J'ai regarde les documentaires "El sistema", c'est tout à fait ce que j'ai vu.
Que devienne les enfants adultes ?
Quasi tous restent musiciens ...
Qu'est-ce qu'un musicien ?
Un coeur qui aime la musique et sait la donner, la faire aimer, et a envie d'y travailler quand il en a l'occasion.
Ces enfants deviennent sûrement meilleurs en eux-mêmes que s'ils n'avaient pas eu la musique dans les veines, dans le coeur, dans la mémoire, dans l'âme.
La musique est divine, comme l'écrit si bien Hildegarde quand elle proteste contre la punition imposée à son couvent de ne plus chanter les offices.
Il n'importe pas que tous deviennent prodiges exposés, publiés, applaudis (risque d'orgueil pour trop d'entre eux). Il importe que tous aient eu la chance de jouer leur musique et l'occasion de l'aimer et de la donner à d'autres. C'est pour cela que les concerts et auditions sont fréquents; ce sont de bons challenges, les profs le savent.
Avec cette méthode, dès qu'on sait jouer un morceau, on le garde, on l'entretient, on s'y réfère pour revoir un point technique tant l'ordre est judicieux ; on revient l'exercer, le manipuler dans tous les sens lors des leçons de groupe fréquentes. Sans partition évidemment. Les enfants ont ainsi frais en mémoire et dans les doigts une cinquantaine de morceaux dès 8 ans. Pas de classe d'âge, seul le niveau joué compte, on est loin de Procuste !
Ils jouent par coeur (pas par tête) et s'amusent vraiment. Il faut les voir en stages se placer dans les couloirs et commencer à jouer entre eux... Il faut même les arrêter, pour les envoyer dormir... après 5 à 7 heures de cours. Et que de joies dans leurs yeux !
Une bien plus grande proportion de ces enfants continue à jouer, et surtout à transmettre cet amour. De la musique folklorique pour débuter, et classique dès la 2ème année.
Voilà ce que j'ai vu.
De plus en plus de lauréats internationaux sont passés par cette méthode... Pour un professeur issu des conservatoires, c'est une conversion, un retournement.
La bande annonce du film de Meryl Streep me semble refléter ce que j'ai pu voir.
Les profs issus de la méthode de Suzuki se reconnaissent entre mille, une approche intérieure, une résonance corporelle, et un contact inné avec les gestes : ils sont l'interprète que les enfants réclament et imitent. Étonnante symbiose qui dégage l'enfant de la mentalisation que le fonctionnarisme du solfège d'abord démolit tellement souvent.
La musique reste incarnée, sensible, aimée d'abord avant d'être décortiquée en notes et accords scolaires.
Voilà, Dame Balbula ce que j'ai pu voir.
C'est un grand cran au dessus des chorales de A Coeur Joie, qui n'ont pas gardé la barre assez musicalement haute. Dommage, c'était bien parti au début.
La formation de chefs de choeur d'enfants de A Coeur Joie était pourtant bien pédagogique, mais moins précise techniquement.
Il y a un orchestre issu des rues à Kinshasa.
Il y en a d'autres certainement.
Enseigner en musique classique, cela change tout. Ils sont capables.
Alors les jazz ou folklore viennent tout seuls sous leurs doigts.
J'ai aussi vu des adultes, des parents qui soutiennent leurs enfants débutants, et d'autres prendre violons, piano, violoncelles à l'âge adulte. Cela fonctionne... Le solfège vient après, pour aider la mémoire, car les adultes l'ont moins bonne que les enfants, moins incarnée... et ont besoin de béquilles, hélas.
Il est certain que scolairement on voit une différence entre les enfants musiciens avec ces méthodes. Une expérience d'école a eu lieu à Matsumoto. trop bons résultats, on a dispersé, hélas.
Si on enseignait le caté, le grégorien et la liturgie ainsi... que ne verrions-nous lever dans les jeunes générations ! Des catholiques au coeur vivant !
Glycéra
dont le coeur vibre de cet espoir...