Chers amis,
Il y'aurait bien à dire sur le discours du Premier ministre qui décide la suppression "des cérémonies" (des messes sans doute !) dans les églises de France et de Navarre la veille au soir du Jour du Seigneur.
Bien des prêtres amis célébreront les messes dominicales habituelles et prévoient, pour dimanche prochain, de célébrer les messes dans des propriétés privées comme au temps des persécutions.
On aurait aimé entendre ceci des pasteurs des diocèses français (évêques et vicaires généraux):
- si on ne peut matériellement assister à la messe du dimanche (qui est une obligation sous peine de péché grave) (1), on n'est pas dispensé pour autant de la sanctification du Jour du Seigneur. C'est ce qui arrive quand on est retenu par la maladie, un voyage, etc.
On peut suivre alors les messes radiodiffusées (surtout) ou télévisées, lire la messe du jour avec ses lectures et les commentaires qu'on trouve facilement sur internet (y compris sur mon blog) pour la forme ordinaire, faire une petite méditation, et, surtout, au moment de la consécration, faire une communion de désir (cf document ci-joint) (2). Prévoir une heure (avec l'économie du déplacement !).
Le culte et l'honneur dus à Dieu sont premiers, avant l'humanitaire. Nous pouvons offrir cette communion pour les victimes de cette pandémie mondiale, fléau qui, spirituellement est un avertissement et une sanction de Dieu à cause de l'apostasie des nations, de l'immoralité galopante (comme un virus qui ne s'attaque pas à la vie terrestre mais à la vie éternelle, au salut éternel des âmes) sans parler de l'atteinte grave à l'ordre naturel: la vie de la conception à la vie éternelle, la famille, etc. Offrir aussi pour les chrétiens persécutés dont on a détruit les églises et tué les prêtres.
Cette épreuve spirituelle, sanitaire, économique et sociale peut être source de purification et de réflexion si l'humanité sait en tirer les enseignements à la hauteur de la gravité de la situation. Aux chrétiens, aux catholiques (la messe, le sacerdoce récemment très menacé en son fondement) d'y aider et de se comporter en disciples de Jésus mort sur la Croix et ressuscité des morts,
avec l'aide de la très sainte Vierge Marie et de saint Joseph
Un prêtre.
(1): Cf Catéchisme de l'Eglise Catholique "L'obligation du dimanche", n° 2181. Rappelé dans la Lettre apostolique "Le jour du Seigneur" ("Dies Domini") du Pape saint Jean-Paul II (31 mai 1998), nn. 47 et 79.
(2) Cf aussi "La communion de désir" page 25 du "Supplément" édité par l'abbaye saint Joseph de Flavigny-sur-Ozerain et distribué pendant les retraites, que nous utilisons les deux premiers jours des Exercices en cinq jours avant les confessions.
----------------
La Communion spirituelle
(quand on ne peut pas communier sacramentellement)
Un certain nombre de fidèles ne peuvent communier s'ils ne sont pas en état de grâce.
L'Eglise l'a toujours affirmé: Celui qui est conscient d'un péché grave doit recevoir le sacrement de la
Réconciliation avant d'accéder à la communion (Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°1385). Dans son
encyclique sur l'Eucharistie (L'Eglise vit de l'Eucharistie du Jeudi-saint 2003) le Pape saint JEAN-PAUL II le
rappelle solennellement: Je désire donc redire que demeure et demeurera toujours valable dans l'Eglise la
norme par laquelle le Concile de Trente a appliqué concrètement la sévère admonition de l'Apôtre Paul ("Si
quelqu'un mange de ce pain et boit de cette coupe sans discernement, il mange et boit sa propre
condamnation" 1 Cor. 11, 28), en affirmant que, pour une digne réception de l'Eucharistie, "si quelqu'un est
conscient d'être en état de péché mortel, il doit, auparavant, confesser ses péchés" (n°36). "Eucharistie et
Pénitence sont deux sacrements intimement liés" (n°37). Le Saint Père cite Saint Jean Chrysostome: une telle
attitude en effet ne s'appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur,
mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments.
