Citation de J. P. Parfu:
"Je rappelle deux choses :
- au Moyen-Âge, ce sont les métiers, les artisans spécialisés qui ont construit les cathédrales ;
- les juifs, notamment au temps de notre Seigneur Jésus-Christ, tenaient en très haute estime le travail manuel. St Joseph et le Christ lui-même étaient des artisans du bois et St Paul se vante souvent d'être aussi un travailleur manuel fabriquant des tentes !"
Sur le premier point, vous ne prenez pas trop de risques, je dirais même que vous enfoncez une porte ouverte: pour construire de tels édifices, il vallait mieux avoir les compétences exigées ... Disons que ces chantiers ont nécessité le déploiement d'un certain nombre de corps de métier.
Quant au second point, il me semble que vous allez vite en "besogne" (terme que je n'emploie pas au hasard). Que saint Joseph fût artisan ("faber", terme générique latin, ou plus précisément charpentier), c'est ce qui ressort des Evangiles. En revanche, les Evangiles sont muets sur l'activité "laborieuse" du Christ. Pourquoi une telle discrétion ? Un oubli ? Non, tout simplement parce que la mission, que dis-je la dimension, du Sauveur relève de la contemplation. Je ne voudrais pas ici, le temps me manquant, vous rappeler la distinction fondamentale entre action et contemplation, les rôles de Marthe et Marie ... Il suffit de rappeler ce que le jeune Jésus,"assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant", répond à ses parents qui le retrouvent au bout de trois jours de recherche:
"Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux affaires de mon Père ? "
Et Saint Luc de poursuivre:
"Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Et il descendit avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. (Or) Sa mère conservait toutes ces choses dans son cœur. Et Jésus croissait en sagesse, et en âge, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes."
L'Evangéliste ne mentionne pas le fait que le Christ dans sa jeunesse ait pu aider son père nourricier dans son atelier; non pas que cela soit une incongruité, mais tout simplement que la vie cachée comme préparation à la vie publique soit en adéquation avec cette dernière.
Néanmoins, je vous l'accorde, il y a une différence ente Marc et Matthieu: charpentier, fils du charpentier. Un dénominateur commun aux deux évangiles: le Christ, la sagesse même, instruit et accompagne son enseignement de miracles, et ses auditeurs sont dans l'étonnement.
"Et étant venu dans Son pays, Il les instruisait dans leurs synagogues, de sorte qu’ils étaient dans l’admiration et disaient : D’où viennent à Celui-ci cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas là le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-Elle pas Marie ? Et Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas Ses frères ? Et Ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où Lui viennent donc toutes ces choses ? " (Matthieu, XIII, 54-56)
"Etant sorti de là, il alla dans son pays, et ses disciples le suivaient. Le jour du sabbat étant venu, il se mit à enseigner dans la synagogue ; et beaucoup de ceux qui l’entendaient, étonnés de sa doctrine (dans l’admiration), disaient : D’où lui viennent toutes ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et d’où vient que de telles merveilles se font par ses mains ? N’est-ce pas là le charpentier, fils de Marie, frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon ? Et Ses sœurs ne sont-elles pas ici avec nous ?" (Marc, VI, 1-3).
Sur le travail de saint Paul enfin, il faut ajouter que saint Paul, pour éviter d'être une charge pour ses corréligionnaires, accepte par le travail de subvenir seul à ses besoins.
très belles considérations sur le travail de Paul à retouver sur bibliothèque monastique