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par Sursum corda 2018-11-19 01:10:05
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L’analyse du Catholic World News site

par Philip Lawler, directeur de ce site Internet, catholique conciliaire, 14 mai 2005.

Un don pour le compromis

Pendant presque 19 ans comme archevêque, en quoi Mgr Levada s’est-il distingué ? Au sein de la Conférence épiscopale américaine il est considéré comme modérément conservateur : c’est un prélat qui soutiendra la doctrine de l’Eglise, sans condamner ceux qui s’opposent à l’enseignement de l’Eglise.

En 1994 au sujet de la réception du nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique, Mgr Levada a rejeté l’idée que les catholiques étaient libres d’en prendre et d’en laisser dans les enseignements de l’Eglise. Il écrivait : "Une approche en self-service de la foi n’a aucune base dans l’Ecriture, ni dans la tradition de l’Eglise. En fait, il a toujours été considéré que le rejet même d’une seule des vérités de notre foi impliquait une rupture avec la communion visible dans l’unique foi et l’unique Eglise."

Une conception aussi nette de l’intégrité de l’enseignement catholique semblait faire présager un conflit entre l’archevêque et les dirigeants publics de San Francisco, cette ville où les politiciens libéraux (dont beaucoup se présentent comme catholiques) et les activistes homosexuels contrôlent souvent la vie publique. Mais en tant qu’archevêque de San Francisco, Levada n’est pas devenu le point de mire de controverse publique.

Au contraire, en 1996 l’archevêque a trouvé une manière ingénieuse d’éviter une confrontation avec les édiles de San Francisco au sujet d’une nouvelle ordonnance municipale en faveur des homosexuels. Quand ces fonctionnaires mirent en place une nouvelle politique qui imposait à toutes les entreprises travaillant avec la municipalité d’accorder aux "partenaires " de leurs employés les avantages accordés à tout conjoint, les bureaux de bienfaisance catholique comprirent qu’ils perdraient d’importants fonds gouvernementaux s’ils n’adoptaient pas cette politique qui, de fait, reconnaissait les unions homosexuelles à l’égal du mariage. Mais Mgr Levada négocia un compromis, permettant aux associations du diocèse de désigner comme récipiendaire des avantages accordé par la municipalité, n’importe quel individu : un parent, un frère ou une sœur, un ami, ou de fait un amant homosexuel.

L’archevêque a défendu cette façon d’agir comme un moyen d’étendre les avantages liés à certains emplois sans reconnaître pour autant les unions homosexuelles. Mais d’autres prélats américains ont rejeté ce compromis, le considérant comme une concession inutile au lobby pour les droits des homosexuels, et comme une occasion manquée de prendre une position potentiellement impopulaire pour la défense d’un principe moral fondamental. De plus, en acceptant ce compromis dès 1996 – c’est-à-dire relativement tôt dans l’offensive nationale lancée par les activistes homosexuels pour s’assurer les avantages accordés aux conjoints – l’archevêché de San Francisco a fait pression sur d’autres communautés et institutions catholiques les incitant à accepter de semblables compromis.

L’année dernière, quand une autre controverse s’est élevée au sein de l’Eglise américaine au sujet des politiciens catholiques qui soutiennent l’avortement sans restriction, Mgr Levada a une fois de plus cherché à maintenir les principes doctrinaux sans encourir l’ire de l’opinion publique. Dans une déclaration de juin 2004 sur la réception de la sainte communion par les hommes politiques qui soutiennent l’avortement, l’archevêque écrivait : "Un politicien peut-il être coupable de coopération formelle au mal ? Si la personne a l’intention de promouvoir l’assassinat de vies innocentes, est-ce qu’elle est coupable d’un tel péché de coopération ? Est-ce que tout politicien catholique qui a voté une loi injuste favorisant l’avortement doit être jugé comme ayant eu cette intention ? J’espère que non."

En plaçant ainsi l’accent sur l’intention du politicien qui soutient une politique d’avortement sans restriction, l’archevêque laisse la porte ouverte aux arguments avancés par des catholiques en vue qui déclarent être personnellement opposés à l’avortement, mais obligés de voter en faveur de l’assassinat légal pour des motifs constitutionnels. Et quant à la question plus précise de savoir si un politicien en faveur de l’avortement devrait se voir refuser l’accès à l’Eucharistie, Mgr Levada a pris de nouveau une position nuancée. Il établit clairement que de tels individus ne devraient pas recevoir la communion. Mais s’ils violent ce précepte et s’approchent de l’autel, il suggère : "En ce qui concerne les politiciens catholiques, la pratique prudente à tenir par les ministres de la sainte communion, serait d’en référer à l’ordinaire du lieu pour toute question sur l’aptitude de ces hommes politiques à recevoir le sacrement."

Dans cet article de juin 2004, l’archevêque ne répond pas explicitement à la question de savoir comment un évêque devrait réagir face à de telles situations. Mais plus tard, dans un entretien accordé au Honolulu Star-Bulletin, il attaque le problème en disant : "Beaucoup d’évêques se sont récemment engagés à chercher une voie de dialogue dans ce domaine." Rejetant implicitement l’attitude plus ferme adoptée par de nombreux autres prélats américains, il continue : "On n’entame pas un dialogue en commençant par dire aux gens que vous allez leur refuser la communion."

Donc, au cours des dix dernières années, Mgr Levada a pris position publiquement sur les deux questions qui ont exercé la plus forte pression sur la hiérarchie américaine : la campagne pour les droits des homosexuels et la controverse au sujet de la réception de la communion par les politiciens favorables à l’avortement. Dans les deux cas, l’archevêque de San Francisco a trouvé moyen d’éviter une confrontation directe et de faire diminuer la pression exercée contre l’Eglise. Dans les deux cas, il a échappé au feu de la dispute, mais à quel prix ? Son attitude a affaibli les positions prises par d’autres prélats qui avaient choisi, eux, de parler clairement et de prendre le risque d’une confrontation directe avec l’opinion publique.



