J'ai eu l'occasion d'écrire sur ce sujet dès ma thèse pour les deux séminaires parisiens d'alors (Carmes et Issy-les-Moulineaux).
La formule a été conçue et affinée en France au cours du XVIIe siècle. Était-ce mieux avant comme l'avance Rothomagus sur quelles bases d'ailleurs ?
Certainement pas ! La formation était réduite, sur le tas, de tant de prêtres dont saint Vincent de Paul observe, à Paris !!! imaginez ailleurs, qu'ils ne savent pas le latin et pas vraiment ce qu'ils font en célébrant la messe, comme certains aujourd'hui mais pour cause d'ignorance pas de néo-liturgisme aberrant.
Pour une petite élite, il y avait les Facultés de théologie et des Arts libéraux : les curés du petit Paris étaient tous gradués au XVIe mais c'est une exception.
Le séminaire a été un énorme progrès et reste, à mon sens, incontournable. Les expériences faites entre 1966 et 1985 de formations alternatives dans le monde ont, pour l'essentiel conduit à des départs massifs, des ratages complets. Ne repartons pas dans les mêmes sottises 30 à 40 ans après, pitié !
La "coupure" est très relative au demeurant : le séminaire n'est plus un couvent, les stages sont nombreux, les séminaristes plus âgés dans les diocèses ont une expérience professionnelle et humaine plus grande qu'en 1950. L'encadrement est à surveiller de près par les évêques : Cupich a été recteur du séminaire Saint Joseph avec un homocléricalisme ouvert, plusieurs grands prédateurs ont été professeurs de séminaire aux USA.
Est-ce le fait du séminaire ? Non car avant 1960, on n'observe pas des faits similaires autres que des cas individuels.
La "promesse cléricale" et le "voeu de chasteté" sont en effet similaires comme cela a été rappelé, canons à l'appui. C'est bien ce que les néo-catholiques veulent changer.
Notons qu'il existe pour répondre au souci de Rothomagus des ministères laïcs institués (acolytat, lectorat) depuis 1972 et surtout les diacres permanents que Vatican II a créés qui peuvent être mariés.
Ils ne sont pas toujours bien formés - euphémisme - et c'est la seule catégorie qui n'a aucune formation universitaire dans le diocèse de Strasbourg, ce que je déplore depuis un quart de siècle. Nous formons pour partie tous les autres - laïcs compris - mais pas ceux-là, sans qu'il y ait de raison valable.
La formule du cardinal Lustiger des maisons paroissiales de petite taille qui reprend l'idée d'origine au XVIIe avec avant une Année de spiritualité qui coupe elle de manière plus forte et à juste titre, puis le complément dans une structure de type séminaire classique mais reliée à une institution académique est assez pertinente pour l'Occident et le cadre des prêtres diocésains.
Ne perdons pas de vue le contexte : le séminaire en France, en Suisse ou au Canada, ce n'est pas pareil qu'au Burkina Faso par ex. L'environnement spirituel n'est pas le même.
Pourquoi les séminaires en Occident ont-ils ainsi été minés de l'intérieur ? D'une part parce que le vivier naturel s'est réduit drastiquement après 1965-1970 ce qui ouvrait la voie à des défauts quant à la sélection ; d'autre part, il s'est rempli de l'esprit du monde des mêmes "années de plomb", celles qui sont dorées pour Martini-Kasper, les Rahner, la théologie de la Libération, le lacanisme et toutes les modes occidentales, la "fashion week" perpétuelle, des philosophies adulées et démodées en un tour de piste ou deux.
Un mien collègue retraité religieux-prêtre a expliqué dans un petit livre son départ du sacerdoce et de son ordre après sa retraite, il est marié depuis. Il indique avoir été presque dissuadé dans sa jeunesse de poursuivre au sein de son ordre du fait de l'homocléricalisme ambiant et des pressions/incitations qu'il avait subies dans les années fin 1960-1970. Ce livre a été publié quelques années avant McCarrick, le Chili, Coccopalmerio et Sodoma. Il est révélateur de la sécularisation interne du catholicisme occidental , comme un dossier médical où le taux de "surnaturel" diminue avec les décennies au point de disparaître quasiment.
Les maux qui affectent le séminaire occidental sont le simple reflet de nos sociétés sécularisées et de ce néo-catholicisme dévitalisé par l'option moderniste qu'il a prise pour une trop grande part (pas tous ni toutes heureusement), de façon presque tacite, avant de prôner l'herméneutique de rupture tout récemment. L'archevêque québecois qui égrène les poncifs de ce néo-catholicisme en est une illustration. Aux USA, la "mode" est à légaliser l'infanticide, c'est dire dans quels abîmes nos sociétés hyper-libérales parent 1 et parent 2 sont en train d'aller à vitesse accélérée. On pense à la décadence de l'empire romain...
ps. faut-il élargir la discipline particulière concédée par Jean Paul II et surtout Benoît XVI aux catho-anglicans anciens ministres mariés ? On peut en discuter et chercher des formules canoniques en dehors du cas spécifique des catho-anglicans convertis. Rappelons que le choix d'état de vie est fait au départ que ce n'est donc pas au sens propre un mariage des prêtres. Il est très limité et encadré par la Constitution de 2009 et ses Normes, les futurs prêtres ayant la discipline latine habituelle. Le célibat sacerdotal me semble une valeur à ne pas brader sans réflexion et qui devrait rester la norme pour l'Église latine.
Cette question du "bébé" (célibat sacerdotal) ne règlera pas celle bien plus vaste et cruciale de "l'eau du bain" : une société massivement sécularisée restera impotente à susciter des vocations. Le néant n'engendre pas...
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