… un temps pour rire, si je puis me permettre d'inverser ainsi les paroles de l'Ecclésiaste.
Ma mère me racontai les obsèques de mon arrière grand-père, qui eurent lieu en 1923 dans ce village de la Meuse dont je parlais. Sa mère et ses tantes portaient des robes de grand deuil comme ci-dessous :
Et pour la messe elles portaient un long voile noir à peine transparent, intégral qui descendait jusqu'à leurs pieds. Seule touche de blanc : un mouchoir de dentelle "maison". Pendant toute la cérémonie, elles restaient à genoux, tête baissée.
Mon grand-père, lui, était en "frac", queue de pie, et cravate noire, sourire en moins, contrairement, bien entendu, à la gravure de mode ci dessous :
Il faut dire que l'ensemble avait une certaine classe et un grand respect … contrairement à ce que l'on peut voir aujourd'hui, par exemple une jeune femme en mini robe rouge dans un récent enterrement (sans messe, malheureusement, et puis dans l'église, certaines personnes ce seraient indignées à juste titre !).
Dans un registre souriant, à la fin des années 1950 est annoncée par l'Archevêché de Yaoundé la venue de Son Eminence le Cardinal Tisserand. Grande réception au Palais du Haut Commissaire (à l'époque Pierre Messmer). Un gros problème : la tenue exigée est de soirée ! Ce devrait être tout à fait plaisant, mais le hiatus est le style des robes de soirée de l'époque jugez ci dessous :
Ces illustrations de Tex Avery diffèrent quelque peu des gravures de mode des années 1920 ! Ajoutons que les robe de l'époque étaient resserrées aux genoux et décolletées jusqu'au bas du dos … du reste, quand il était Nonce à Paris, le futur Jean XXII disait que quand dans une soirée une très jolie dame entrait en robe du soir, tous les regard se tournaient, non vers elle, mais vers lui !
Ma mère, qui était alors la deuxième dame du pays, va au plus vite rencontrer Madame Mesmer pour plaider la tenue de cocktail aux robes certes plus courtes mais décentes. Inflexible, Madame Messmer lui dit que la tenue de soirée restait de rigueur.
Toutes les dames du "gratin" de la ville allèrent d'urgence chercher du tissu assorti à leurs robes pour se faire confectionner de très grands châles …
Lors de la soirée, les dames purent donc sans rougir faire leur génuflexion pour baiser l'anneau de Son Eminence. Mon père, féroce, dit que l'on aurait dit que toutes les Marie Madeleine de la ville venaient se prosterner aux pieds du Christ en cachant leur impudeur !
Ma mère eut un problème : au moment de se relever, sa robe entravée l'en empêcha et il fallut que l'Archevêque l'aide fort charitablement !
Notez que les hommes avaient également leur part de ridicule : le port du spencer, veste s'arrêtant à la ceinture et taillée en pointe devant, en gilet. Leur surnom était "rase pet" ! J'étais gamin et ne comprenais pas le sens de ce surnom …
Pierre.
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