Face au scandale

Aucune question évidemment n’a suscité un examen plus approfondi de la part de la hiérarchie américaine que celle du scandale des abus sexuels. Et puisque la CDF (Congrégation pour la Doctrine de la foi) est responsable de la discipline des prêtres pédophiles, il est raisonnable d’examiner l’attitude de Mgr Levada sur ce plan-là.

A la réunion des évêques américains à Dallas en juin 2002, comme le scandale des abus sexuels était à l’ordre du jour, Mgr Levada se leva pour souligner que les responsables de la crise étaient les évêques diocésains négligents et les prêtres pédophiles. Il fit observer : "Nous souffrons à cause des fautes d’évêques et d’administrateurs qui n’ont pas mis la protection des enfants au-dessus de leur désir de protéger la réputation et de conserver les services de prêtres qui avaient prouvé qu’ils étaient infidèles à leurs devoirs."

Et comment l’archevêque a-t-il lui-même traité le problème des abus sexuels ? Le diocèse de Portland, qu’il a dirigé de 1986 à 1996 est maintenant en faillite à cause des dédommagements obtenus au tribunal par les victimes des abus. Plusieurs procès accablants contre l’archevêché concernaient des prêtres qui avaient été remis dans le ministère paroissial par Mgr Levada après avoir été accusés d’avoir abusé d’enfants, ou qui avaient été protégés de toute poursuite alors que leurs méfaits étaient connus de l’archevêque.

A San Francisco, Mgr Levada a été vivement dénoncé par les victimes d’abus sexuels pour ce qu’elles appellent son manque de coopération pour identifier et punir les clercs fauteurs d’abus. Pratiquement tous les évêques d’Amérique ont entendu de semblables plaintes de la part des avocats des victimes d’abus sexuels, dont les efforts pour avoir accès aux dossiers des chancelleries se heurtent inévitablement à une nécessaire confidentialité. Mais quelques-unes des critiques contre Mgr Levada sont formulées par des personnes neutres. Par exemple, James Jenkins, un laïc choisi par l’archevêque pour présider une commission de révision des allégations d’abus contre des enfants, a fini par démissionner pour protester, accusant Levada d’avoir paralysé le travail de la commission par "ses tromperies, ses manipulations et son contrôle".

Une indication particulièrement parlante sur l’attitude de l’archevêque de San Francisco dans la crise des abus sexuels se trouve dans sa réaction au scandale qui a ébranlé le diocèse voisin de Santa Rosa. En 1999, Mgr Patrick Ziemann de Santa Rosa s’est vu obligé de démissionner quand il fut révélé qu’il avait fait chanter un prêtre pour que ce dernier lui serve de partenaire homosexuel. Mgr Levada devint administrateur apostolique temporaire du diocèse de Santa Rosa où il fut obligé de s’occuper non seulement de l’histoire trop connue de l’inconduite de l’évêque sortant, mais aussi de ses dépenses extravagantes qui laissaient ce petit diocèse avec une énorme dette de 30 millions $.

Quand Mgr Ziemann quitta Santa Rosa couvert de honte, Mgr Levada s’abstint absolument de le condamner. Au contraire, il demanda aux fidèles de se joindre à lui "pour remercier (Ziemann) de l’énergie et des dons qu’il avait dispensés généreusement". Résistant aux efforts faits pour obtenir l’ouverture des livres de compte du diocèse, Mgr Levada annonça que la dette diocésaine était le résultat de "piètres décisions en matière d’investissement". Lors d’une réunion publique dans le diocèse de Santa Rosa en février 2000, l’archevêque reprit vertement des laïcs qui demandaient des poursuites judiciaires contre Mgr Ziemann. "C’est très déplacé de demander qu’un évêque aille en prison", déclara-t-il.



Un Américain à la Congrégation pour la doctrine de la foi

Dans sa réaction à la crise des abus sexuels, Mgr Levada a montré une partialité bien marquée à protéger les clercs – et surtout ses confrères dans l’épiscopat – plutôt qu’à donner satisfaction aux victimes et à se montrer rassurant pour les fidèles. Dans sa réaction aux débats publics sur l’enseignement de l’Eglise, il a fait montre d’un instinct le portant plus à une diplomatie tactique qu’à une audacieuse confrontation. Apparemment le pape Benoît XVI a pensé que ce don pour le compromis était une qualité désirable et recherchée pour le nouveau préfet de la CDF.

En choisissant son propre successeur, le Saint-Père aurait pu prendre n’importe quel prélat dans le monde catholique. Les premières spéculations au sujet des candidats possibles s’étaient portées sur le cardinal Christoph Schönborn de Vienne, le principal auteur du Catéchisme, l’un des membres les plus en vue du collège des cardinaux. Le pape aurait pu aussi penser au cardinal Tarcisio Bertone de Gênes, qui fut son secrétaire à la CDF, ou à Mgr Angelo Amato, qui occupe aujourd’hui ce poste de secrétaire de la CDF.

Au lieu de cela le Souverain Pontife a choisi un archevêque qui, bien qu’il soit respecté au sein de la conférence épiscopale américaine, n’est pas très connu en dehors des Etats-Unis. Est-ce que le pape Benoît XVI cherchait délibérément un américain comme préfet de la CDF ? Des rapports selon lesquels il aurait aussi pensé au cardinal Francis George de Chicago, rendraient crédible cette hypothèse.

