je n'ai pas osé vous le dire de crainte qu'il tombe à côté ou que les services secrets ne vous le piquent.


Vous étiez en lettres modernes? Moi aussi. Mais je n'y étudiais guère de poésie. En tout cas, on ne nous dispensait pas de cours en fonction des genres littéraires. La méthode globale était poussée jusqu'à l'université.


Je ne vous dis pas que la pièce dont il est question s'apparente à de la poésie. Simplement, elle entre dans l'acception de l'art, tel qu'on l'entend aujourd'hui. Il faut donc adapter notre opposition à cette pièce en fonction de l'acception de l'art que promeuvent nos élites ou "la volaille qui fait l'opinion, poulailler song!" Il faut leur renvoyer la balle en leur parlant de "performance". La "performance" est la contre-offensive que ces manifestants pourraient brandir à la barbe de leurs détracteurs, parmi lesquels, et non des moindres,ce soir, Christophe Girard, adjoint au maire de Paris (qui porte plainte), délégué à la culture, monta au créneau sur Europe I. C'est le même qui dénonça en son temps l'occupation de saint-Nicolas du chardonnet. Il faut retourner contre ces défenseurs du droit au blasphème leurs armes au nom de la liberté de blâmer.


Pour moi, suis-je un censeur? Non, mais je n'aime pas davantage ceux qui censurent les censeurs, et je ne suis pas sûr que le droit au blasphèmme soit très républicain au sens où j'entends "la chose du peuple". La liberté de blâmer existe, la liberté de blesser est plus contestable. Ceux qui mettent en scène cette pièce prennent le parti délibéré de blesser les catholiques et s'offusquent qu'ils se défendent, leur en contestent le simple droit.


Comment vous dire? Le public qui prend ses réservations au théâtre de la ville pour aller voir ça me paraît composé de bourgeois. Oh certes, il n'a plus rien à voir avec la bourgeoisie des années où vous et moi devons être nés (le milieu des années 70 pour moi). Mes parents étaient des post-soixante-huitards de centre droit un peu bohèmes (comme moi) qui divorcèrent comme de juste, mais ils savaient se tenir et garder leur dignité. Cette bourgeoisie spectatrice est passée du côté du manche, qui se trouve être celui de l'inversion des valeurs. Ce sont des "bobos", mais ils connaissent la bohème comme je sais conduire une voiture.


Les manifestants qui s'opposent à cette bourgeoisie-là se définiraient bien volontiers comme des anticonformistes. Je leur récuse cette étiquette. C'est au nom de la conformité aux valeurs d'ordre qu'ils défendent qu'ils s'opposent à la partie de plaisir que veulent s'offrir ces bourgeois en se moquant du Christ. Loin d'être des anticonformistes, ce sont des hyperconformistes ou des hyperbourgeois, que la société moderne préfère appeler des post-bourgeois. Car la société moderne se donne des apocalypses à bon marché et se croit déjà arrivée à l'ère de la post-humanité.


Les hyperbourgeois sont les mencheviks de notre démocratie. Moi, l'ultradémocrate, je parais n'en pincer que pour la majorité, que nenni! L'hyperdémocrate écoute la voix de la minorité. Il est son plus grand protecteur lorsque la majorité se croit autorisée de sa masse pour lyncher la minorité. Etant, contrairement à vous, féru de poésie et en écrivant moi-même, de la classique et de l'automatique (visitez mon blog poétique, je vous y invite et vous y presse,http://www.cooperativepoetique.blogspot.com, je me place dans la posture du poète, je sors de la salle en défense des mencheviks molestés, je suis de leur côté, car je pense comme Marina Tsvetaieva que, si les spectateurs du théâtre de la ville sont des bourgeois, si leurs adversaires sont des hyperbourgeois, "le poète est un contre-bourgeois", un peu comme devait être le christ : ils ne se mettent pas dans la mêlée, ne hurlent pas avec les loups, ne tirent jamais sur une ambulance, ne sont pas du monde et ne comprennent pas, lorsqu'on vient les arrêter, qu'on déploie l'antigang comme pour arrêter Mesrine alors qu'on n'a jamais caché, ni son nom, ni son faciesse, comme le Christ a toujours prêché dans le Temple à visage découvert.


Je crois n'avoir manifesté qu'une fois dans ma vie, mais je suis aux côtés de ceux qui se font arrêter, surtout si c'est pour l'honneur du christ, car figurez-vous que c'est mon Maître! Par bravade, j'aime à me dire anarco-catholique, mais je n'ai pas, ni dieu, ni maître: j'ai un Dieu et un Maître, c'est le même que le vôtre.


Toutes mes prières vont aux combattants incompris du combat pour l'Honneur de Jésus-christ, supérieur à la liberté d'expression, même si l'interdiction par les pouvoirs publics ne serait pas une solution. Il vaudrait mieux que ceux qui financent ces sacrilèges se lassent. En n'oubliant pas qu'ils aiment bien créer le "buz"!


Eh oui, toutes mes prières, Monsieur l'abbé Pozzetto, car je ne suis pas qu'un hystrion qui parle, je suis aussi un priant qui me tait.

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !