J'ai peu de lumières en exégèse mais je voudrais élargir le débat posé avec justesse par Me Parfu au sujet du Sanhédrin.

Je pense qu'il y a peut être des faiblesses d'ordre méthodologique chez les exégètes.

En particulier, ils font comme s'ils avaient un Dalloz romano-israélite sous la main permettant de connaître à coup sûr la procédure pénale applicable à Jérusalem en l'an 33 ....

Ils font ensuite comme si n'existaient pas , au delà des grands principes, des exceptions plus ou moins codifiées permettant de statuer en urgence.

Ils ignorent qu,il arrive parfois que les responsables politico judiciaires tordent les textes pour parvenir à leurs fins.

Bref ils se comportent comme un professeur de faculté de droit commentant un arrêt de la cour de cassation en matière civile. Alors que l'Evangile se situe dans un contexte et dans une culture judiciaire , politique et religieuse bien éloignée de la notre (sur laquelle il y aurait pourtant pas mal d'anomalies à relever).


Accessoirement, j'avais lu une autre interprétation jadis selon laquelle la semaine sainte évangélique avaient concentré des événements qui s'étaient peut être déroulés sur plusieurs semaines. Cette hypothèse (que je ne soutiens pas faute de compétences ) permettait de comprendre la tenue de plusieurs audiences :devant Pilate, devant Caiphe, devant Herode, etc ...

Mais il me semble que les exégètes semblent être surtout inspirés par une intention implicite : alourdir la responsabilité de Pilate et des Romains...et plutôt alléger celle des prêtres ...sans doute par souci de lutter contre d'éventuelles lectures antisémites ?

Or on pourrait très bien imaginer qu'il y ait à la fois une convergence des romains et des prêtres pour régler définitivement et rapidement le "problème Jésus"... Et une lâcheté des deux côtés consistant à se renvoyer la responsabilité de la décision.

Mon idée est que Pilate est rationnel : il veut la mort du Christ pour faire plaisir aux prêtres qui sont ses interlocuteurs officiels et aussi pour décapiter ce qu'il voit comme un mouvement nationaliste anti romain. Mais il a peur des réactions des habitants de Jérusalem qui ont accueilli le Christ comme le messie et veut "mouiller" les chefs d Israël dans l'affaire pour éviter des émeutes anti romaines.

Dernière chose : Pilate n'est pas seulement un juge. Il est surtout le représentant de l Empereur et est investi de pouvoirs fiscaux et militaires. Sa mission est donc complexe. Il doit maintenir l'ordre, lever les impôts , etc...
Je crois que le Sanhédrin (à vérifier) n'est pas seulement un tribunal amis aussi une assemblée politico religieuse.


Bref tout ce petit monde à bien d'autres soucis que le respect de l'esprit et de la lettre des lois juive ou romaine ...

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