Aujourd'hui tout le monde ou presque bénéficie d'un jour férié et, à quelques exceptions près, tout le monde se moque pontificalement de ce jour. Il n'y a pour ainsi dire plus de messe des anciens combattants, faute de combattants et de prêtres, plus la laïcité ambiante... Les jeunes générations s'en contrefichent, aussi bien que ceux que je vois courir en ce moment, aller acheter leur pain.

Il n'y a rien au monument aux morts de mon bourg et entendre d'un maire macrophile un mot ministériel creux sur la construction européenne et la tolérance ne m'a jamais convenu. Je ne fredonne la Marseillaise qu'en présence d'ennemis de la France... Et je suis moins laxiste que les gens de Civavitas qui ornent un drapeau tricolore d'un Sacré-Coeur... Il faudra leur expliquer la genèse de ce drapeau dans des marres de sang, à peine racheté depuis. La Belgique est née grâce à Louis-Philippe, c'est normal...

Je ne peux pas dire que j'honorerai de quelque manière que ce soit ce 11 novembre. Des personnes proches de l'armée pensent que la société aime et connaît l'armée. Je suis toujours stupéfait de cet aveuglement. La société se f... de l'armée, des militaires (je ne parle pas des gendarmes...), des anciennes gloires immortelles de nos aïeux. L'ambiance est clairement antimilitariste (j'ai connu des militaires abrutis, dont un général catholique avec un nom à rallonge qui était parti avec moi au jubilé militaire à Rome en 2000, son colonel était un alcoolique notoire, les adjudants n'étaient pas tous des foudres de guerre et regardaient le tennis sur internet commençant à leur bureau...). On peut avoir aussi des voisins militaires qui n'ont aucune espèce de référence patriotique. Ils sont militaires parce qu'on les a recrutés à la sortie d'études très modestes. Point.

Mon second curé d'enfance refusait de dire les messes pour les anciens combattants. Il leur envoyait l'Algérie dans les dents, notamment. Deux ou trois fois, les anciens sont allés à la paroisse voisine. Mais comme leur salle de repas était loin, ils sont passés à la réunion et au repas, sans messe. Après tout ! Ce prêtre refusait aussi que les drapeaux entrent en choeur, or j'ai toujours vu des drapeaux s'incliner à l'Elévation, ce qui avait un sens. Aujourd'hui, je crains que cela soit mort...
Ces porte-drapeaux restaient debout tant que le prêtre n'avait pas fermé le tabernacle, sans être eux-mêmes nécessairement croyants. Et la chorale locale soignait les choses.

L'Eglise dans sa pratique réduit la voilure chaque année et l'a fait depuis les années 70-80. Elle forme des chrétiens intellectuels et adultes ! Moins de chrétiens, mais mieux formés (dixit Mgr Taverdet et combien d'autres cathares ou admirateurs des initiations maçonniques !). Quand un prêtre et même les laïcs n'accompagnent plus le cercueil au cimetière, les pompes funèbres savent combler le vide. Idem avec l'abandon des porteurs du cercueil qui étaient autrefois un honneur et un soin demandé par le futur défunt. Quand je vois un cercueil de prêtres porté par des civils salariés de la boutique, cela m'afflige. L'Eglise a abandonné le glas pour les morts (or cela avait un sens et meublait l'espace sonore comme on dit), le carnaval des enfants avant Pâques et les crécelles (pratique qui n'avait de sens qu'en raison du silence des cloches qui continuent de sonner les jeudi, vendredi et samedi saints !). Les gens des villes ne peuvent pas comprendre...
Le curé susdit refusait aussi de bénir le buis aux rameaux, car il se souvenait de son enfance où des pies comptaient le nombre de brin sur les tombes dans la semaine qui suivait. Mais quel idiot ! Les gens ont abandonné cette pratique sans protester. D'autres ont déposé leur buis, sans être béni !
On était chez les marteaux et on en est guère sorti.

L'indifférence et l'abandon. L'enfouissement patriotique et catholique.

Il en est ainsi de toutes les fêtes catholiques chômées depuis déjà quelques décennies, et cela est de pire en pire à mon échelle d'observation. Des penseurs et écrivains comme JM Rouart pensent que l'islam entre dans la société comme dans du beurre, faute de présence catholique. Je ne le pense pas. On pourrait avoir des millions de scouts de France et de militants du Secours catholique, ils ne seraient aucunement un rempart. La démographie ne dit rien à ceux qui ne voient pas...

Les gens chôment le 15 août sans trop savoir ce que c'est. Et rien n'indique, par les flux de fidèles par exemple, qu'il y a quelque chose qui autrefois structurait la société.

