à leur décharge couvrent parfois l'espace... d'un diocèse, potentiellement !
Un curé qui a dix villages, et même 65 comme un ami, ne peut connaître tout le monde, à commencer par les maires. Mon ami fait tous les enterrements et visitent les familles, imaginez ceux qui délèguent à des laïcs...
Un prêtre tradi, même en ville, peut attirer dans sa chapelle ou son église des gens venant d'un rayon important de km. Et tout le monde ne vient pas systématiquement en ce lieu, chaque dimanche. Comme il faut rendre grâce après la messe, beaucoup de gens sont dans les bancs et le prêtre rejoint sa sacristie. D'autres vont tout de même sous les cloches ou le parvis, quand parvis il y a.
Les prêtres refusent parfois des invitations, et ce n'est pas lié à la forme du rite. Il y a les timides, ceux qui préfèrent être tranquilles, ceux qui redoutent une famille (ce qui n'est pas bien...). Il m'est arrivé de demander à toute fin utile à un prêtre tradi à la fin de la messe s'il allait quelque part le jour de Pâques. Personne n'avait pensé à lui ! Il est venu sans façon. J'avais des invités pas nécessairement chrétiens... Tel autre prêtre (bi-ritualiste), que j'ai appelé un 31 décembre à 19 h, m'avoua, après ma question, qu'il était... seul. J'ai pensé qu'il l'avait choisi. Eh bien non. Il est arrivé à 20 h pour notre plus grande joie. Un prêtre n'est pas tenu de faire tout le temps une mine de carême et de ne fêter que les fêtes sacro-saintes... La vie de famille et l'amitié sont aussi importants. L'abbé Allard parlait de cette amitié si précieuse.
Un évêque de l'Est raconte que lorsqu'il était curé, il laissait sa voiture ouverte pendant la messe. Des dames, âgées et de la campagne, laissaient souvent tarte, confiture, vin et plats à l'arrière de la voiture. J'ai aussi connu le panier du curé, dans le même genre. Ce sont des moeurs hélas en voie d'extinction, surtout à la campagne.
Si un prêtre ne veut pas aller manger dans une maison au ménage un peu douteux et préfère la moquette épaisse dans des familles à pedigree, je le plains et il pourra toujours parler des pauvres...
Si votre belle-mère a besoin de voir un prêtre, qu'elle n'hésite pas à joindre le prêtre par mail, ou par téléphone. Il viendra pour un café ou donner le Seigneur. Les prêtres tradis sont, je dirais, systématiquement attachés à se déplacer jusque dans les hôpitaux et à se démener. Ils n'hésitent pas à faire des centaines de km pour un mariage, les derniers sacrements, un enterrement... et même dire la messe.
J'ai compris que les mariages dans des lieux de vacances sont devenus pour ainsi dire impossibles à cause du méchant TC. Les FSSPX sont plus libres, du moment que l'évêque aussi leur fait des facilités à des degrés divers pour la reconnaissance des mariages.
Des prêtres NOM sont aussi très dévoués, nuit et jour. Mais pour certains, le soin des âmes la nuit et le jour peut se déléguer à des dames aumônières...
Le modèle, hélas, du curé à la tête de quelques villages qu'il connaît depuis des décennies est mort. Je le regrette. Il paraît même qu'il n'est pas souhaitable qu'un curé s'installe trop longtemps. Qu'on en fasse autant avec les évêques avec des mandats de 3, 6 et 9 ans, on verra l'efficacité. On dirait, avec ces mandats, des fonctionnaires de Dieu, comme disait un théologien allemand déjà oublié mais qui eut son heure de gloire, y compris dans La Croix.
J'ai connu de saints curés qui étaient dans leur presbytère pendant 40 et même près de 60 ans (l'oncle d'André Isoir, en soutane, tout près de Colombey-les-deux-Eglises). Ils n'ont pas cherché à faire carrière.
Certains prêtres, NOM ou VOM, ont pu manger un jour de Noël dans leur voiture, entre deux messes. Ce n'est pas sain, mais j'ai admiré. Dans certains diocèses, le prêtre VOM dit une messe à 8 h ici, à 10 h 30 à 40 km puis à 17 h à l'autre bout du diocèse. Je connais des fainéants de 40 ans, très modernes, qui se contentent d'une messe à 10 h 30. Les deux ont le lundi pour se reposer pourtant...