que ce prêtre qui a toute ma sympathie et mon admiration pour son courage physique, a le courage de dénoncer les évêques autoritaires. Ceux-ci savent manipuler la crosse pour casser un prêtre qui sait à peu près ce qu’il veut dans le sens conservateur, mais laissent faire dans l’autre sens sans aucun courage. On tend la main à une autre religion (qui ne demande rien sinon de conquérir le terrain), mais entre catholiques de différentes tendances, c’est souvent plus raide et dégoûtant.

Monaco va lui changer des rations prises au Mali ou des nuits passées en Afghanistan et au Kosovo...

Parler d'éviction forcera le quidam à en chercher les causes... C'est dangereux...

Je redis donc ici que dans son livre très intéressant réédité en poche sur sa vie d'aumônier chez les paras (et chez d'autres), il fut déjà question de son limogeage par Mgr Le Gal, évêque aux armées. Ce dernier est paraît-il auxiliaire de Lyon en ce moment, mais chacun aura noté sa transparence. L'abbé voulait appliquer le motu proprio qui nous est cher à St-Cyr dont il était rien moins que l'aumônier. Le général, catholique, eut sa peau. C'est proprement dégoûtant et le général a outrepassé ses prérogatives. L’évêque, pour le peu qu’on sache, n’a donc pas voulu un conflit et n’a pas soutenu son subalterne.

Sur son compte tweeter, l'abbé Venard disait fin juillet qu'il quittait le diocèse aux armées (j'ai compris qu'il en était viré, ce qui surprend par la mesure exceptionnelle de la chose ; peut-être est-ce d'un commun accord...). Un échange sur ce compte entre le prêtre et un tiers rappelle qu'il fut au séminaire à Rome en même temps que Mgr de Romanet, et que ce passé commun ne fabrique pas que de l'amitié.

Ceux qui ont lu le livre savent que l'abbé est devenu l'ami de la princesse Caroline, qu'il a fait marraine du 17e RGP (quoi ?! une étrangère doublée d'une princesse !! les valeurs de la république !!!). Le jour des assassinats islamistes de soldats à Montauban, l'abbé était à la caserne et il a assisté les derniers instants de nos compatriotes. Ce sont des pages poignantes. Il note aussi que pour l'enterrement catholique d'Abel Chennouf (celui que le président puis la presse avaient classé parmi les musulmans...), les politiciens n'étaient pas là.

Le livre met du temps à parler des islamistes dans le monde et en France, mais il y parvient... Je le trouve un peu naïf et peu explicite sur les aumôniers musulmans, mais l'abbé sait sans doute qu'il serait lu... Il me semble aussi un peu trop admiratif des cultures afghanes qu'il a pu juger sur pièce. Il ne faudrait pas les juger et les laisser maîtres chez eux. On aimerait qu’il en soit aussi ici quand un afghan débarque.

Il y a comme toujours des erreurs qui prouvent que le livre n'a pas été relu sérieusement. Mgr Lefebvre est dit avoir été supérieur des Spiritains puis archevêque de Dakar. Rien sur le vicariat apostolique. Il dit que St-Nicolas "a été" occupé. La France aiderait le Mali et l'Afghanistan qui sont des pays souverains (les bras m'en tombent, déjà que la France n'est plus souveraine si l'on suit l'analyse de Marie-Françoise Garaud et de Régis Debray : des frontières contrôlées, déclarer la guerre et la paix, la monnaie, une transcendance). Pour dire vite, Mali et Afghanistan ne sont pas des états. (et l’on ferait bien d’en partir sous le faux prétexte de protéger l’Europe des islamistes, qui y sont déjà comme des poissons dans l’eau par parenthèses).

