J'apprécie beaucoup Alain de Benoist, mais il est franchement dans la mouvance néo-païenne. Je m'étonne qu'il défende l'idée d'un Saint Empire modèle de chrétienté.

Mais d'ici là, permettez-moi de ne pas partager les arguments que vous mettez en avant.

D'abord, votre banane bleue ne saurait témoigner d'une supériorité spirituelle du Saint Empire.
- le dynamisme démographique ou économique n'a jamais révélé une quelconque supériorité spirituelle d'une région. Ce serait une vision très luthérienne (relisez Max Weber) et elle reviendrait à accorder une prime à la Chine, l'Inde, l'Afrique, Singapour, la Californie, etc.
- Londres fait partie de la banane bleue mais n'a jamais été terre d'Empire.
- Vous y trouvez la Suisse et la Hollande, deux des principaux bastions protestants. Bravo l'héritage spirituel ! D'ailleurs, la moitié du Saint Empire a abjuré la vraie foi.
Sur le caractère centralisé de la monarchie française : premièrement, celui-ci est venu tardivement. Deuxièmement, il fut très respectueux de ce que l'on appelle aujourd'hui le principe de subsidiarité. Vous aviez des privilèges, c'est-à-dire des lois propres aux provinces ou aux corporations, issues de leurs traditions respectives. Ce n'est pas pour rien que Louis XVI parlait de "ses peuples de France". Rien à voir avec la centralisation totalitaire à la mode républicaine.

Quant aux traditions chrétiennes, elles plaident plutôt pour la France : notre pays a été à l'origine de l'architecture dite gothique. La France a alimenté l'esprit de la chevalerie, elle fut le moteur des croisades. Cîteau était la mère de toutes les abbayes de la Chrétienté occidentale et la Sorbonne le haut lieu des études théologiques. Ce n'est pas pour rien que saint Thomas d'Aquin y enseigna. Ou plus tard Saint Ignace de Loyola, ce qui fait que la Compagnie de Jésus fut fondée à Paris. C'est parce que la France était profondément catholique qu'elle a su absorber le protestantisme qu'un mauvais roi (François 1er) avait laissé prospérer.

D'une manière générale, il est vain de débattre du caractère plus chrétien de tel ou tel pays. Que la France ait une place de choix dans l'économie du salut, c'est certain. Cette prédilection divine oblige notre pays et la fille aînée n'est pas toujours la plus fidèle, comme l'a dit le pape François 1er. L'Espagne a toujours été plus fidèle. Et je ne parle pas de l'Irlande, terre des saints, christianisée sans un seul mort, restée fidèle à la vraie foi au prix de millions de morts.

Sur la différence entre royaume et empire, voici ce que dit Saint Alphonse de Liguori : "Selon la remarque du Bienheureux Albert le Grand, le nom même de Reine éveille l'idée de compassion, de sollicitude en faveur des pauvres, à la différence du nom d'Impératrice, qui signifie sévérité et rigueur. Et, d'après Sénèque, la vraie grandeur des rois et des reines consiste à soulager les malheureux. A la différence donc des tyrans qui gouvernent dans des vues exclusivement personnelles, les rois doivent se proposer pour unique fin le bien de leurs peuples. "
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