Le pape n'utilise pas la crosse épiscopale car, disaient les théologiens du Moyen Âge, sa juridiction ne lui est pas attribuée par un homme mais directement concédée par Dieu (en vertu de l'élection canonique). Immémorialement il se servait d'une "férule", mot malencontreux pour désigner un bâton pastoral surmonté d'une croix. Mais cet usage était tombé en désuétude car il n'était pas liturgique. Les papes s'en servaient exceptionnellement - ou parfois de la croix papale à trois branches - pour les ouvertures et fermetures des portes saintes lors des jubilés. ICI. Paul VI y est revenu pour l'usage liturgique et donc de manière habituelle avec sa croix moderniste et avant-gardiste, réutilisée par ses successeurs. Il faut dire à la décharge de Paul VI qu'il était féru d'art contemporain. Il voulait donc intégrer, symboliquement, l'art moderne dans la liturgie. Pourquoi pas ? Nous ne pouvons pas le juger.
J'ai lu ce commentaire dans plusieurs articles : cette croix avant-gardiste dont les traditionalistes ont horreur !
Rappelez-vous, pour illustrer la chose, cette anecdote racontée par Jean Guitton. Paul VI, voulant monter un musée d'art contemporain, avait envoyé son ami Guitton discrètement à la collecte des œuvres. Guitton sonne à la villa de Picasso, à Mougins. "Qui êtes-vous ? - Je suis Jean Guitton envoyé par le pape pour demander à Picasso un tableau pour son musée d'art contemporain - Vous direz au pape, répond la voix, que Picasso, il n'est pas là." Guitton ajoute : j'ai parfaitement reconnu la voix de Picasso.
L'usage de la férule par les pontifes romains, insigne de pouvoir plus qu'ornement liturgique, est attesté dès le premier millénaire s'il était tombé peu à peu en désuétude. ICI. Il serait hérité, d'après cet auteur, des insignes consulaires attribués à l'évêque romain.
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !