1918, dans ce village de la Meuse, à deux pas du front, raconté par ma grand’mère et ma mère (alors toute petite fille –son premier souvenir d’enfant à près de quatre ans), mon grand-père était toujours à Verdun, gazé, mais survécu jusqu’en 1940. Les officiers allemands lui ont alors rendu les honneurs puis l’ont envoyé à Dijon en voiture dans un hôpital militaire en se faire soigner, sans grand succès . Il est mort en 1943.
Je l’ai entendu raconter tellement souvent quand j’étais gosse que j’espère pouvoir vous en restituer quelques élément de l’ambiance :
L’annonce de l’armistice avait du leur parvenir par télégraphe, et immédiatement, les cloches se sont mises à sonner … le curé faisait l’accolade à l’instituteur rad’soc, lequel est monté illico à l’église pour s’associer aux chants et aux prières du village réuni ! Une messe a été dite.
Et les cloches ont sonné, sonné, sonné … sans discontinuer pendant : 24 heures ! Autant vous dire qu’ils étaient ivres de joie (et vin gris des côtes de Toul pour les quelques hommes, peut-être un petit dé pour les dames, brioche lorraine préparée en masse par le boulanger). Les femmes berçaient en pleurant de joie et de tristesse leurs enfants dont beaucoup étaient alors orphelins de leurs pères.
L’église du village est restée illuminée toute la nuit, personne n’a dormi … et comme à l’époque, les cloches n’étaient pas électrifiées, les enfants de chœur se sont relayés pendant tout ce temps : détail souriant, ils ont rempli leur tirelire, c’était la tradition, quelques sous pour chacune de leurs sonneries … et il y a eu de nombreuses pièces d’or pour chacun, données par un vieux comte qui avait hélas perdu ses deux fils à Verdun. Il lui restait un seul fils, mais naturel : mon arrière grand-père né avant son mariage. Il s'en est beaucoup occupé ainsi que la Comtesse, en bonne aristocrate à l'instar de Madame de Maintenon qui a élevé les enfants de Madame de Montespan. Les enfants de choeur étaient à moitié assourdis et titubaient, selon les témoignages de deux cousins de ma mère alors âgés de 13 et 15 ans, mais avec de l'argent de poche assuré pour longtemps !
Après une messe le 12 et quelques temps de repos, il a fallu revenir à la dure réalité … en attendant 21 ans plus tard !
En UDP pour ceux qui ont défendu notre Patrie, minée de toutes parts.
Pierre.
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