Je n’ai aucune qualité pour lancer un appel.
Je n’ai pour cela d’autre légitimité que celle de mon baptême.
Je suis un laïc du rang, parfaitement inconnu de la plupart ici.
Si j’écris ces lignes, c’est parce que j’ai l’intime conviction que le mouvement traditionaliste vit en ce moment-même des heures cruciales. Je le fais sans brouillon et d’un seul trait, seulement guidé par ce que je crois.
Je l’ai déjà dit, l’ombre de l’Ennemi plane au-dessus de nous en ce moment.
Pour connaître un petit peu l’histoire de ce que nous appelons un peu abusivement « la Tradition », pour avoir une vague idée des tempêtes jusque-là parcourues, pour avoir senti toute la profondeur des blessures qui ont déjà plusieurs fois touché l’Eglise, la Tradition, nos communautés, nos Fraternités, nos familles, je vous supplie humblement, qui que vous soyez et quelque puisse être l’opinion que vous avez des évènements actuels, de bien réfléchir et de beaucoup prier.
Tout peut-être perdu si nous ne prenons pas le temps du recul, de la réflexion et –surtout- de la prière.
Je sais être bien mal placé pour tenir ce langage aujourd’hui et devant vous, tant mes messages ont parfois été excessifs dans leur ton et dans leur forme.
Mais nous n’avons pas idée, chers amis, du poids qui pèse sur nos têtes, à nous, catholiques traditionnels. Nous n’avons pas idée de la responsabilité qui est la nôtre en ces heures. Nous vivons des moments dramatiques au cours desquels, je le répète, nous pouvons gâcher quarante années de résistance et de combat pour la Foi, pour l’Eglise, pour la Messe.
Certains savent ici le prix de la division, ils l’ont expérimentée jusque dans leur famille. Certains ont assez vécu pour se souvenir de ces heures de transe, qui exhalent le souffre et le feu lorsque les mots ultimes sont lâchés et que les dernières limites sont franchies.
Je crois sincèrement que nous traversons en ce moment des heures plus dangereuses qu’en juin 1988.
Car, en 1988, même si l’on pouvait diverger sur l’attitude à adopter, les choses étaient claires et le choix assez facilement posable.
Car en 1988, que l’on soit d’accord ou pas avec ce qu’il faisait, Mgr Lefebvre était là.
Ce que je crains dans la situation actuelle, c’est son caractère fort nébuleux et vague. Que savons-nous au juste de ce qu’a dit Rome ? Quelle est notre connaissance exacte des sentiments de Mgr Fellay ? Que veulent, que pensent, à quoi sont prêts les trois autres évêques ? Et les supérieurs de communautés ? Et la majorité des fidèles ?
Soyons honnêtes, nous ne savons rien. Rien en tout cas qui légitime le déchaînement que nous sentons poindre et qui peut arriver très vite.
Les contours du problème sont bien imprécis et trop indistincts pour que nous nous emballions, dans un sens ou dans un autre.
Pendant ce temps, nous avons Internet.
Internet qui n’était pas là en 1988. Internet dont nous avons déjà expérimenté ce qu’il pouvait avoir d’infect. Internet qui décuple les effets d’annonce et les montées d’adrénaline.
Internet qui va très vite tout faire exploser si nous ne décidons pas –encore une fois, quelques soient nos positions- de choisir la prière et la réflexion plutôt que la passion et l’imprudence.
Le Bon Dieu nous laisse libres, je pense même qu’Il regarde avec quelque intérêt l’usage que nous allons faire de cette liberté dans les heures, les jours et les semaines qui viennent.
De grâce, mes amis, soyons sages.
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