C'est un devoir grave pour chacun d'éclairer sa conscience et de ne pas la laisser volontairement dans
l'ignorance. On ne doit pas communier, par exemple, si on n'est pas baptisé ou si on refuse de croire à la
présence substantielle du Christ dans la sainte Eucharistie (n°38) ou encore si on n'est pas en communion avec
le Pape ou avec l'évêque qui est en communion avec lui (n°39).
"Quand il arrive que les fidèles s'approchent de la sainte table en grand nombre et sans le discernement
nécessaire; il est du devoir des pasteurs de corriger un tel abus avec prudence et fermeté"
(Congrég. du Culte divin et de la discipline des sacrements, Instr. Redemptionis sacramentum du 25 mars 2004,
n°83).
Ne pas assister à la Messe dominicale et les jours de fête d'obligation par sa faute ou pour des raisons
superficielles (préparer un repas par exemple) est un péché grave (Lettre apostolique Le jour du Seigneur, Jean Paul II, 31 mai 1998, n°47 et 79). Regarder la Messe à la télévision ou l'entendre à la radio sans raison grave
"ne permet évidemment pas de satisfaire au précepte dominical" (n°54). Il faut donc aller s'en confesser avant
d'aller communier le dimanche suivant !
Sinon, 1- On reçoit certes le sacrement de l'Eucharistie mais sans ses effets (c'est comme si on verse un
liquide dans un tuyau percé ou si on gonfle un pneu de voiture crevé!). 2- On offense Dieu gravement
("communion sacrilège") et l'état de l'âme est pire qu'auparavant.
Les absolutions collectives, également, n'ont aucune valeur, sauf cas très rares (en cas de danger imminent de
mort) (L. apost. Misericordia Dei, Jean-Paul. II, 7 avril 2002, n°4).
Certaines personnes sont dans l'impossibilité actuelle de communier et ne peuvent se confesser : comme les
divorcés remariés vivant maritalement par exemple ou ceux qui ne peuvent encore résoudre des situations de
péché (concubinage, adultère, etc…). Mais, s'ils sont de bonne volonté et souffrent de cet état de fait, ils
peuvent recourir à la Communion spirituelle.
Pour saint Thomas d'Aquin (Somme théologique, III, q.80, a.1) il y a deux manières de recevoir
l'Eucharistie: l'une sacramentelle par laquelle on reçoit le sacrement et ses effets (si on est en état de les
recevoir: en état de grâce), et l'autre spirituelle par laquelle on reçoit l'effet du sacrement qui consiste à être
spirituellement uni au Christ. Dans ce dernier cas, c'est le désir de recevoir les fruits de ce sacrement par un
amour ardent, une foi vive, un esprit d'humilité (la conscience de ses fautes qui nous ont mis dans cette
nécessité) et d'Espérance, qui nous unit spirituellement au Christ présent dans la sainte Eucharistie.
C'est bien ce qui se passe dans le baptême de désir d'une personne suffisamment consciente qui donne les
fruits du baptême sans recevoir le sacrement (Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°1258). Le désir de ces
sacrements - précise St Thomas d'Aquin- "vient de la foi qui opère par l'amour, et par cette foi, Dieu, dont la
puissance n'est pas liée aux sacrements visibles, sanctifie l'homme intérieurement" (III, q.68, a.2).
2
Bien sûr, cela n'est possible que si l'on est vraiment empêché ou retardé pour recevoir ces sacrements. Pour le
sacrement de l'Eucharistie, quand on n'a pu se confesser à temps d'un péché grave ou qu'on ne peut le faire
sans changer de vie pour l'instant; quand on ne réalise pas les conditions réclamées par l'Eglise (le jeûne
eucharistique d'une heure par exemple) ou encore quand on est dans l'impossibilité matérielle de participer à
la sainte Messe.