Mais pourquoi le pape voudrait-il un préfet américain ? La question est du domaine de la spéculation et donc toute réponse sera, elle aussi, spéculative. Il semble plausible que Benoît XVI – peut-être parce que d’autres prélats le lui avaient soufflé, peut-être même en réponse aux conversations avant et pendant le conclave – ait reconnu qu’il était souvent perçu comme un doctrinaire sévère, soucieux de faire respecter les lois, et qu’il devrait chercher une personnalité d’un type différent pour travailler avec lui à la CDF. Un prélat américain, élevé dans une société pluraliste et ayant l’habitude de gérer les dissensions, pourrait faire cesser les plaintes au sujet de l’intransigeance du Vatican.

Quelles que soient les raisons derrière ce choix qui a surpris, Mgr Levada va certainement apporter un style de gouvernement très différent à la CDF. Et, ce faisant, il peut aussi donner un ton différent et d’une nouveauté inattendue au pontificat de Benoît XVI.



Mgr Levada, archevêque de Portland, témoignage de l’abbé Heidt

Extrait librement traduit de l’ouvrage Priest Where Is Thy Mass, Mass Where Is Thy Priest? (Prêtre, où est ta messe ? Messe, où est ton prêtre ?) - Janvier 2004, Angelus Press.

L’abbé Heidt est la première personne à avoir un rendez-vous avec Mgr Levada quand il devient archevêque de Portland. Ayant entendu dire que Levada était un bon évêque, traditionnel et orthodoxe et qu’il allait mettre de l’ordre dans le diocèse, il se confie à lui. L’archevêque l’écoute, un peu comme un "aspirateur" épiscopal qui avale tout et ne fait qu’écouter. L’abbé lui parle de l’homosexualité dans le diocèse et propose de lui donner les noms de six ou sept prêtres homosexuels. Réponse de l’évêque : "Vous êtes venu ici avec des commérages, je ne veux pas écouter cela".

Il n’a écrit qu’une seule lettre pastorale sur la messe et l’eucharistie. L’abbé Heidt lit cette lettre, la prend avec lui et va à l’évêché. Il demande à l’évêque si c’est lui qui a écrit cela, et, si cette lettre est censée être un traité complet sur l’eucharistie, comment il a fait pour l’écrire sans mentionner une seule fois la transsubstantiation ? Réponse : "C’est un mot long et difficile, et nous ne l’utilisons plus". L’abbé proteste, disant qu’au catéchisme de première communion la Sœur l’avait expliqué et que les enfants avaient compris. Réponse de l’évêque : "C’est un terme si difficile à comprendre ! Passons à autre chose !"

La chose suivante c’est que Mgr Levada était allé dans une paroisse catholico-luthérienne où le prêtre est à un bout de l’autel et le pasteur à l’autre, et ils vont ainsi de l’un à l’autre. Quand l’abbé Heidt lui demande ce qu’il a été y faire, l’évêque répond : "Nous avons concélébré la liturgie", mais il refuse de répondre quand le prêtre lui demande s’il a dit la messe avec le pasteur protestant.

Plus tard, comme cet ecclésiastique est un peu trop gênant, Levada lui propose un repos sabbatique et lui demande de lui soumettre ses projets pendant cette période. Le prêtre propose des études sur les écrits des papes, le concile de Trente, Vatican I et Vatican II. Réponse de l’archevêque : "C’est improductif, vous irez à l’université suivre les cours Credo. Refus du prêtre. "Bon, alors je vous envoie dans un monastère, je vous indiquerai un cursus d’étude et je vous donnerai un mentor". Refus du prêtre. Et Levada lui dit de faire ce qu’il veut.

Ce prêtre célèbre la messe de St Pie V dans des chapelles "excommuniées" aux yeux de Mgr Levada, des chapelles de la Fraternité Saint-Pie X. Après menace, il suspend le prêtre en raison de sa collaboration avec la Fraternité.

Tous les ans, il y avait une session de prêtres sur trois jours. A la première d’entre elles, Levada lut une directive de Rome interdisant l’usage d’un autre pain que le pain sans levain et d’un autre vin que celui reconnu pour un sacrement valide. Mais l’archevêque lui-même ridiculisa cette directive, et les prêtres présents comprirent qu’ils pouvaient faire n’importe quoi.


Mgr Levada et l’application de l’indult à San Francisco

par George Neumayr, Forbidding Tradition, Why Won’t the Pope’s Man Want The Pope’s Indult?, San Francisco Faith, March 1999

La Tradition interdite : Pourquoi l’homme du pape ne veut-il pas accorder l’indult du pape ?

Le pape Jean-Paul II a demandé de nouveau, l’an dernier, aux évêques de manifester une "attention pastorale" envers les catholiques attachés à la messe en latin. Mais à San Francisco la messe en latin est interdite. La raison : l’archevêque de San Francisco, Mgr Levada refuse d’accorder l’indult du pape.

"Je n’en suis pas surpris" dit quelqu’un qui connaît Levada. "Il est très conscient de la répercussion de cette mesure sur les prêtres… Et il sait, comme la plupart des prélats américains, que les traditionalistes sont un groupe capable de s’étendre, et ce malgré leur manque d’argent et de soutien de la part des institutions."

Ceux qui observent Levada le soupçonnent d’avoir peur de provoquer la colère et de s’aliéner les prêtres attachés à la politique de son prédécesseur, Mgr Quinn. Ce dernier s’était véhémentement opposé à la messe en latin, disant de l’indult : "Pas dans mon diocèse". Quinn a aussi dit de l’indult qu’il était "fauteur de divisions" dans une lettre à un prêtre diocésain qui en demandait l’application en 1984.

J’ai demandé à Maurice Healy, le porte-parole de l’archevêque, de m’expliquer le refus de Levada à accorder l’indult alors que de plus petits diocèses, comme Santa Rosa et Stockton, l’ont accordé. "Il n’y a pas un grand soutien apporté à l’indult" a-t-il répondu, ajoutant, "et cela ne va pas s’accroître selon un agenda établi par vous."

En fait, des habitants de San Francisco ont contacté Levada sur cette question, mais il les a renvoyés. La Fraternité St Pierre, un institut reconnu par le pape et qui peut dire la messe tridentine, a fait appel à l’archevêque, offrant d’envoyer un prêtre à San Francisco. Mais contrairement à Mgr William Weigand de Sacramento qui a accueilli cette fraternité, Levada a rejeté l’offre.

"C’est exact", affirme Jude Huntz, porte-parole de la Fraternité Saint-Pierre."Il a juste donné une très brève réponse négative." Huntz trouve surprenant qu’un prélat considère la messe de St Pie V comme une menace pour Vatican II. "Cela ne tient pas debout puisque le pape l’approuve". (…)

Mgr Steven Ottellini, le très respecté directeur du Lycée catholique Marin, ne voit pas "de problème à ce qu’on accorde la messe avec indult. Je pense que ceux qui s’opposent à cette idée attachent trop de signification politique à la messe de St Pie V et ne sont pas capables d’apprécier le fait qu’il y a une nouvelle génération de catholiques assoiffés de la beauté et de l’esprit de prière contenus dans les riches traditions artistiques et liturgiques de l’Eglise, et ces catholiques n’y attachent aucune signification politique ou autre. Aux messes de St Pie V auxquelles j’ai assisté à Paris et New York, il y avait une affluence de fidèles qui ressentaient le pouvoir de cette tradition. Certainement, il y a des gens qui peuvent la soutenir pour de mauvaises raisons, mais est-ce que cela l’empêche d’être une option valide pour l’Eglise universelle ?"

De fait, le pape et son principal conseiller doctrinal, le cardinal Ratzinger, ont de façon répétée loué la messe de St Pie V, reconnaissant l’intérêt grandissant qu’elle suscite comme un signe de santé spirituelle. "J’invite les évêques… à comprendre et à montrer un renouvellement d’attention pastorale envers les fidèles attachés à l’ancien rite", a dit le pape en octobre dernier devant une foule de 3000 traditionalistes rassemblés à Rome pour la célébration de l’indult de 1983.

"Je suis d’avis, assurément, que l’ancien rite devrait être accordé beaucoup plus généreusement à tous ceux qui le désirent", écrit Ratzinger en 1997 dans son livre Le Sel de la terre. (…)

A la lumière de ces déclarations provenant des sommets de la hiérarchie catholique, les catholiques californiens attachés à la messe de St Pie V trouvent que le refus de Levada d’accorder l’indult du pape est étrange, pour ne pas dire insultant. "Des liturgies Mickey Mouse sont autorisées ici, en ville, mais le rite ancien pour lequel les saints et les martyrs sont morts est interdit" dit un catholique de San Francisco. "Est-ce que cela ne vous dépasse pas ? Je suppose que nous sommes de mauvais catholiques parce que nous voulons l’indult du pape", poursuit-il, sarcastique.

Un prêtre diocésain, bien familiarisé avec la politique de l’Eglise locale, fait remarquer que la raison officielle pour ne pas accorder l’indult est risible : "L’indult ne dit pas qu’il faut une foule de gens qui le soutienne pour qu’il soit accordé. Et si vous leur demandez ce qui peut constituer une foule de gens, ils ne vous le diront pas". De fait, j’ai demandé à plusieurs reprises à Healy de me définir cette expression. Il a refusé. "Les catholiques traditionalistes sentent qu’ils n’ont pas droit de cité", poursuit ce prêtre. "Quoi d’étonnant ? L’Eglise officielle les traite avec mépris. On agit comme si le Saint Esprit s’était réveillé à Vatican II, et que tout ce qu’il y avait auparavant est suspect… La nouvelle orthodoxie est hétérodoxie."

Un personnage de haut rang dans l’Eglise américaine à qui je demandais un commentaire sur ce sujet disait que la résistance à l’indult est une "folie". "Pourquoi ne pas l’accorder ?" disait-il. Après tout, les clercs de gauche "permettent tout le reste".


Un archevêque œcuménique à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi

Commentaire de John Vennari, directeur de Catholic Family News, mensuel traditionaliste, mai 2004.

Mgr William Levada :"Je me considère comme étant exactement à mi-chemin de là où je dois être en tant qu’évêque."[1]

Le pape Benoît XVI a nommé l’archevêque de San Francisco, Mgr William Levada, préfet de la Sacrée Congrégation de la doctrine de la foi. Cela a été annoncé le 13 mai, le même jour le pape Benoît XVI annonçait qu’il avait mis le pape Jean-Paul II sur la voie rapide de la béatification, en renonçant à la prudente période de cinq années d’attente.

En nommant Levada, Benoît XVI a bien tenu sa promesse de poursuivre la politique post-conciliaire de Jean-Paul II. Un œcuméniste "moyen", américain, avec une réputation bien établie pour le compromis, occupe désormais la place laissée vide par le cardinal Ratzinger.

La presse laïque ne cesse d’appeler Mgr Levada un conservateur sur le plan doctrinal, mais cela n’est pas vrai. Levada est un homme de Vatican II, enthousiasmé par l’œcuménisme et les pratiques interreligieuses.



