A Genève, le rapport entre monde protestant/calviniste et monde catholique ne peut s'évaluer purement en termes de statistiques, de pourcentage de la population globale.
Plus que les chiffres compte le poids de l'histoire, compte le poids du pouvoir. Si, effectivement, quantitativement, la population protestante est inférieure à la population catholique, en revanche, dans les cercles du pouvoir – politique, culturel et médiatique – dominent encore les membres de la classe sociale et historique que, dans la cité de Calvin, on désigne par le sigle de HSP: la Haute Société Protestante. Et, de ce point de vue, le monde protestant/calviniste est encore dominant à Genève.
Une anecdote: fin des années 1980 ou début des années 90, je ne sais plus trop, quand il avait été question de nommer un évêque à Genève, j'avais confié sur le mode plaisant à un ami – athée fait et parfait, mais de tradition familiale et culturelle huguenote – que, au cas où l'église protestante ferait barrage contre cette nomination, je descendrais dans la rue pour dénoncer ce scandale. J'avais été surpris de l'entendre me répondre d'un ton dur et résolu que je le trouverais en face, prêt à faire le coup de poing si nécessaire…
Soyons honnête: ces tensions appartiennent de plus en plus au passé, au point que lorsqu'il y trois-quatre ans, l'hypothèse de créer un diocèse à Genève (avec, bien évidemment, un évêque à sa tête) avait été évoquée, le consistoire de l'église protestante avait déclaré ne pas vouloir s'ingérer dans une affaire qu'il considérait comme interne à l'Église catholique alors qu'au siècle précédent (fin 80/début 90), placé devant la même perspective, il avait fait publier un communiqué exprimant sa très vive désapprobation, sinon même sa réprobation.
Cordialement.
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