Il me semble que votre intime conviction relève également de l'utopie.
En effet, il me semble qu'il faut procéder à quelques distinctions pour savoir de quoi l'on parle.
- Tout d'abord, personne ou presque ne croit que le simple retour aux livres de 1962 (j'utilise cette date par commodité et par opposition à 1965, et non parce que je suis un inconditionnel des modifications apportées par Pie XII) suffira à résoudre la crise. En effet, la crise n'est malheureusement pas seulement liturgique, mais affecte tous les aspects de la vie de l'Église. Ainsi est-il à peu près évident que la restauration liturgique même la plus aboutie ne suffirait certainement pas à ramener à l'église les millions de fidèles qui s'en sont séparés, ni même à redresser entièrement parmi le clergé et les pratiquants les croyances hétérodoxes, parce que la liturgie n'est qu'un élément - certes très important - et non le tout de la vie de l'Église.
D'où il suit inévitablement que ni le missel de 1965, ni une interprétation redressée du missel de 1969 ne peuvent davantage résoudre la crise de l'Église, même en les supposant irréprochables.
- Si l'on parle de la crise de la seule liturgie, il me paraît clair que la restauration générale des livres d'avant les premières réformes signifierait sa fin. Cela ne veut pas dire que la liturgie serait partout observée avec toute l'exactitude et toute la piété désirables ; mais cela veut dire que l'anarchie cesserait dans le culte et qu'une liturgie en elle-même bien ordonnée serait de nouveau en usage.
- On peut penser qu'il est utopique de croire possible ce retour général à 1962. Mais il est de même utopique de croire possible l'adoption généralisée de 1965 ou d'un 1969 strict. Ceux qui ne veulent pas de 1962 ne voudront pas davantage de 1969 en latin. Ceux qui font n'importe quoi feront toujours n'importe quoi à moins que leurs principes ne soient changés.
- Ce serait certainement une bonne chose si demain les paroisses s'acheminaient progressivement vers 1965 pour retrouver l'offertoire et le canon traditionnels. Mais c'en serait une très mauvaise que les lieux de culte où se célèbre la liturgie selon les rites de 1962 tombaient dans ce rite de transition. Or c'est principalement à cela que tendrait la prétendue solution que serait 1965 : à dégrader la liturgie là où elle est à peu près correctement célébrée, alors que rien ou presque ne changerait dans la très grande majorité des paroisses.
Je pense donc que vos propositions ne feront qu'entraîner de nouveaux bricolages, et qu'elles sont donc tout aussi utopiques que celles que vous dénoncez.
Peregrinus
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