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Ouest-France / Bretagne / Rennes
Manif intégriste à Rennes : Mgr d'Ornellas réagit
mercredi 09 novembre 2011
" Mgr d'Ornellas dit comprendre « les blessures des catholiques », mais estime que manifester jeudi serait « une erreur de perspective ».
Mgr Pierre d'Ornellas, l'archevêque de Rennes, fait part de ses réflexions sur l'appel à manifester, jeudi, de chrétiens intégristes opposés à une pièce présentée au Théâtre national de Bretagne.
Que pensez-vous de cette protestation contre « Sur le concept du visage du fils de Dieu », le spectacle de Romeo Castellucci, et de l'appel à manifester jeudi ?
Je l'ai déjà dit, c'est une erreur de perspective. Mais je vois dans cette « protestation » un certain ras-le-bol devant des prises de position contre l'Église ou le christianisme, caricaturales et fausses. Elles ne rencontrent pas la vie réelle des catholiques, en particulier des jeunes qui sont heureux de croire au Christ. Ils en ont marre et veulent le dire. Je les comprends. Ils sont les « indignés » du faux procès fait au christianisme. Castellucci me paraît étranger à ce procès.
Votre sentiment sur l'Institut Civitas à l'origine de cet appel ?
Ils prétendent défendre Jésus-Christ. En a-t-il besoin ? Pourquoi n'utilisent-ils pas les armes de l'Évangile : « aimez vos ennemis », « soyez vainqueurs du mal par le bien », « pardonnez » etc. ?
Que savez-vous personnellement de ce spectacle ?
J'ai lu les interviews que Castellucci a données sur sa pièce et j'ai écouté ceux qui sont allés la voir. L'un d'eux, versé dans l'art, m'a écrit : « La compassion du fils qui prend sur lui la déchéance de son père est admirable de vérité simple et humaine. La scène se déroule sous le regard d'amour de Jésus tel qu'Antonella da Messina l'a immortalisé, et quel respect, quelle douceur dans cette présence ! » Quant à la fin de la pièce, la scène réaliste lui semble concerner le drame de la croix qui nous sauve aujourd'hui. C'est pourquoi, il continue : « La transformation que l'artiste fait subir à l'image de Jésus prend tout son sens, qu'il est impossible d'interpréter comme une violence faite au Christ, bien au contraire. Le visage se fait psaume chargé d'espérance : « Tu es mon berger », et s'il est écrit, à peine visible, un « non », c'est pour laisser au spectateur la liberté d'interpréter l'acte final. » A chaque spectateur donc de se faire une idée.
Quelles informations vous remontent du terrain ?
Beaucoup sont apaisés par des explications. Mais je comprends les blessures des catholiques. J'entends leurs souffrances. Les codes artistiques ne sont pas évidents, aujourd'hui comme hier. Ils sont souvent des provocations, parfois ambiguës ¯ mais dans cette pièce, pas contre les gens ni contre le Christ ¯, pour que le spectateur voie ce qu'il ne voit habituellement pas. Face à ces expressions culturelles, que les catholiques ne s'enferment pas dans la peur ou la méfiance. Qu'ils soient fiers de leur foi. Beaucoup dans la société reconnaissent leur apport, aussi bien intellectuel que dans la solidarité. Castellucci et d'autres artistes, peut-être chercheurs de Dieu, expriment à leur manière la quête de nos contemporains vis-à-vis de la transcendance. Les catholiques ont une belle mission auprès d'eux : vivre l'Évangile pour témoigner de Dieu !
Comment réagissez-vous au soutien apporté par l'évêque de Vannes à la mobilisation ?
Entre évêques bretons, nous avons échangé sur la pièce. Notre communion fraternelle ne se joue pas sur le goût artistique ! Mgr Centène sent une exaspération des catholiques, à laquelle s'ajoute la persécution des chrétiens au Moyen-Orient, au Nigéria. Oui ou non, la religion engage-t-elle au dialogue ? Sans ambiguïté, nous répondons oui. " Propos recueillis par Benoît Le Breton
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