moins mauvais reste mauvais. Et nous n’arrivons pas à concevoir comment on peut ne pas considérer comme un acte mauvais en soi celui de conférer par son vote la puissance législative à un ennemi juré de Dieu, de l’Église et de la société. En voyant que ces notions sont devenues si confuses même chez les plus éclairés des catholiques français quand il s’agit du devoir politique, on conviendra qu’ils n’ont pas besoin d’excitation aux accommodements, mais plutôt d’un certain retour vers l’intégrisme ».

Et voilà !… Cette notion du « moindre mal », qui très souvent avancée, n’est absolument pas catholique ! Elle ne doit pas s’appliquer ! Elle a toujours été condamnée par l’Église ! Un mal est un mal, et sa comparaison avec un autre ne peut pas en faire un bien ! Il y a une confusion avec une autre notion, catholique celle-ci, qui consiste à opérer un choix entre un bien et un bien moindre. On a le droit de choisir l’accomplissement d’un bien moindre ; mais il est impossible de choisir de produire un mal ! Mais si l’on recherche des citations plus modernes et moins ecclésiastiques, il est opportun de citer ici Hannah Arendt (1906-1975), philosophe, politologue et journaliste, qui l’énonçait très bien elle aussi : « Politiquement, la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal ». Il est d’ailleurs très affligeant que ce problème soit si mal compris."

Il n'est pourtant pas compliqué de comprendre qu'un mal, serait-il moindre, reste un mal ... Rien à ajouter. Mais je ne doute pas un seul instant que le professeur Perrin saura trouver un argument pour s'opposer au point de vue de M. Rouot et ainsi légitimer un vote des catholiques en faveur de tel ou tel candidat.

Autre sujet abordé: celui du Ralliement. C'est peut-être le point faible de l'entretien. Il existe de nombreux ouvrages sur le Ralliement. Un des plus satisfaisants, sinon le plus stimulant, est celui écrit par Martin Dumont, Le Saint-Siège et l'organisation politique des catholiques français aux lendemains du Ralliement 1890-1902 (Honoré Champion, 2012).

Qu'apprend-on de nouveau en lisant cette mine d'informations?

1/ Que Léon XIII cherche à se faire des autorités françaises un allié contre les envahisseurs italiens des Etats pontificaux - ce qui explique qu'il ne préconise pas la même politique en France et en Italie ? On le savait déjà.

2/ Qu'il incite non seulement les Catholiques à reconnaître et à accepter la République mais également à s'investir dans la vie politique de leur pays ? On ne le savait que trop.

Non l'intérêt du livre réside ailleurs. Léon XIII, le titre du livre parle de lui-même, tient à encadrer, diriger depuis Rome, à travers des relais, l'action politique des catholiques français.

Ses relais se nomment Rampolla, le Secrétaire d'Etat de Léon XIII, francophile parce qu'ennemi de la Maison de Savoie; Le cardinal Ferrata, le nonce apostolique à Paris qui avait tissé des liens avec certains républicains dont Alexandre Ribot, un temps minsitre des Affaires étrangères. Précisons que Ferrata fut avant sa nonciature secrétaire de la Sacrée Congrégation des Affaires Ecclésiastiques Extraordinaires. L'occasion pour M. Dumont de souligner à quel point l'appareil d'Etat romain ou la garde rapprochée du souverain pontife fut constamment sollicitée pour mettre en oeuvre les directives pontificales.

C'est que Léon XIII s'implique directement dans les affaires politiques françaises et trop souvent de manière maladroite, comme dans l'envoi de "missi dominici"en 1897 pour enquêter sur la situation de la France. Deux religieux sont choisis pour visiter les évêques français et les communautés religieuses pour s'assurer de leur zèle en faveur de sa politique française, pour les persuader de faire disparaître toute trace de dissension et pour faire naître une union entre tous les homme honnêtes, une union capable de conjurer le mal à l'oeuvre dans ce pays. A quelques mois des législatives de 1898, le gouvernement français et la Chambre s'offusqueront de cette intrusion ultramontaine dans les affaires politiques françaises.

Mentionnons encore le nom du cardinal de Lavigerie, auteur du fameux toast d'Alger, qui critique Keller et Chesnelong, membres importants du Comité de Défense religieuse; critique relayée auprès de Rampolla par le nouveau nonce apostolique à Paris, Ferrata

" On peut constater que ledit Comité n'inspire réellement pas de beaucoup de confiance, parce que les vingt personnages qui le composent, bien que respectables sous tous rapports, sont presque tous des anciens soutiens et chefs des deux partis monarchistes français." En réalité, ce qu'on reproche à ce comité, c'est sa neutralité, c'est-à-dire son manque d'enthousiasme pour la forme existante du pouvoir en France. Albert de Mun fera aussi les frais de cette politique léonienne.

C'est là une spécificité de la politique française de Léon XIII: écarter tout ce qu'il peut y avoir d'hommes catholiques, actifs et talentueux, au profit de républicains, certes modérés mais pas spécialement catholiques. Ainsi Léon XIII, pour prendre la tête des catholiques, mise-t-il tour à tour sur des bonne volontés, mais en réalité des tocards, du nom de Jacques Piou ou Etienne Lamy. Ces hommes déjà bien installés sur l'échiquier politique, mais avec un charisme inférieur à celui des radicaux, ont comme avantage d'être présentables aux yeux du gouvernement français. Il y a belle lurette qu'ils sont ralliés. Ils ne risquent pas de remettre en cause la légitimité du régime républicain, c'est à peine s'ils combattent sa législation. Lamy déclare en 1892:

"Vous cesserez de vous indigner en cessant de confondre la république et les hommes qui aujourd'hui la représentent. "

Toujours cette distinction entre le régime et la législation. Il suffirait donc de changer les hommes pour changer le régime, remplacer les hommes hostiles à l'Eglise par des catholiques ou des libéraux...

En la circonstance, on réalise à quel point Rome a cherché davantage le concours de Républicains, en les "drivant", que celui des catholiques, surtout s'ils étaient de sensibilité monarchiste. Piou, tout comme Lamy, se rendront à plusieurs reprises à Rome pour, sinon rendre des comptes, du moins recevoir le détail de leur mission. Le pape et ses collaborateurs directs misaient ainsi sur de mauvais chevaux, outre le fait de s'appuyer sur de mauvais principes. On juge un arbre à ses fruits: les élections de 1893, 1898 et 1902 furent un échec pour la politique pontificale. Rome ne comprenait pas que l'acceptation de la République comportait un risque : le risque de se faire botter le train arrière par le suffrage universel.





     

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