Il y a aussi la Tradition et ses théologiens, outre la hiérarchie de l'Eglise. Je vous ai déjà cité St Thomas (qui n'est ni hors-sujet ni légaliste dans sa Somme Théologique mais purement rationnel) qui explique pourquoi le secret est inviolable. Mais c'est l'avis de tous les théologiens depuis les premières communautés chrétiennes.
L'argument est toujours le même, et le Cal Piacenza de la Pénitencerie Apostolique l'énonce ainsi :
Toute information donnée en confession est “scellée” parce qu’elle est faite à Dieu seul, elle n’est donc pas disponible pour le prêtre confesseur
Le pénitent, dans l'intimité de l'âme, ouvre son coeur à Dieu, non pas au prêtre mais par l'intermédiaire de l'oreille du prêtre. Il reçoit l'absolution de Dieu, pas du prêtre mais via la main du prêtre. C'est pour cela que St Thomas va jusqu'à dire qu'un prêtre pourrait jurer devant les tribunaux civils qu'il ne sait rien. Et St Augustin :
Ce que j’ai appris dans le secret de la confession, je le sais moins que si je ne l’avais jamais appris
C'est d'ailleurs parfois lourd à porter pour un confesseur, qui bien entendu pensera aux victimes et ne pourra pas les aider, du moins pas en trahissant le secret.
Il ne s'agit pas de légalisme ou de loi, mais de la nature même du sacrement. Il ne s'agit pas de juridisme, mais de théologie sacramentaire.
Enfin, l'argument de Roger n'est pas seulement terre à terre : plus aucun criminel ne se confessera, et l'occasion de l'amener au repentir, de lui faire voir la gravité de ses fautes, et d'éventuellement l'amener à se dénoncer ou à réparer sera perdue. C'est vouer les criminels à l'enfer. Charité ?
Une mitigation du secret de la confession, si tant est que l'Eglise puisse modifier la nature du sacrement (nego - l'Eglise n'est pas maîtresse des sacrements), n'aurait pas pour effet de "redonner confiance en l'Eglise", comme vous dites, mais au contraire de faire perdre aux catholiques confiance en l'Eglise. De sorte que, comme le dit le frère Thomas Michelet, dominicain enseignant la théologie sacramentaire à l'Angelicum, remettre en cause le secret de la Confession
’est donc une fausse bonne idée qui n’aurait pour résultat que de détruire la confession, et ainsi détruire l’Église catholique. C’est peut-être d’ailleurs le but inavoué.
Il faut rester ferme, et ne pas se laisser enfermer dans l'agitation médiatique autour du rapport de la CIASE (qui n'est pas du tout experte en théologie sacramentaire). Oui, l'Eglise doit agir et faire cesser ce drame. Mais certaiement pas en remettant en cause la nature même de ses sacrements.
Cordialement
Meneau
PS : je suis père de famille aussi !