La politique du compromis

Un des faits par lesquels Mgr Levada s’est montré un homme du "milieu du chemin", c’est la façon subtile dont il a traité les hommes politiques catholiques favorables à l’avortement. Une poignée d’évêques américains ont annoncé l’an dernier qu’ils leur refuseraient la communion, mais Levada "a adopté une approche de la controverse plus conciliante". Il a dit qu’il ne refuserait pas la communion aux hommes politiques catholiques favorables à l’avortement jusqu’à ce qu’il ait pu "écouter leurs préoccupations et leur offrir l’occasion d’un examen vraiment fructueux de l’enseignement catholique."[2]

On se demande quel examen est encore nécessaire pour un homme politique, si un archevêque lui déclare simplement la vérité en public : l’avortement est l’assassinat de bébés innocents, un crime qui crie vengeance au ciel, et les hommes politiques qui soutiennent ce carnage sont objectivement en état de péché mortel et doivent se voir refuser les sacrements. La ligne de conduite de Levada semble plus ressembler à celle du cardinal Mahoney de Los Angeles qui "favorise l’éducation des hommes politiques catholiques au sujet de l’immoralité de l’avortement, plutôt que l’imposition de sanctions religieuses."[3]

L’archevêque de San Francisco, toujours fidèle à sa politique du "milieu du chemin" "a pris une position neutre sur une initiative en faveur des droits des homosexuels, disant qu’il voulait se concentrer sur la défaite qu’il entendait infliger à la tentative de légaliser le suicide médicalement assisté". L’écrivain catholique Christopher Ferrara se demande : "Qu’est-ce que les deux choses ont à voir ensemble ? Mgr Levada a simplement baissé les bras devant le problème."4[4]

Levada s’est peut-être acquis une réputation de conservateur à cause de son opposition à certaines actions entreprises par les homosexuels. Au début de l’été 2000, alors qu’une Gay Pride était prévue à Rome, Levada s’est rendu dans la Ville Sainte. Il a organisé au Vatican la projection d’une vidéo sur le défilé de la Gay Pride à San Francisco, pour prévenir Rome de ce qui l’attendait. La vidéo a ensuite été projetée à des hommes politiques italiens quand le Vatican se mobilisa pour empêcher ce festival homosexuel.[5] L’événement, neuf jours durant, eut lieu néanmoins.

Le 3 avril 2004, Mgr Levada et un autre évêque ont pris la tête d’un défilé de 1000 catholiques sur quelques kilomètres pour protester contre les mariages homosexuels à San Francisco. Une belle manifestation, mais le maire catholique de San Francisco, Gavin Newsom qui a donné des certificats de mariage aux couples homosexuels, n’a pas été puni par Mgr Levada. L’archevêque a laissé entendre qui si la faute continuait, le maire pourrait se voir refuser la communion.[6] Peu de temps après, cependant, quand The San Francisco Chronicle demanda à l’archevêché si les hommes politiques catholiques qui soutiennent l’avortement et le mariage homosexuel se verraient refuser la communion, l’archevêque ne voulut pas répondre. Un porte-parole de l’archevêché déclara : "Mgr Levada fait partie du comité des évêques qui étudie cette question et il veut se concentrer sur les discussions au sein de l’Eglise, plutôt que de faire en ce moment une déclaration publique". Une fois de plus Levada a évité le problème.

A la même époque, le maire catholique, Gavin Newsom, se vanta qu’il recevait la communion les dimanches où il décidait d’aller à la messe, et que "sa conscience était en paix". Newsom déclara aussi lors d’une conférence de presse qu’il n’était pas d’accord avec l’enseignement de l’Eglise à propos de la recherche sur les cellules-souches, de l’avortement, des mariages homosexuels et de la contraception. Levada ne fit rien contre ce mépris de la religion catholique affiché publiquement par le maire. Sous les yeux de Mgr Levada, les hommes politiques catholiques (y compris Nancy Pelosi, une républicaine pour l’avortement) peuvent impunément se moquer de la vérité catholique.[7]



Il a couvert les abus de ses prêtres.

Personne n’appellerait Catholic World News une publication traditionaliste. Mais Philip Lawler, le directeur de la publication est véritablement bouleversé par la nomination de Levada à ce poste important. En qualifiant sa nomination de "choquante", il explique que le préfet de la CDF est le numéro deux dans l’Eglise universelle. Il regrette aussi que les compromis dans le style de Levada sur de grands problèmes comme les avantages accordés aux partenaires homosexuels et les hommes politiques catholiques en faveur de l’avortement, que ces compromis "aient affaibli les prises de positions d’autres prélats américains qui avaient choisi, eux, de s’exprimer clairement au risque d’un affrontement direct avec l’opinion publique".

Le passé de Levada dans les affaires d’abus sexuels par les clercs est effarant. Le diocèse de Portland qu’il a gouverné de 1986 à 1996 est maintenant en faillite à cause des dommages obtenus par les victimes dans les tribunaux. En Oregon (l’Etat où se trouve la ville de Portland, ndlr) Levada a quelquefois réintégré des prêtres cités dans des procès pour avoir abusé d’enfants. Levada a aussi protégé ses prêtres des poursuites judiciaires et ce après avoir pris connaissance de leurs crimes.

Sur les activités de Levada à San Francisco, Lawler écrit : "A San Francisco, l’archevêque a été dénoncé sans ménagement par les victimes d’abus sexuels pour ce qu’ils considèrent comme une attitude de non-coopération avec leurs efforts pour identifier et punir les abus des clercs." Lawler explique que ces dénonciations viennent non seulement des victimes d’abus, mais d’un des hommes de Levada. "James Jenkins, un laïc choisi par l’archevêque pour présider un comité indépendant de révision, chargé d’examiner les accusations de pédophilie, a fini par démissionner de son poste, accusant Levada d’entraver le travail du comité par ’ses tromperies, ses manipulations et son contrôle’."

Il y eut aussi l’affaire de l’abbé Carl Schipper, doyen du séminaire St Patrick de San Francisco. D’après le livre de Michael Rose Goodbye! Good Men!, Schipper fut arrêté après une enquête de six mois pour avoir incité, par des documents pornographiques sur Internet, des mineurs à céder à ses désirs pédophiles. Les policiers de San José, se faisant passer sur Internet pour de jeunes garçons de 13 ans, l’ont pris sur le fait. Schipper ne nia pas et fut condamné à six mois de prison.

