"Mais Dieu, qui sait faire miséricorde, ne peut laisser le crime impuni. Et nous, à l’image de Dieu, nous laisserions le secret empêcher la justice ?
Il y a donc une sorte d’instinct en l’homme blessé qui lui apprend que
la vengeance est aussi inutile que la justice est nécessaire. Reconnaître le crime et la souffrance de la victime appartient au chemin de la justice pour la victime et à la voie de la solidarité pour les autres. On ne peut pas faire l’économie de ce travail de justice même quand il y a prescription juridique. " (p. 13)
(...)
"Sur la croix, le bon larron avait déjà tout saisi, en un instant, grâce à sa proximité avec Jésus en Croix :
« L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre le rabrouait : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » » (Lc 23, 39 à 43)
Le bon larron exprime la distinction et la complémentarité de la justice et de la miséricorde. Il sait que la justice doit s’appliquer en raison des actes commis : « pour nous, c’est juste après ce que nous avons fait. » Mais il croit que lui-même peut être sauvé : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » À la différence du premier malfaiteur, il n’exige pas l’abolition de la justice en exigeant le salut de Dieu (« Sauve-toi et nous aussi »).
Pour être efficace, la miséricorde faite au pécheur doit être précédée de la justice envers le criminel. La justice porte sur des actes, la miséricorde sur la personne. Ce sont là deux dynamismes parallèles, ni opposés, ni confondus."
(p. 18)
extraits de Mieux vaut tard, Lettre pastorale de l'archevêque de Strasbourg datée du 29 août 2018.
Sa conclusion qu'il place sous l'intercession de la bienheureuse Mère Alphonse-Marie Eppinger qui sera exaltée demain :
"Nous avons ensemble la tâche de donner un sens global à toutes ces affaires ténébreuses, un sens au-delà de la condamnation des dérives personnelles d’un prêtre. On ne peut plus les interpréter comme il y a quinze ans. Il s’agit de porter un diagnostic épidémiologique qui peut expliquer bien des sécheresses et des infécondités de notre Église occidentale.
Voilà le sens que j’y vois aujourd’hui.
La parole libérée entraîne d’autres paroles libres. Cette libération de la parole chez les victimes et leurs associations sera peut-être la chance de l’Église pour libérer la parole de l’Annonce, jusque-là enchaînée aux fers du crime. Des chaînes secrètes, invisibles car tenues cachées, retenaient l’Église de courir sur les chemins de la mission malgré des volontés évangélisatrices.
justice - repentance - miséricorde, le triptyque. Et plus de chut-chut.
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