La communion spirituelle ne se réalise que si l'on a l'ardent désir de recevoir réellement le sacrement et d'être
uni au Corps mystique du Christ qui est l'Eglise.
"Ceux qui ne reçoivent la sainte Eucharistie que spirituellement mangent en désir le pain céleste qui leur est
offert avec cette foi vive qui opère par la charité; ils en ressentent (alors) le fruit et l'utilité" dit le Concile de
Trente (Décret sur la Sainte Eucharistie, F.C. n°743).
On y ajoutera ce que disent sur la communion spirituelle le Pape saint Pie X dans son Catéchisme (III, ch.5
§2), le Vénérable Pape Pie XII dans l'encyclique sur la liturgie Mediator Dei (2ème partie, III) et le Pape saint
Jean-Paul II dans son encyclique sur l'Eucharistie (n°34).
Sainte Thérèse d'Avila la recommande dans Le chemin de la Perfection (ch.37): "Vous imprimerez
ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur" et saint Jean-Marie Vianney, le curé d'Ars: "Si nous
sommes privés de la communion sacramentelle, remplaçons-la, au moins autant qu'il se peut, par la
communion spirituelle. C'est celle que nous pouvons faire à chaque instant; car nous devons toujours être
dans un désir brûlant de recevoir la Bon Dieu. La communion spirituelle fait à l'âme comme un coup de
soufflet au feu qui commence à s'éteindre, mais où il y a encore beaucoup de braise: on souffle et le brasier se
rallume. " (sermons)
L'Imitation de Jésus-Christ (L. IV, ch.10, n°6) affirme aussi que "Tout fidèle peut aussi communier en
esprit tous les jours, à toute heure, avec beaucoup de fruit. Il se nourrit invisiblement de Jésus-Christ celui qui
médite avec piété les mystères de l'Incarnation et de la Passion et qu'il s'enflamme en son amour"
"Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour…!" (Luc 11, 3)
(D'après l'article de Louis Sahuc in "Sedes Sapientiae" n°88, été 2004, pour la page 2 de ce texte)
Dans son Petit catéchisme sur la Messe, la Cardinal Journet distingue "trois manières de communier": la
communion spirituelle et sacramentelle (spirituelle: par la foi et l'amour; sacramentelle : par la
consommation de la victime), la communion seulement spirituelle par le désir et la communion seulement
sacramentelle (celle du pécheur qui en recevant indignement le corps et le sang du Christ "mange et boit sa
propre condamnation" 1 Cor. 11, 29). Chap. VI.
Dans l'Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis du 22 février 2007, le Pape BENOÎT
XVI demande de veiller à ce que l' affirmation, que la pleine participation à l'Eucharistie se réalise quand on
s'approche de l'autel pour recevoir la Communion, n'introduise pas parmi les fidèles un certain automatisme,
comme si par le seul fait de se trouver dans une église durant la liturgie donnait le droit ou peut-être même le
devoir de s'approcher de la Table eucharistique.
Il précise ensuite: Quand il n'est pas possible de s'approcher de la communion sacramentelle, la participation
à la Messe demeure cependant nécessaire, valable, significative et fructueuse. Dans ces circonstances, il est
bon de cultiver le désir de la pleine union avec le Christ, par exemple par la pratique de la communion
spirituelle, rappelée par Jean-Paul II (Enc. Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, n°34) et recommandée par
de Saints maîtres de vie spirituelle. Le Pape cite Saint Thomas d'Aquin, Sainte Thérèse de Jésus ("d'Avila") –
déjà cités - et le Concile de Trente (sess. XIII, chap. 8).
Recommandons enfin l'excellent petit traité sur "La communion de désir" ("Pour ceux qui ne peuvent pas
communier à une messe") de Michel Martin-Prével, 88 pages, aux éd. des Béatitudes, 2007.