Il laissait une place vide au séminaire. Mgr Levada fit venir alors l’abbé Gerald Coleman, alors en période sabbatique. L’abbé Coleman est bien connu pour le soutien qu’il apporte aux initiatives des homosexuels. C’est lui qui a affirmé l’"importance" d’avoir des séminaires qui reconnaissent et acceptent les orientations sexuelles (hétéro, homo et bi). Le même a publiquement demandé que la loi civile reconnaisse "en quelque manière ces unions (homosexuelles) fidèles et pleines d’amour, en leur accordant certains droits et certaines obligations, venant ainsi en aide aux personnes (homosexuelles) avec des avantages clairs et spécifiques."[8]

Ce qui rend tout cela plus inquiétant encore, c’est que la Congrégation pour la doctrine de la foi est, depuis 2002, chargée d’étudier les plaintes pour abus sexuels de la part de clercs. Benoît XVI a choisi un homme qui a derrière lui un passé de compromis et de dissimulation pour diriger ce dicastère d’importance capitale.



Des mitres et des kippas

Mgr Levada n’est pas un inconnu au Vatican. De 1976 à 1982, il a travaillé à la CDF. On dit qu’il était un ami du cardinal Ratzinger. Levada était le seul américain du comité de sept évêques qui a fait paraître, en 1992, le Catéchisme de l’Eglise catholique.

De ce nouveau catéchisme, Levada a dit qu’il "n’était pas censé ignorer, ni revenir en arrière sur le travail du concile Vatican II".[9] Il a fait l’éloge de la constitution ambiguë de Vatican II sur la liturgie disant qu’elle contenait "un merveilleux enseignement".[10] Et tout au long de sa carrière, la nouvelle orientation interreligieuse de Vatican II a été un véritable moteur pour lui.

En septembre 1988, alors qu’il était archevêque de Portland, dans l’Oregon, Levada et un évêque luthérien ont présidé une cérémonie commune pour une assemblée catholico-luthérienne. Il fut aussi le premier évêque américain à visiter une synagogue et il a continué de le faire en tant qu’archevêque de San Francisco.

Le 5 mars 1996, on vit Mgr Levada prendre part à une cérémonie interreligieuse à la synagogue de San Francisco en souvenir de la vague d’attentats contre les Israéliens. "L’archevêque catholique, écrit The San Francisco Chronicle, était assis en bonne place à la bimah ou pupitre de la synagogue, en compagnie des rabbins. Levada fit une prière, courte mais puissante, au Dieu unique commun aux Juifs, chrétiens et musulmans, dans laquelle il décrivit la campagne d’attentats en Israel comme ’tragique et répugnante’."[11]

Mgr Levada a qualifié la visite de Jean-Paul II à la synagogue de "bon exemple", et s’est mis directement à l’imiter. Il n’y a pas de doute que le nouveau "gardien de la foi" au Vatican est imbu de l’erreur selon laquelle l’Ancien Testament n’a pas été remplacé par le Nouveau. Cette faillite théologique s’étend aussi à Benoît XVI qui a annoncé qu’il ferait une visite de style "wojtylien" à une synagogue lorsqu’il se rendra aux JMJ de Cologne.[12]



Des Jamborees interreligieux

Le 1er décembre 1999, Mgr Levada a participé, à San Francisco, à une réunion interreligieuse : "Un appel à l’unité. Une conférence sur la compassion, les maladies du Sida et du HIV". Des dirigeants politiques et d’importants représentants de diverses religions (catholiques, juifs, bouddhistes, musulmans, indiens animistes d’Amérique, protestants, orthodoxes, hindous…) y ont pris part. L’archevêque a permis la célébration d’une journée mondiale du Sida dans sa cathédrale Ste Marie.[13]

Le 28 mars 2003, Mgr Levada a accueilli, toujours dans la cathédrale Ste Marie, une manifestation dans l’esprit d’Assise intitulée "Service de prière interreligieuse en période de crise nationale", parrainée par le conseil interreligieux de San Francisco. D’après le Jewish Bulletin, les participants ont pu apprécier "le doux parfum de l’encens et la douce musique des liturgies juives et chrétiennes mêlées à la Gospel music, et aux carillons musulmans et bouddhistes". Dans cette cathédrale catholique, depuis la chaire, le rabbin Alan Lew a lu le psaume 30 puis entonné la Kaddish funèbre, d’abord en araméen puis en anglais. Au début de la cérémonie, Mgr Levada, rapporte le Jewish Bulletin, donna le ton général. " Levada déclara : ’Avec toutes les religions et la diversité culturelle qui se rencontrent ici, puissions-nous reconnaître ensemble que nos cœurs battent à l’unisson dans la prière adressée aujourd’hui au Dieu tout-puissant pour la paix’." Présent aussi à la réunion, Norman Fischer de la Fondation Zen déclara : "Nous sommes ici pour vivre en harmonie."[14]

Les rassemblements pan-religieux de Levada ne pouvaient pas être plus en contradiction avec l’enseignement constant des papes, comme celui du pape Pie VII qui a dit : "Par le fait même que la liberté sans discrimination de toutes les formes de religion est proclamée, la vérité est mélangée avec l’erreur, et l’Epouse immaculée du Christ est mise sur le même pied que les sectes hérétiques et même que la perfidie judaïque."[15] Ici, Pie VII condamnait l’égalité des religions dans la société civile. A plus forte raison, condamnerait-il une réunion pan-religieuse dans une cathédrale catholique.



