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Il n'appartient pas au pouvoir discrétionnaire du pape d'abolir le rite traditionnel
par Chicoutimi 2021-07-28 05:52:57
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Voici quelques passages du livre ''La réforme liturgique en question'' de Mgr Klaus Gamber qui sont à méditer:

''(...) Pourtant, à peine trois ans plus tard, le pape Paul VI surprenait l'univers catholique en publiant un nouvel ordo missæ portant la date du 6 avril 1969. Alors que la révision de 1965 avait laissé intact le rite traditionnel, se contentant surtout, conformément à l'article 50 de la Constitution liturgique, d'écarter de l'ordo de la messe quelques ajouts tardifs, on créait avec l'ordo de 1969 un nouveau rite.

Ainsi, l'ordo existant jusqu'ici n'avait pas été révisé dans le sens où l'entendait le Concile, mais il se trouvait entièrement aboli et même, quelques années plus tard, expressément interdit. Il résulte de tout cela qu'on peut se poser la question : un remodelage aussi radical se maintient-il encore dans le cadre de la tradition de l'Église? Il ne suffit pas que quelques parties du missel antérieur aient été conservées dans le nouveau, comme nous l'avons vu au début, pour parler d'une continuité du rite romain, même si l'on essaie sans cesse d'en apporter la preuve.

On pourrait, semble-t-il, faire découler le droit du pape d'introduire de son propre chef, c'est-à-dire sans décision d'un concile, un nouveau rite, de son pouvoir "plénier et suprême" (plena et suprema potestas) dans l'Église, dont parle le Concile Vatican I, et dans des domaines «qui touchent à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier» [quæ ad disciplinam et regimen Ecclesiæ per totum orbem diffusæ pertinent (Denzinger S. 3064)]. Mais disciplina ne peut en aucun cas être utilisé pour le rite de la messe, d'autant plus que plusieurs papes n'ont cessé de souligner que ce rite remontait à la tradition apostolique. Ne serait-ce que pour cette raison, il ne peut relever de la «discipline et du gouvernement de l'Église». À cela s'ajoute que pas un seul document, pas même le Codex iuris canonici, n'a déclaré expressément que le pape, en tant que pasteur suprême de l'Église, avait le droit d'abolir le rite traditionnel. Il n'est même nulle part question d'un droit à modifier des coutumes liturgiques particulières. Ce silence est, dans le cas présent, lourd de signification.

Des limites ont été clairement posées à la plena et suprema potestas du pape. C'est ainsi qu'il est indiscutable que, pour les questions dogmatiques, ce dernier doit s'en tenir à la tradition de l'Église universelle et donc, comme le dit saint Vincent de Lérins, à ce qui a été cru toujours, partout et par tous [quod semper, quod ubique, quod ab omnibus]. Plusieurs auteurs avancent expressément qu'en conséquence il n'appartient pas au pouvoir discrétionnaire du pape d'abolir le rite traditionnel.

Ainsi, le célèbre théologien Suarez († 1617), se réclamant d'auteurs plus anciens comme Cajetan († 1534), pense que le pape serait schismatique «s'il ne voulait pas - comme il est de son devoir - maintenir l'unité et le lien avec le corps tout entier de l'Église, par exemple s'il essayait d'excommunier l'Église tout entière ou s'il voulait modifier tous les rites confirmés par la tradition apostolique» [SUAREZ, Tract. de Charitate, Disput.12,1: «Et hoc secundo modo posset Papa esse schismaticus, si nollet tenere cum Loto Ecclesiæ corpore unionem et coniunctionem quam debet, ut si tentat et totam Ecclesiam excommunicare, aut si vellet omnes ecclesiasticas cœremonias apostolica traditione firmatas evertere.»]

À qui n'accorderait que peu de poids à cette affirmation de Suarez, signalons un argument qui pourrait être encore de plus grande importance quant au droit qu'ont les papes à disposer des rites hérités de la tradition: le fait rappelé plus haut que, jusqu'à Paul VI, aucun pape n'a entrepris une modification aussi étendue des formes liturgiques que celle à laquelle nous avons assisté ; on n'acceptait pas sans plus des innovations même minimes dans un rite. (...)''

Source: Mgr Klaus Gamber, La réforme liturgique en question (avec préfaces des Cardinaux Oddi, Stickler et Ratzinger), Éditions Sainte-Madeleine, 1992, pages 36-38.

D'autres éléments de ce livre ont été transcrits sur ce FC ICI

     

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 Il n'appartient pas au pouvoir discrétionnaire du pape d'abolir le rite traditi [...] par Chicoutimi  (2021-07-28 05:52:57)
      La ''solution'' des deux formes selon Mgr Gamber... par Chicoutimi  (2021-07-28 06:55:52)
      Merci pour ces rappels par Jean-Paul PARFU  (2021-07-28 09:05:28)
          Merveilleux nous sommes d'accord par Eonix  (2021-07-28 10:00:43)
              On vous a déjà répondu par Jean-Paul PARFU  (2021-07-28 10:25:08)
                  bon si c'est ainsi par Eonix  (2021-07-28 11:09:45)


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