Quant à converser dans la langue de l'Eglise... Beaucoup de prêtres tradis eux-mêmes auraient bien du mal à le faire, faute d'expérience et d'habitude.
C'est vrai.
Il faut faire l'expérience et en prendre l'habitude, et pour cela, bien entendu, il faut en avoir l'occasion et les occasions sont rares.
Mais l'expérience démontre que si le candidat a une solide connaissance de la grammaire (évidemment des déclinaisons et des conjugaisons, et pour la syntaxe de la
consecutio temporum notamment), s'il se met à parler, il sera vite engagé sur la bonne voie, hésitant au début, certes.
En principe les cours de théologie et du droit canon sont donnés, exclusivement et obligatoirement, en latin, dans les séminaires et les universités. Un latin certes peu littéraire et parfois même franchement mauvais, cela dépend beaucoup.
Faute de
materia prima, c'est loin d'être le cas aujourd'hui, même dans des instituts "tradis", et même si ce fut le cas, jadis, pour les plus âgés, le temps des études est lointain pour la plupart d'entre nous. Personnellement j'ai eu un cours et plusieurs conférences en latin, et j'en ai donnés moi-même, mais pas en théologie ou en droit (je suis trop jeune), plutôt en philologie et histoire anciennes, et un peu en dehors des circuits habituels. C'est encore différent.
A défaut de parler ou d'écrire, on peut toujours lire.
Lire, lire et encore lire, toujours lire, dans le texte, quitte à ne pas toujours tout comprendre tout de suite. Comme lire l'anglais ou une autre langue étrangère, où parfois le contexte nous fait comprendre le sens de la phrase sans que l'on prenne tout de suite le dictionnaire en main pour vérifier.
Cela aide beaucoup pour assimiler,
sensim sine sensu, l'idiome et le génie de la langue, et après un certain temps, on découvrira avec joie qu'on a beaucoup avancé, presque sans se rendre compte du fait.
Mais il reste vrai que c'est une grande erreur de traiter les langues dites mortes autrement que les langues vernaculaires actuelles dans l'apprentissage. Une langue est une langue et pour l'apprendre toutes leurs fonctionnalités demandent à être apprises et exercées.
Ainsi, le thème, la composition, l'oraison ou le colloque libre (si le vocabulaire de la langue en question le permet) sont, à côté de la version, autant de moyens qu'il faut utiliser pour pratiquer, sinon les connaissances claudiqueront toujours.
Pendant mes études il m'est arrivé, un peu par curiosité car ce n'est pas mon domaine, de prendre en main la magistrale
Egyptian Grammar de l'égyptologue anglais Alan Gardiner. Une phrase dans sa préface à la seconde édition m'a marqué et mérite d'être méditée. On ne pourrait dire chose plus vraie.
I reiterate with all possible emphasis my conviction that no student will ever obtain a mastery of Egyptian or of any other foreign language unless he has schooled himself to translate into it with a high degree of accuracy.