Un pèlerinage pan-chrétien

En avril 2003, Mgr Levada s’est rendu à un pèlerinage œcuménique avec des représentants de deux autres confessions, l’évêque épiscopalien William Swing et le métropolite Grec orthodoxe Antoine, tous deux résidant à San Francisco. Le but du voyage était de visiter Cantorbéry, Rome et Istanbul, "centres de leurs branches respectives de christianisme (sic)… rencontrant ensemble les dirigeants de chaque confession et priant ensemble dans les lieux saints." Ils ont décrit leur pèlerinage comme "promoteur de l’unité chrétienne et offrant un témoignage de coexistence pacifique sur fond de guerre en Irak."[16]

Pourtant ce pèlerinage n’est qu’une contrefaçon de religion condamnée par les papes. Dans son encyclique de 1928 Mortalium animos qui condamne l’œcuménisme pan-religieux pratiqué aujourd’hui, le pape Pie XI dit que cette nouvelle initiative pan-chrétienne présente un "faux christianisme tout à fait étranger à la véritable Eglise du Christ".

Le pape Pie XI écrit que le Saint-Siège a "toujours interdit" aux catholique de prendre part à des assemblées interreligieuses. Il insiste à juste titre sur le fait que "l’unité ne peut venir que d’une seule autorité qui enseigne, d’une seule loi, d’une seule foi… Il n’y a qu’une seule manière de favoriser l’unité des chrétiens, c’est d’encourager le retour à l’unique véritable Eglise du Christ de ceux qui s’en sont séparés". C’est là l’enseignement clair du magistère pérenne, particulièrement du pape Léon XIII dans Satis cognitum, du pape St Pie X dans Ex quo et du pape Pie XII dans l’instruction sur le mouvement œcuménique. Le pape Pie XI mettait aussi en garde contre les "belles paroles attirantes" de l’initiative pan-chrétienne qui "recouvraient une erreur très fatale et subversive pour la foi catholique."

Néanmoins, les trois évêque lors de leur pèlerinage œcuménique étaient chaleureusement reçus par Jean-Paul II. Ils rendirent aussi visite au cardinal Walter Kasper, l’homme qui se réjouit que Vatican II ait abandonné la vérité que les non catholiques devaient se convertir au catholicisme pour l’unité de l’Eglise et leur salut. "Aujourd’hui, dit Kasper, on ne comprend plus l’œcuménisme comme un retour, dans lequel les autres seraient ’convertis’ et deviendraient catholiques. Cela a été expressément abandonné par Vatican II".[17] Par son pèlerinage œcuménique et ses autres activités interreligieuses Mgr Levada se montre fondamentalement d’accord avec les vues hétérodoxes du cardinal Kasper.

L’un des compagnons œcuméniques de Levada dans ce pèlerinage, l’évêque épiscopalien William Swing est un personnage haut en couleurs. Swing est le fondateur de l’initiative "Religions unies" du New Age, une espèce de "Nations Unies des religions" qui collabore avec la fondation gauchiste Gorbatchev et le très syncrétique "Conseil mondial pour la religion et la paix". Il embrasse toutes les religions aussi bien catholique, protestante, juive, hindoue, musulmane, bahaï, shintoïste, et tout ce que vous voulez. L’initiative de Swing n’est pas sans présenter une similitude inquiétante avec l’Eglise Universelle maçonnique dont Alice Bailey (du New Age) avait prédit la naissance pour la fin du 20ème siècle.[18]

Peut-on imaginer des évêques réellement catholiques comme St Alphonse Liguori, St François de Sales ou le cardinal Joseph Sarto, futur St Pie X, faisant le tour du monde avec un pan-religieux tel que William Swing ? Comme on pouvait s’en douter, le pèlerinage comprenait un arrêt à Francfort en Allemagne, où les trois évêques et leur suite visitèrent un ancien camp de concentration et prièrent dans une synagogue.

Par ailleurs, Mgr Levada a accordé aux prêtres schismatiques de l’Association patriotique des catholiques chinois (CPA) la faculté d’exercer leur ministère dans les paroisses de son diocèse. La CPA est une institution créée par le gouvernement communiste chinois qui ne reconnaît pas le pape. En Chine, les catholiques sont contraints d’adhérer à cette Eglise fantoche, puisque le gouvernement communiste a déclaré "illégale" la véritable Eglise catholique, et a emprisonné, persécuté et assassiné les fidèles qui refusent de se soumettre à cette institution schismatique. Dans une Lettre ouverte au Vatican, Joseph Kung de la fondation du cardinal Kung s’est plaint de ce que les prêtres de la CPA qui en avaient reçu l’autorisation de Levada puissent être "autorisés à offrir la sainte messe publiquement dans les églises catholiques romaines et à administrer ouvertement les sacrements dans les paroisses", ajoutant : "aucune mention dans les bulletins paroissiens ne précise que les prêtres en question appartiennent à la CPA et aucune explication n’est donnée sur la nature schismatique de la CPA."[19]



Un enseignement moral chancelant

Dans un entretien accordé au San Francisco Chronicle en 1995, alors qu’il venait d’arriver à San Francisco, Mgr Levada fut interrogé au sujet de l’enseignement de l’Eglise sur la contraception et les moyens (immoraux) de prévention du sida. Ses réponses ne sont pas précisément remarquables de clarté. Il affirme : "L’Eglise catholique n’est pas contre la régulation des naissances, mais elle dit que la contraception artificielle n’est pas dans le plan de Dieu. Mais le planning familial naturel ne reçoit pas la même attention dans le monde médical que la contraception artificielle."

En clair, l’archevêque ne pense même pas à rappeler le véritable enseignement catholique sur le bien de la famille nombreuse, ni à mentionner que selon l’enseignement de la morale catholique la régulation naturelle des naissances n’est permise que pour de graves raisons. Et une fois de plus, le planning familial naturel est prôné comme un moyen légitime de contrôle "catholique" des naissances.