Le catholicisme est une minuscule île de l'archipel, avec des évêques qui parlent d'eux comme d'une "communauté", passée sous le seuil (G. Cuchet) des 5 % de pratiquants réguliers (soit le seuil au-dessous duquel cette religion ne peut plus influencer d'aucune manière un pays). G. Cuchet situe même la pratique musulmane au-dessus, même si le vendredi n'est pas tout. Disons, l'observance. Et dans la minuscule île, il y a d'autres chapelles encore plus minuscules. L'illusion des églises pleines quand une seule messe rassemble dix ou trente villages, ou un diocèse entier pour la messe traditionnelle...

Le dimanche matin, on tond, on fait ses courses, le jeune paysan du coin fait ses labours, on va à la zone commerciale, etc. Je conviens que le dimanche après-midi je ne cherche pas d'hypothétiques vêpres (qui n'existent pas, je crois d'ailleurs, sauf dans des monastères) à 40 km de chez moi, je lis autre chose que les textes de Vigano ou du cardinal Sarah, je ne marche pas en récitant le rosaire...

Pour certains tondeurs du dimanche qui auraient le temps de le faire la veille, on met ses gosses dans le privé catholique, car on espère que cette école va relever le niveau affligeant de ses enfants et les protéger d'autres, pas du tout intéressants et structurés.

Quand l'évêque d'Orléans défile (et non pas processionne !) noyé au milieu des judokas et des universitaires lors des fêtes johanniques, il est en soutane (très drôle, chacun met son costume traditionnel pour la fiesta), accompagné d'un ou deux évêques, et en général moins de dix prêtres. On voit alors la force du clergé diocésain et son attachement à cette fête qui n'a pas souvent souffert d'interruption depuis la fin du XVe s. Je crois savoir que l'évêque actuel a supprimé une prière à la Vierge quand il traversait le pont le 1er mai, entouré de centaines de scouts d'Europe et de SUF (et peut-être quinze scouts de France...).
Mardi, le chef de file EELV a reproché au nouveau président de la métropole (et maire d'Orléans, droite, non pratiquant) d'approuver ses élus quand ils viennent à la messe du 8 mai dans la cathédrale et de communier avec leur écharpe (et même de communier, tout court, est le fond de sa "pensée"). Le sénateur socialiste soi-disant catholique est aussi au premier rang et a fait un cirque inouï pour virer le comte de Paris du premier rang l'an dernier. Ancien maire et ancien président de la commission des lois sous Hollande, auteur d'une proposition de loi pour faire des salles de funérailles omnicultes, pétitionnaire pour Témoignage chrétien etc.

Bref, tout le monde se f... de tout. Et le peu que l'Eglise pourrait maintenir, n'est pas fait. Obsèques, glas pour les morts, parfois la messe n'est même plus sonnée ou alors deux minutes avant le début, carnaval et crécelles, messe du 11 novembre (ne me sortez pas que tel prêtre le fait, je le sais !) et du 8 mai (pour ceux qui supportent la défaite de l'Allemagne et même si ce jour n'était pas la tasse de thé du Général...).
Tiens ! Il fut un temps où les compagnons de la Libération avaient une messe à Colombey pour le 9 novembre.
La chorale qui assurait les chants (tous traditionnalistes et la plupart en latin) était dirigée par le chanoine Bernard Chabod, dernier confesseur du Général (et qui tenait l'harmonium à ses funérailles), bienfaiteur de Fontgombault, très proche de la Tradition et saqué pour cela (démis de sa cure de Joinville dans les années 70 pour n'avoir pas changé de catéchisme, a installé la FSSPX à Joinville).
Et puis le chanoine est mort.
Et puis le dernier curé, l'abbé Lambert, est parti en retraite sans être remplacé.
Et puis le vicaire général a fini par ne plus dire cette messe.
Et puis les compagnons sont morts et malgré les gaullistes qui s'y rendaient, le diocèse a dit un beau jour : trouvez un prêtre, le diocèse ne peut plus.
Et donc ? Plus de messe, mais des élus qui défilent au cimetière pour la photo.

Je précise aux grincheux que je connais très bien un prêtre qui dit une messe pour le repos d'un Maréchal, dans son île. Je dis cela, je ne dis rien.
Je connais bien des prêtres, pas du tout royalistes, qui disent des messes pour le comte de Chambord. Essayez, demandez.

Ce que vous ferez ce jour en relation avec la fête chômée, est exactement ce que 99 % des Français et étrangers font du dimanche ou du 15 août. Pardonnez si vous en étiez déjà conscients.

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