un rat des champs ose répondre...
La version du Credo entendue ici et hier à S. Eugène, évoque les souvenirs des débuts de mes services d'orgue dans diverses paroisses de la campagne languedocienne. Nous étions en 1960-61.
La messe du premier ton dite "Royale" d'Henri Dumont était chantée les jours de solennité, en l'absence de chorale polyphonique.
Pour les solennités mineures on chantait assez souvent la messe du VIe ton, tous les dimanches "per annum" c'était la "Messe des Anges", copieusement rythmée et chargée elle aussi de notes sensibles. Pendant Avent et Carème, la messe XVII.
La messe de Lully, la Messe Baptiste ou la Messe-Trompette, ou de Bordeaux étaient encore dans les livres de chant, mais je ne les ai jamais entendues ni accompagnées.
Certaines de ces paroisses avaient ignoré superbement le motu proprio de Pie X et les efforts de Solesmes et autres.
On chantait par tradition - ou par routine- de mémoire, et sans répétitions préalables, l'ordinaire de la messe. Dans quelques lieux le propre, limité à l'Introit, Alleluia et plus rarement la communion, était chanté par le curé lui-même, (les antiennes des vêpres également) les chantres avaient à peu près tous disparu déjà,les chorales pratiquant dans les paroisses le chant grégorien étaient rares...
Le reste du répertoire était des cantiques saint-sulpiciens destinés au Mois de Marie ou aux Patronnages. Le répertoire de l'orgue surtout romantique.
Le Messe du premier ton avait à peu près l'aspect du Credo d'hier, les dames dans la nef alternaient avec les hommes massés à la tribune. Tout était à pleine voix. L'accompagnement par accords détachés note à note requerrait au moins le grand choeur des fonds et parfois plus.
On entendait les notes sensibles, le rythme ternaire très marqué et des notes de passage absentes de la version S. Eugène.
Le chant du Credo me parait avoir été plus lent que celui entendu hier.
Le tout ne manquait pas de grandeur.
Quant à une version authentique, je ne pense pas qu'il y en eut une...et qu'on l'eût jamais chantée dans les paroisses. Dumont aurait composé ses messes pour des religieuses. Elles n'ont pénétré le répertoire des paroisses à mon humble avis qu'au XIXe s. Les organistes des XVIIe et XVIII n'ont rien composé pour elles. On trouve des versets "alternatim" dans le Livre d'orgue d'Alexandre Boëly dont le florès couvre les années 1810 à 1859 date de sa mort.
L'accompagnement du chant proprement dit par l'orgue n'a été généralisé qu'à la fin du XIXe s. Avec la suppression des liturgies diocésaines tardives et diffusion de la liturgie tridentine.
Le chant liturgique proprement dit était resté à capella, l'orgue ayant un role plus liturgique et non ancillaire, il donnait les versets alternativemet avec le choeur.
Donc, à mon sens, la version du Credo que j'ai connue autrefois et celle qui a été -fort bien- restaurée et entendue hier, peuvent représenter un état du plain-chant, tel qu'il était imprimé, édité et pratiqué au XIXe siècle et jusque vers les années 1950-60, sauf les lieux où le chant de l'édition vaticane et les enseignements de Solesmes avaient été mis en pratique vers 1900 et ensuite.
Je me souviens avoir espéré du Concile dans les anées 1962-65 que la liturgie serait débarrassée des cantiques puérils et insignifiants, que plus d'attention serait apportée au chant authentique etc... Hélas, hélas...
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