Ce sont ces profils de prêtres courageux et jeunes - avec des convictions bien trempées par ailleurs et une belle gueule - que l'on voudrait avoir comme évêque. Et pas un évêque qui prêche sur le tri sélectif et son refus catégorique des assiettes en plastique. Le début du livre parle de son cursus, de ses sympathies légitimistes tenues de sa famille. Pour une fois qu'un prêtre ne vous fait pas pleurnicher avec le CCFD, les valeurs-de-la-république et ses ballons jaunes envoyés dans le ciel...

Je recommande à tous la lecture du livre du padre, car il se trouve une foule de remarques sur l'Eglise de France depuis les années 70 auxquelles nous ne pouvons que souscrire. Il parle des spoliations de 1905, ce qui est conforme aux faits, mais pas à la doxa. Et il est un exemple d'entente cordiale entre l'armée (ce qu’il en reste) et l'Eglise (ce qu’il en reste…). Mon ancien curé dans les années 90 refusait de dire la messe pour les anciens combattants en les assimilant aux tortionnaires de la guerre d'Algérie. Ce prêtre qui a aussi vendu illégalement le maître-autel de mon église, refusait aussi tout drapeau au choeur des anciens combattants, pas par légitimisme...

Le compte tweeter de l'abbé, visible par tous par google, montre que l'homme a du goût avec de jolies bouteilles et un jardin plaisant en Dordogne. On voudrait qu'on f... la paix à ce genre de prêtres. Et que les évêques aux armées qui ne restent pas longtemps en fonction prouvent aussi qu'ils sont courageux et peuvent porter le béret rouge par exemple. J'exclus de mes soupçons Mgr Ravel, qui a tout pour plaire. L'actuel évêque a installé des chanoines aux armées à St-Louis des Invalides, récemment, pour imiter nos amis italiens au Panthéon certainement et récompenser quelques vieux aumôniers. Pourquoi pas. Mais se délester d'un tel prêtre avec du caractère et un courage physique, c'est minable. Un prêtre et un évêque peuvent s'entendre dans la discrétion d'un bureau pour une sortie par le haut, pas par un coup de pied au derrière. A moins que l'intéressé l'ait voulu en bon para !

L'abbé Venard a un frère prêtre dominicain exceptionnel, en espérant qu'un vrai tradi accepte qu'on fasse de la recherche en exégèse sans recopier des bouquins périmés de longue date.

Christian Venard, Guillaume Zeller (journaliste, catholique, sérieux et auteur de livres, dont un sur la baraque des prêtres à Dachau, et son nom fait vibrer l'abbé Venard...), Un prêtre à la guerre. Le témoignage d'un aumônier parachutiste, Texto, 2019 (9,50 euros).

Il y avait un beau documentaire vendredi soir sur France 3 au sujet de la princesse Grace Kelly, qui avait la foi catholique reçue de ses ancêtres. On voit des images de son mariage dans le choeur de la cathédrale. Je ne ferai pas ici de mauvais esprit, mais je n'en pense pas moins, avec les aumôniers de certaines cours qui doivent être bien patients et savoir prendre du recul. N'est pas le roi Baudouin qui veut...

J'en remets une couche au sujet des prêtres et des religieux qui changent de voeux perpétuels ou d'incardination : un laïc marié doit le rester jusqu'à la mort de l'un de deux contendants... A cet égard, les soupapes légitimes et vieilles comme l'Eglise avantagent le clergé sur les pauvres laïcs. L'obéissance qu'un prêtre ou un moine prononce dans les mains de son supérieur, est plus élastique que la fidélité de principe qu'un couple s'échange et se promet.

Je prends les paris que l'évêque aux armées va tôt être transféré sur l'un des quinze sièges vacants et que son successeur sera l'un des vicaires généraux de Paris, un "de", qui nous fit pleurer sur les clandestins en le faisant savoir par un bouquin que personne n'a lu (sinon ceux de La Croix et du CCFD). J'attends que St-Louis des Invalides et sa cour républicaine soient occupés par des familles clandestines, sans logis, avec des enfants en bas âge et des actrices devant les caméras. A votre bon coeur M'ssieurs dames !

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