Heureux de vous retrouver sur le Forum pour parler musique. Cela me rappelle l'heureux temps des RIL du Languedoc...
Guillou dans les Variations à l'orgue, why not ? Il s'agirait d'une transcription dont les spécialistes se sont bien gardé de parler.
J'avais en effet oublié de mentionner la version de Christophe Rousset (L'Oiseau-Lyre, 1995). Mais elle ne semble pas avoir laissé un souvenir impérissable, contrairement à d'autres enregistrements Bach du même Rousset.
Vous parlez d'Andras Schiff: à chaque fois que la presse spécialisée mentionne le nom du monsieur dans Bach, c'est une descente aux enfers pour l'interprète. Illustration avec le Guide de la Musique ancienne et baroque (Bouquins/Robert Laffont) sous la plume de Jean-Charles Hoffelé dans la rubrique, je vous le donne en mille, des Variations Goldberg:
"Andras Schiff connaît-il le principe fondateur de la variation, qui consiste à varier un thème? La question reste toujours d'actualité avec ce disque (Decca, 1982) qui aurait aussi bien pu être produit par un ordinateur. Atone, dépressif, exsangue." Dans une version postérieure, on peut penser que l'interprète a progressé...
En tout cas, il est absent du palmarès de la Tribune des critiques de disques consacrée aux Variations Goldberg, version piano (1er octobre 2017), dans l'ordre croissant:
6/ Solennel, pesant et comme ânonné, le Bach d’Evgeni Koroliov suscite un rejet unanime. Guère envie de s’attarder en compagnie de ces Goldberg bien sérieuses.
5/ Sous les doigts d’Igor Levit, l’aria est précautionneuse : il lui manque la flamme, le plaisir et quelque chose de pâle et de doctoral se dégage de cette interprétation au toucher certes soyeux, mais dénuée d’éclat et de profondeur. Déception.
4/ Une certaine évidence s’impose dès les premières mesures, grâce au joli galbe de la phrase et un soleil illuminant la première variation. Pourtant Ekaterina Dershavina échoue à caractériser la seconde partie, privée d’allégresse. Et le son de ce piano, décidément, ne séduit guère.
3/ Vladimir Feltsman bouscule, déboussole… irrite, mais vous oblige à écouter. Ses Variations Goldberg, avec leurs aigus cliquetants et saturés, versent volontiers dans le loufoque : mille idées par mesure à défaut d’une véritable idée maîtresse qui donnerait corps et cohérence à l’ensemble. Intéressant tout de même.
2/ Nous voici plongés dans le luxe d’un piano sculptural, dont l’opulence dessert peut-être la lisibilité de la polyphonie. Mais comme Murray Perahia(Sony, 2000) sait faire chanter son Bach, lui insuffler chaleur, souplesse, esprit, caractère ! Les Goldberg d’un fin narrateur, portées par une implacable dramaturgie.
1/ L’équilibre, l’humanité face au texte, le naturel du discours, et, surtout, toute la lumière des Goldberg, leurs murmures, leurs traits virevoltants, leur poésie funambulesque : Zhu Xiao-Mei (Mirare, 1990) raconte, danse, déclame le chef-d’œuvre de Bach avec une fluidité, une sérénité et une élégance qui semblent faire le tour de la question. La référence moderne ?
A bientôt, mon cher Rémi, pour d'autres échanges. Si vous passez par Lagrasse, faites-moi signe; j'y serai la semaine de Noël.