Mon objectif n'est pas de donner la leçon à ces supérieurs. Je ne suis ni prêtre, ni supérieur. Je ne sais pas non plus quels étaient les avis qui ont abouti à ce texte qui a forcément dû être débattu. Par ailleurs, la situation est difficile pour tous ces prêtres dont l'avenir s'assombrit inexorablement.
Mais il y a un point qui paraît tout de même sonner faux dans ce texte et qui ne peut guère duper les prélats de curie, c'est l'adhésion sans grande nuance au concile Vatican II. Sans doute les milieux Ecclesia Dei n'ont jamais parlé de véritable Eglise. Mais, à Rome, les partisans des réformes savent bien que, dans l'ancien monde Ecclesia Dei, il n'y a guère de défenseur des réunions d'Assise. Il ne s'y trouve aucun partisan de ce que l'on appelle l'esprit du Concile. On y cherchera en vain les promoteurs de Nostra Aetate. Tout au plus y trouvera-t-on un ou deux théologiens embarrassés pour justifier à tout prix Dignitatis Humanae, comme on emboîte des tuyaux ronds avec des tuyaux carrés. On peut même affirmer que toute leur pastorale, qui conquiert peu à peu les esprits, sonne comme un désaveu pour le Concile. Cette simple réalité, qu'on le veuille ou non, provoque le désarroi des réformateurs.
Devant la confrontation qui semble pointer le bout de son nez, s'il est compréhensible que ces sociétés religieuses cherchent à jouer la carte de l'apaisement - et c'est louable - je ne suis pas certain que l'on puisse faire très longtemps l'économie de la désignation du fond du problème. Cela ne veut pas dire que la critique du Concile constitue le passage obligé et convenu pour tout traditionaliste qui se respecte. Néanmoins, les faits manifestent clairement que, au sein de cette assemblée, a germé le relativisme qui a fait tant de ravages depuis plusieurs décennies.
Dans le présent texte, les supérieurs de communautés traditionnelles régularisées affirment avec raison que toutes les vocations de ceux qui se sont engagés dans leurs rangs l'ont fait avec l'assurance, donnée par le Saint-Siège, qu'elles conserveraient le missel traditionnel, dans toute sa pureté et même dans son exclusivité.
Mais ces vies ont, pour beaucoup, été également données, et il faut l'affirmer, parce que le Saint-Siège leur assurait la possibilité d'apporter de sérieuses objections aux points de doctrines hasardeux. Le protocole d'accords de 1988 qu'invoque la Fraternité Saint-Pierre parlait déjà "des points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui paraissent difficilement conciliables avec la Tradition". L'Institut du Bon Pasteur se flattait par ailleurs de bénéficier d'une "critique constructive" du Concile Vatican II. Ces éléments doivent être rappelés car ils ont été reconnus par les papes précédents et il ne faudrait pas les passer sous silence. Il ne serait d'ailleurs pas difficile de relever l'un des propos du pontife régnant, encourageant à la correction fraternelle.
En 1988, il n'y avait pas d'Onfray ni de Zemmour. Aujourd'hui, ces penseurs sont actuellement en train de mettre à mal en profondeur, en des termes bien directs, le Concile et ses réformes. C'est sans doute ce qui crée un véritable émoi dans les rangs post-conciliaires. Dans la France catholique, même pour les esprits les plus épris de Vatican II, l'évidence que le Concile fut un cuisant échec est en train de s'affirmer. Ménager ce problème paraît un peu anachronique, même si la présente persécution l'est tout autant.
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