En ce qui concerne les moyens de protection contre le sida, Mgr Levada déclarait : "Certainement, si quelqu’un a décidé de ne pas suivre le chemin de l’abstinence, et s’engage dans des relations sexuelles extra-maritales, c’est déjà une attitude qui n’est pas en accord avec le plan de Dieu. Utiliser les protections qui sont disponibles pourrait bien être la meilleure part de sa décision."

On croirait lire une variation sur un thème bien connu de Martin Luther : "Pèche fortement, mais protège-toi plus fortement encore". Et Mgr Levada déclare cela à un quotidien lu par des millions de gens, et qui plus est à San Francisco !

Levada poursuit en affirmant que l’Eglise ne croit pas qu’il devrait y avoir une campagne agressive pour promouvoir l’usage de ces moyens, et que la "meilleure politique" est celle qui "correspond au plan de Dieu, à savoir s’abstenir de relations sexuelles jusqu’à ce que vous vous mariez et soyez fidèle à une seule personne."[20]

Une meilleure politique ? Pourquoi des prélats comme Levada ne disent pas la simple vérité, à savoir que les actes dont il est question sont des péchés mortels qui peuvent envoyer en enfer une âme pour toute l’éternité ? Pourquoi utiliser une expression subtile "pas en accord avec le plan de Dieu", sans mentionner les terribles et éternelles conséquences du rejet du plan de Dieu ? Comment un archevêque catholique peut-il émettre cette fausse proposition selon laquelle, pour ceux qui de toute façon pécheront délibérément, "utiliser les protections qui sont disponibles pourrait bien être la meilleure part de leur décision" ? Ne sait-il pas que l’usage de ces protections est intrinsèquement mauvais ? Qu’aucune circonstance ne peut en justifier l’usage ? Même en vue de protéger du sida ! A-t-il oublié la mise en garde de St Paul qui enseigne que nous ne pouvons pas faire le mal pour qu’il en sorte un bien ? La théologie morale de Levada paraît aussi bancale que sa théologie œcuménique.

[1] “William Levada”, The San Francisco Chronicle, Don Lattin, October 22, 1995.

[2] “Levada Enters Fray over Holy Rite; No Blanket Denial of Communion for Stand on Abortion”, The San Francisco Chronicle, June 24, 2004.

[3] “Bay Area Bishops Decline Comment", The San Francisco Chronicle, May 31, 2004.

[4] “Say it Isn’t So! Archbishop Levada as Head of the CDF????”, Christopher Ferrara, Fatima Perspectives, May 12, 2005, www.fatima.org.

[5] “Gays at the Gate”, The Weekend Australian, June 10, 2000.

[6] “Looking Ahead”, SF Weekly, April 21, 2004.

[7] “Questions on Sex Issues, Politicians and Sacraments”, The San Francisco Chronicle, May 31, 2004.

[8] Goodbye! Good Men, Michael Rose, (Aquinas Publications, 2002) p. 49.

[9] “Proposed Catechism Stirs Dispute Among Scholars”, New York Times, March 8, 1990.

[10] “How to Keep the Lord’s Day Holy: Year of the Eucharist Pastoral Letter”, Archbishop William Levada, March 31, 2005.

[11] “Hundreds in S.F . Mourn Israeli Victims. Many People of Other Faiths Join Jews to Remember Those K...” The San Francisco Chronicle, March 6, 1996.

[12] “Benedict XVI to Visit Cologne Cathedral”, Zenit, May 13, 2005.

[13] “Political and Faith Leaders Join Forces At Unprecedented Gathering to Address HIV/AIDS”, Business Wire, Dec. 1, 1999.

[14] “S.F. Rabbi, Cantor, Take Podium at Interfaith Peace Service”, Jewish Bulletin, March 28, 2003.

[15] Pope Pius VII, Letter, Post tam diurturnas, Quoted from The Kingship of Christ and Organized Naturalism, Father Denis Fahey, p. 10.

[16] “Bishop’s Pilgrimage Offers Symbol of Unity”, John Allen, National Catholic Reporter, April 23, 2003.

[17] Adista, February 26, 2001: “La decisione del Vaticano II alla quale il papa si attiene, P assolutamente chiara: noi intendiamo l’ecumene oggi non pij nel senso dell’ecumene del ritorno, secondo il quale gli altri devono ’convertirsi’ e diventare ’cattolici.’ Questo P stato espressamente abbandonato dal Vaticano II.”

[18] See “One World Church Starts Up”, Cornelia Ferreira, Catholic Family News, November, 1997

[19] “Open Letter” to the Vatican by Joseph Kung, Cardinal Kung Foundation, March 28, 2000. See http: //www.cardinalkungfoundation.org/cpa/openletter.html#_Toc482165996.

[20] “William Levada”, The San Francisco Chronicle, Don Lattin, October 22, 1995.



C'était il y a plus de dix ans !!!

SC, de plus en plus épouvantée.

     

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 Conversation impromptue avec le cardinal Levada par Sabaoth  (2018-11-17 15:39:11)
      Le pape a raison ! par BK  (2018-11-17 17:18:10)
          oui le Pape a raison pour une part en paroles et gravement tort en actes par Luc Perrin  (2018-11-18 20:42:18)
              Un fil intéressant à relire par Philippilus  (2018-11-18 21:28:36)
                  On trouve décidément par XA  (2018-11-18 21:39:48)
                  le lien ne permet pas l'accès à cette biographie par Luc Perrin  (2018-11-18 22:34:39)
                      Cette "biographie non officielle" est ici ! par Sursum corda  (2018-11-19 01:10:05)
                          Et l'original... par Sursum corda  (2018-11-19 01:15:53)


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