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L'omniprésence médiatique du pape....
par Anne Charlotte Lundi 2013-04-29 09:07:25
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«L’exposition médiatique du Pape est un phénomène qui peut nous sembler ‘normal’, et qui l’est en fait dans la phase actuelle de l’histoire ; mais ce phénomène est si spectaculaire qu’il affecte inévitablement la vie des catholiques, si ce n’est pas dans la substance de leur foi, ce l’est du moins dans leur façon de vivre cette foi. Des siècles durant, un catholique pouvait tranquillement mourir sans même savoir qui était le Pape de Rome ; ou en le sachant seulement de façon assez brumeuse, ignorant s’il était gros ou maigre, grand ou petit, taciturne ou bavard, très fin théologien ou très rustique pasteur. Pendant des siècles, savoir qu’il y avait à Rome un homme qui était le vicaire du Christ sur la terre, que cet homme, dont la succession était certaine, gardait le dépôt de la foi qu’il professait, reçue de ses ancêtres, était assez pour un catholique. Des siècles ont passé pendant lesquels un catholique vivait sa foi dans la prière, dans la fréquentation des sacrements et la célébration communautaire ; où il ne recevait d’enseignements que du curé de son village, trônant dans sa chaire, et de ses aînés dans la chaleur du foyer. C’est ainsi que les choses se sont passées depuis la fondation de l’Église jusque à il y a peu de siècles, et ce furent les siècles d’or de la Chrétienté.

Avant l’arrivée de cette phase médiatique de l’histoire, il y en eut une autre, intermédiaire, pendant laquelle le succès de la presse permit à un catholique curieux de connaître les prises de position des papes sur des questions de foi et de mœurs, à travers leurs encycliques ; mais aussi, quand c’était le cas, les difficultés rencontrées par la papauté dans le concert politique international. Lors de cette époque, un catholique connaissait l’effigie du Pape, grâce aux petites estampes et, s’il était lecteur avide de journaux et revues, pouvait se faire une idée sommaire des lignes maîtresses de son pontificat. Mais l’immense majorité des catholiques restait ignorante de telles particularités, vivant encore sa foi à la manière traditionnelle : en communion avec les autres fidèles de sa contrée et écoutant les enseignements du curé du village, qu’il fût saint ou de mœurs relâchées, parfois même dissolues – affaire qui semblait assez triviale au catholique ordinaire : car savoir que, saint ou libertin, ce curé, pendant qu’il disait la messe, était ‘un autre Christ’ était suffisant pour lui. Il s’agissait d’une époque où les institutions restaient au dessus des personnes qui les incarnaient.

Mais cette phase médiatique de l’histoire est arrivée, et tout s’est désorganisé. Voici que le Pape, tout à coup, est devenu une figure omniprésente ; et le catholique ordinaire a commencé à connaître au sujet du Pape des choses intimes inouïes : s’il souffrait de la goutte ou s’il était chauve ; s’il aimait le foot ou les échecs ; s’il était austère ou somptueux dans sa manière de s’habiller ; s’il chaussait des souliers de maroquin ou de canepin ; s’il prenait plaisir à mettre le chapeau de mariachi ou le tricorne dont les fidèles qu’il recevait en audience lui faisaient cadeau, ou s’il déclinait un honneur aussi douteux. On tint qu’en connaissant ces intimités inouïes le catholique pouvait aimer le Pape plus parfaitement, qu’il deviendrait de cette façon plus «humain», plus «proche» et «accessible». Propos d’autant plus grotesques que le Pape n’a d’autre mission sur la terre que d’être le vicaire du Christ et que, pour approcher le Christ, pour le faire plus «humain», «proche» et «accessible», c’est le Christ lui-même qui nous a donné la recette : «Car j’ai eu faim et vous m’avez nourri ; je fus assoiffé et vous me donnâtes à boire ; je fus étranger et vous m’avez donné refuge… etc.» Ce n’est pas en connaissant des intimités inouïes du Pape que le catholique approche le Christ, mais en souffrant avec les petits dans lesquels le Christ se cache.

On peut bien se demander si, en revanche, cette omniprésence médiatique du Pape ne contribue point à distraire ou à refroidir la foi du catholique. On peut se demander si le suivi médiatique du Pape, pas seulement dans ses prises de position sur des questions qui affectent la foi et les mœurs, mais dans les âneries quotidiennes les plus variées, ne génère point quelque sorte de ‘papolatrie’ tout étrangère à la tradition catholique, et qui frôle souvent le phénomène ‘fan’ provoqué par des chanteurs, des footballeurs et des acteurs. On peut encore se demander si cette exposition médiatique tellement abusive ne génère pas une distorsion dans la transmission de la foi. Car si le Christ avait souhaité que la foi fut transmise ‘en grand’ il aurait inventé d’un coup le porte-voix, la radiophonie, les antennes relais, la ligne ADSL, la télévision digitale et les réseaux sociaux d’Internet ; mais, pouvant le faire, Il préféra que la foi fût transmise dans la chaleur humaine, à travers des petites communautés qui grandirent moyennant le témoignage personnel et intransférable, cœur-à-cœur, de ses disciples.»
Suite...

     

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