Cette histoire de Croix de fer montre un triple déphasage :

- le temps qui a passé. On vit toujours politiquement sur les rapports de force issus de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui explique, en partie, la mise en quarantaine du "Rassemblement National", qui, comme l'expliquait encore récemment Christophe Barbier, appartient au camp des vaincus (de la Seconde Guerre mondiale). Cependant, 1944, ça commence à faire loin maintenant ;

- l'incompréhension des motivations de gens comme Touvier. La motivation de Touvier n'était pas l'Allemagne, mais la France du Maréchal Pétain et "la Contre-Révolution", ce qui est incompréhensible pour la nébuleuse gaulliste qui pense que si on n'était pas pour de Gaulle, c'est qu'on était un traitre. Il est clair que Touvier se moquait éperdument de la geste gaullienne et résistancialiste. Je vous rappelle que les Américains ont eu un ambassadeur à Vichy jusqu'en novembre 1942, que Roosevelt ne pouvait pas supporter de Gaulle, lequel n'a pas été prévenu du Débarquement de juin 1944 ;

- l'incompréhension française de l'Allemagne. Pour une certaine France moyenne profonde gaulliste, les Allemands, ce sont les camps, les chiens policiers, les miradors, et un ancien Milicien comme Touvier aurait été un Néo-Nazi qui aurait collectionné des portraits de Hitler, des uniformes, des décorations, des bottes, etc. C'est aussi la raison pour laquelle, beaucoup de Français ne comprennent toujours pas aujourd'hui comment il peut se faire que l'Allemagne, ce pays vaincu et maudit, soit la 1ère puissance en Europe. De leur côté, les Allemands ignorent totalement que nous ne cessons de ressasser toutes ces histoires et sont très surpris quand on leur en parle. En tout état de cause, il s'en moquent et pensent qu'il s'agit de querelles, dans un pays qu'ils ont autrefois vaincus et qui ne s'en est toujours pas remis.

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