et détonnent avec certains des années 70-2000... Je ne vois plus guère d'évêques qui osent porter une chemise col pelle à tarte, c'est déjà ça, et qui se font appeler par leur petit prénom par des dames et des sœurs en pamoison.
Ensuite, ces évêques courageux doivent faire avec le presbyterium où ils n'ont pas que des amis, avec les prêtres prêts à les tutoyer, avec leurs confrères évêques, avec les salariés à qui on ne peut pas tout dire et qu'il est coûteux de licencier, avec des diacres rarement formés intellectuellement, avec La fausse Croix toujours prête à évoquer la moindre discorde en Pologne ou au fin fond du diocèse d'Avignon (mais toujours dans le même sens).
Aujourd'hui, un évêque ne peut pas forcer un curé de 40 ans à dire les enterrements de sa paroisse. Voilà où l'on en est… Et l'évêque ne peut pas trop se fâcher ou taper de la crosse, car le curé peut menacer de partir, du clergé ou du diocèse. L'évêque se doit aussi, s'il a un cœur de père et de frère pour ses prêtres, de ne pas trop leur demander.
Des évêques souhaitent aussi faire leur bonhomme de chemin loin des médias et d'internet, ce en quoi ils ont raison. La mayonnaise ne prend pas forcément et j'admire plusieurs évêques qui quadrillent leur diocèse comme personne, pour connaître les moindres églises fermées dans l'année, les fidèles, les élus, les quatre enfants d'une trentaine de villages qui feront leur communion… Ces évêques célèbrent seuls la messe le dimanche dans des endroits reculés, loin des flonflons, alors que leurs prédécesseurs avaient le luxe de choisir des églises combles, avec une repas à la clé chez le doyen et le discours du maire précédé par les cloches à pleine volée.
Il faut parfois de la patience, car un coup de crosse peut soulager, mais s'avérer sans lendemain. Un évêque aura beau excommunier en chaire, cela ne changera rien.
Le clergé diocésain et la smala laïque habituelle ont eu la peau de l'ancien évêque de Luçon, de l'ancien évêque de Quimper et de quelques autres. Le cardinal Barbarin est dans un sursis pour le moins inconfortable. En revanche les tièdes et les border lines que l'on connaît n'ont jamais subi la moindre cabale…
Il y a des évêques très solides de nos jours et qui ont un cœur aussi bon qu'un esprit droit, comme il y eut des Madec, des Brincard ou des Lustiger qui ont essayé de construire du solide durant les années de plomb (qui sont revenues sous ce pape). Evidemment, la messe de St-Pie V n'est pas leur préoccupation majeure. Je ne crois pas que cela soit non plus le souci de Mgr Batut, ancien curé de St-Eugène pourtant.
Les évêques les mieux disposés font avec le clergé qu'ils ont, les deux ou trois séminaristes (dans le meilleur des cas bien souvent), la pratique existante, les communautés régulières vieillissantes, les finances dont ils héritent, l'état d'esprit diocésain, les lubies et les errances pastorales solidement installées…
Quand les générations nées avant le concile et habituées par obligation à aller à la messe ou à demander des messes vont disparaître (d'ici dix à vingt ans), la place nette sera faite et cela va faire très drôle (je pense à cela systématiquement à la messe). Oui, mais on gagnera en qualité n'est-ce pas ! Le manque de prêtres, une chance pour les laïcs ! Slogan de l'ancien évêque de Langres Taverdet dans son diocèse, ce qui était d'une haute intelligence. Je voyais déjà cela comme une trahison de sa propre Eglise et le lui avait dit.
Je crains le jour où la conférence des évêques nous pondra une fusion des diocèses, alors qu'on ne cesse de nous dire que l'Eglise est composée de tous les baptisés, non du seul clergé… En 1801, il fallut repartir de zéro après une décennie ô combien atroce, mais j'ai l'impression que c'est pire encore aujourd'hui. Le changement des provinces en 2000, plaqué sur les régions républicains récentes et faisant d'un archevêque le suffragant d'un autre dans certains cas, était déjà le signe que cela ne tourne pas très rond… Les séminaires interdiocésains existeront-ils encore dans dix ans ? Pour certains, étant donné la qualité de la formation dispensée, ce ne sera pas grave, mais il faudra bien que les séminaristes étudient quelque part, et sans subir la présence de laïcs dans l'auditoire comme cela existe ici et là.