Autant je comprends que l'on puisse être perplexe au sujet de la canonisation de Paul VI, de même que je pense que cette manie de canoniser tous les papes modernes n'est pas toujours très saine, autant la sainteté de S. Jean-Paul II ne fait pas l'ombre d'un doute.

Tous ceux qui l'on côtoyé dans son intimité et dans sa vie quotidienne en témoignent: cet homme vivait immergé dans la prière, immergé en Dieu. Il semblait prier tout le temps. Certaines nuits, il disparaissait, et ses proches le retrouvaient prosterné à plat ventre sur le sol de sa chapelle. Même lorsque, durant les dernières années de sa vie, affaibli par la maladie, il lui était devenu quasi impossible de se mettre à genoux, il se mettait en colère quand ses proches cherchaient à le dissuader de s'agenouiller devant le Saint sacrement, en disant: "C'est quand même le Bon Dieu qui est là, alors aidez moi à me mettre à genoux!".

Loin d'être l'apôtre des droits de l'homme et de la bien pensance que certains médias on voulut faire croire, S. Jean-Paul II a été le pape des saintes colères. Colère contre son propre peuple lorsque dans un discours au cours d'un voyage en Pologne, il critiqua sévèrement l'esprit du libéralisme occidental qui envahissait la société polonaise après la chute du communisme. Sans oublier sa célèbre colère contre la maffia, ou sa réprimande publique du Père Cardenal, prêtre rouge et ministre du gouvernement marxiste lors d'un voyage au Nicaragua.

S. Jean-Paul II a été grâce à son enseignement le pape de la restauration doctrinale et magistérielle: Veritatis Splendor sur les fondements de la morale, Evangelium Vitae sur l'avortement, mais aussi Ecclesia de Eucharistia sur la doctrine eucharistique de l'Eglise, Christus Dominus sur l'ecclésiologie; il a sanctionné beaucoup de théologiens hétérodoxes, dénoncé les abus liturgiques, restauré la dévotion mariale, publié un catéchisme. Son oeuvre de restauration doctrinale, immense, s'est heurtée à une opposition générale, puissante et souvent très virulente ce qui ne l'a jamais empêché de prêcher la Vérité en dénonçant le marxisme, puis la décadence morale et spirituelle des sociétés occidentales qui oublient Dieu pour se tourner vers les nouvelles idoles du matérialisme et de l'hédonisme.

Alors certes, il y a aussi beaucoup de points noirs: l'erreur d'Assise et du Coran embrassé, l'aveuglement sur l'affaire Maciel, une certaine complaisance vis à vis de certaines communautés nouvelles aux pratiques liturgiques douteuses. Mais n'oublions pas que la sainteté n'est pas la perfection, mais un niveau particulièrement élevé de proximité personnelle avec Dieu.

On ne peut pas accuser le pape quel qu'il soit de tout ce qui marche de travers dans le monde catholique. On a tendance à exagérer l'impact d'un pontificat sur le terrain: en général, il est très faible. Un bon pape ne provoque pas nécessairement et automatiquement une amélioration de la situation dans toute l'Eglise. L'Eglise, c'est plus d'un milliard de fidèles répartis sur les cinq continents, dans des contextes culturels et civilisationnels très différents. Le pape ne peut évidemment pas tout contrôler. S. Jean-Paul II a fait ce qu'il a pu dans le contexte difficile qui a été le sien. Il a commis des erreurs, comme tout le monde. Mais je le répète: son enseignement fera date et sa sainteté personnelle ne fait aucun doute.

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