Cet article de Marianne tente d'analyser objectivement le catholicisme mais on sent une tendance à réduire celui-ci à ses manifestations les plus superficielles, comme "la Manif pour tous". Ceux qui ont manifesté à ce moment (et j'en étais) ne peuvent pas être réduits à leur engagement sur ce combat, qui ne représente qu'une infime partie de leur identité -d'ailleurs très complexe- de catholiques.

Encore une fois, sur la question identitaire, tous les "camps" sont dans le faux... et dans le vrai en même temps:

- les progressistes ont tort de réduire les aspirations de la jeunesse actuelle à davantage d'identité à un "essor de l'extrême droite" ou du "conservatisme". L'identité n'est pas une idée "de droite", elle est un besoin humain fondamental, que nie la société moderne en encourageant le déracinement. Tout homme a besoin de savoir d'où il vient, de quelle culture il est l'héritier, à quelle nation il appartient, quelle est son histoire, etc. Si on ne répond pas à ce besoin, alors on créé une série de malaises sociaux et c'est là qu'émergent des groupes identitaires radicaux, parfois même d'un extrémisme violent. Or justement le catholicisme traditionnel, qui est héritier de deux millénaires de civilisation et d'histoire, possède en lui-même tous les atouts pour que ce retour de la jeunesse à son identité (besoin qui en lui-même est parfaitement sain) s'effectue dans la sérénité, l'intelligence, l'authenticité et le bon sens.

- dans les milieux catholiques "conservateurs", il y a un risque très réel de réduire le christianisme à un folklore identitaire dont on ne retiendrait que la forme tout en occultant le fond, c'est à dire la spiritualité et les options morales (notamment à l'égard des étrangers) qu'elle implique.
On en a eu un bon exemple avec la polémique de la jeune fille métis choisie pour incarner Jeanne d'Arc à Orléans. Les "identitaires" à cette occasion ont été en dessous de tout, une manifestation de bêtise humaine pure. Par ailleurs je suis sceptique aussi sur l'esprit de Academia Christiana: lorsque j'en écoute les conférences, je suis d'accord avec à peu près tout sur le fond mais j'ai parfois la vague impression que la religion dans ce genre de rassemblement n'est qu'une sorte de vernis très superficiel pour une mouvance qui a des buts essentiellement politiques (mais pas au bon sens du terme), sur le modèle de Maurras qui ne voyait dans le catholicisme qu'un garant du maintien de l'ordre social et d'une certaine tradition nationale.
Par ailleurs on oublie souvent que l'identitarisme n'est que le symptôme épidermique de la crise d'identité, et non pas sa solution. De même que le traditionalisme n'est que le symptôme épidermique de la crise de la Tradition, et certainement pas le remède à cette crise...

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