Bonjour et bon dimanche, jejomau.
L'absence de "forces de rappel ad intra" est en effet très inquiétante. Le cerveau des clercs a été lavé, et leurs convictions chrétiennes en sont sorties délavées, lessivées.
Il est vrai que beaucoup a été fait, au moins depuis le début des années 1950, pour que l'on développe le moins possible, au sein de l'Eglise catholique, les capacités de réflexion et de réaction à la fois orthodoxes et personnelles des clercs catholiques, d'où l'absence ou le déficit de courage intellectuel qui sévit depuis le début de l'apparition du néo-modernisme.
Soyons sans la moindre illusion : ce qu'il y a de plus conservateur, ou de moins rénovateur, dans le Magistère post-conciliaire, en ce qu'il l'est moins axiologiquement que chronologiquement, pour ainsi dire, n'a jamais été reçu "en plénitude" au sein du catholicisme contemporain européen et/ou occidental.
Et quand il n'a pas été "non reçu" par hostilité, par opposition, ou par réticence, il a été "non reçu" par ignorance, par négligence, ou par scepticisme.
Qu'est-ce qui fait le plus autorité, dans les esprits et dans les faits, dans ce qui est dit et dans ce qui est tu, aujourd'hui, dans l'Eglise catholique, dans bien des analyses, des commentaires, des explications, des appréciations, que ce soit dans l'ordre du croire ou dans celui de l'agir ? Telle est bien, je le crois, LA question.
Nous savons bien que ce n'est ni avant tout l'Ecriture, ni avant tout la Tradition, ni avant tout le Magistère, en ce qu'il a de plus orthodoxe et régulateur, ne serait-ce que parce que nous sommes en présence d'innombrables prises de parole et de position cléricales qui ne sont pas caractérisées, c'est le moins que l'on puisse dire, par une saturation de leur contenu par d'abondantes références explicites à l'Ancien Testament, au Nouveau Testament, aux Pères de l'Eglise, aux Docteurs de l'Eglise, ou au Catéchisme de l'Eglise catholique, etc.
Alors quelle est vraiment l'instance "philosophico-théologique" qui fait le plus autorité, dans les esprits et dans les faits, dans ce qui est fait et dans ce qui est défait, aujourd'hui, dans l'Eglise catholique, sinon la "Geist-Anschauung" postmoderne, c'est-à-dire la conception de l'Esprit divin et de l'esprit humain qui fonctionne non avant tout à "l'affirmation", mais avant tout au "dépassement", et qui fonctionne à la déconstruction et à la destitution des stéréotypes avant tout hérités de l'histoire et de l'intérieur de l'Eglise, et à l'imposition, potentiellement hégémonique et irréversible, d'autres stéréotypes, qui se veulent seulement ouverts sur l'avenir du monde et l'extérieur de l'Eglise ?
Bon dimanche.
Scrutator.