Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

Forte baisse de l'élan missionnaire
par Jean Kinzler 2016-11-05 13:18:16
Imprimer Imprimer

François:"Est-ce que tu vas convaincre quelqu’un de se faire catholique ? Non, non, non ! Va le rencontrer, il est ton frère. Et cela suffit".

Lors de la célébration en Suède du cinq-centième anniversaire de la Réforme protestante, François a esquivé les points d’opposition. Mais ils subsistent tous. Et, dans le même temps, il continue à condamner le "prosélytisme", alors mêême que, dans l’Église, l’élan missionnaire connaît une forte baisse .
par Sandro Magister

Extraits de l'article:


MISSION


Enfin, à Lund, le pape François n’a rien ajouté, en ce qui concerne la mission évangélisatrice de l’Église, à ce qu’il a déjà dit et redit des dizaines de fois, la dernière remontant à quelques jours avant son voyage, à l’occasion d’une interview qu’il a accordée au jésuite suédois Ulf Jonsson pour "La Civiltà Cattolica" :

"Il y a un critère qui devrait être très clair dans notre esprit en toutes circonstances : faire du prosélytisme dans le domaine ecclésial, c’est un péché. Benoît XVI nous a dit que l’Église ne grandit pas par le prosélytisme, mais par attraction. Le prosélytisme est un comportement coupable".

De même, le 13 octobre, s’adressant à un groupe nombreux de luthériens venus en pèlerinage à Rome, François a fait la déclaration suivante :

"Le prosélytisme est le poison le plus violent qui puisse attaquer la démarche œcuménique".

Et il a réaffirmé la même idée, toujours cette année, en s’adressant aux chrétiens orthodoxes.

À Tbilissi, en Géorgie, le 1er octobre :

"Il existe un gros péché contre l'œcuménisme : le prosélytisme. Il ne faut jamais faire de prosélytisme envers les orthodoxes".

Et à Cuba, le 12 février, dans la déclaration qu’il a faite conjointement avec Cyrille, le patriarche de Moscou :

"La mission de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui… comporte le respect réciproque envers les membres des communautés chrétiennes et elle exclut toute forme de prosélytisme".

Dans ce dernier cas, François avait précisé ce qu’il entendait par prosélytisme : "l’utilisation de moyens déloyaux pour inciter les croyants à passer d’une Église à une autre, en niant leur liberté religieuse ou leurs traditions".

Toutefois Bergoglio n’a presque jamais été aussi attentif à définir la signification et l’ampleur de sa condamnation du prosélytisme.

Dans la majorité des cas, cette condamnation qu’il formule ne se limite pas à exclure la conversion des protestants et des orthodoxes à la foi catholique mais elle semble s’étendre à l’intention de faire des disciples et de baptiser tous les peuples.

Le 7 août 2013, s’en prenant pour la première fois au prosélytisme en tant que pape, Bergoglio avait déclaré, dans un message vidéo adressé aux Argentins à l’occasion de la fête de saint Gaétan de Thiène :

"Est-ce que tu vas convaincre quelqu’un de se faire catholique ? Non, non, non ! Va le rencontrer, il est ton frère. Et cela suffit".

Le 1er octobre, à l’occasion d’un entretien avec Eugenio Scalfari, qui est le fondateur du quotidien "La Repubblica" et un représentant de premier plan du courant de pensée laïciste, le pape s’était montré encore plus péremptoire, si la transcription de ses propos par Scalfari est fidèle :

"Le prosélytisme est une solennelle sottise, il n’a pas de sens”.

Et au mois de novembre de la même année, dans un entretien avec Abraham Skorka, son ami juif, le pape se serait exprimé de la manière suivante, si l’on en croit ce que Skorka lui-même a rapporté à "L'Osservatore Romano" :

"Je considère que les interventions de Bergoglio contre le prosélytisme sont d’une grande valeur. C’est une question à propos de laquelle il s’exprime avec vigueur et avec une insistance toute particulière et ses déclarations ont encore plus d’importance si l’on prend en considération le contexte d’évangélisation dans lequel ses interventions ont lieu. Bergoglio m’a précisé que ce concept avait déjà été expliqué par son prédécesseur, cependant le pape actuel se montre plus incisif dans ce domaine. En effet il faut se rappeler que, il n’y a pas si longtemps encore, l’évangélisation pouvait être inévitablement associée au prosélytisme. Tandis que, maintenant, le pape parle uniquement de rapprocher les catholiques de la foi".

La référence que François fait quelquefois à son prédécesseur n’est pas infondée. En effet, en 2007, à Aparecida, Benoît XVI avait présenté la véritable mission de l’Église de la manière suivante :

"L'Église ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par "attraction" : comme le Christ "attire chacun à lui" par la force de son amour, qui a culminé dans le sacrifice de la Croix, de même l'Église accomplit sa mission dans la mesure où, associée au Christ, elle accomplit chacune de ses œuvres en conformité spirituelle et concrète avec la charité de son Seigneur".

Cependant, en cette même année 2007, la congrégation pour la doctrine de la foi, à la demande de Benoît XVI lui-même, avait publié une "Note doctrinale relative à certains aspects de l’évangélisation" qui avait pour but non pas de freiner des excès de prosélytisme inexistants, mais bel et bien de revigorer l'impulsion missionnaire de l’Église, paralysée par des idées telles que la suivante :

"On dit qu’il suffit d’aider les hommes à être plus humains ou plus fidèles à leur religion, qu’il suffit de construire des communautés capables d’agir pour la justice, pour la liberté, pour la paix, pour la solidarité. En plus de cela, il y a des personnes qui soutiennent que l’on ne devrait pas annoncer le Christ aux gens qui ne le connaissent pas, ni favoriser les adhésions à l’Église, parce qu’il serait possible d’être sauvé même sans cette annonce".

En effet, l’un des facteurs de crise les plus préoccupants que connaisse l’Église postconciliaire a été la chute de l’élan missionnaire, à laquelle Benoît XVI a tenté de remédier en 2012 grâce au synode consacré à la nouvelle évangélisation et, avant lui, Jean-Paul II en 1990 grâce à l'encyclique "Redemptoris missio" :

> Ombres et lumières du concile. La lacune que Jean-Paul II voulut combler

Une encyclique dans laquelle on peut notamment lire, au n. 46 :

"Aujourd'hui, l'appel à la conversion que les missionnaires adressent aux non-chrétiens est mis en question ou passé sous silence. On y voit un acte de 'prosélytisme'; on dit qu'il suffit d'aider les hommes à être davantage hommes ou plus fidèles à leur religion, qu'il suffit d'édifier des communautés capables d'œuvrer pour la justice, la liberté, la paix, la solidarité. Mais on oublie que toute personne a le droit d'entendre la Bonne Nouvelle de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation".

C’est un fait que, encore aujourd’hui, la chute de l’esprit missionnaire continue à être l’un des principaux facteurs de crise auxquels l’Église est confrontée. Et pourtant le pape François continue à attaquer ce qui en est le contraire, c’est-à-dire qu’il se bat contre l’expansion présumée de prosélytisme, bien qu’aucune enquête sociologique n’ait relevé de traces de celle-ci.

Et afin de faire échec au "poison" qu’est ce péché, il insiste pour que l'annonce, l'évangélisation, la mission, soient réduites à un témoignage muet, parce que, au fond – a-t-il déclaré –"nous sommes tous enfants de Dieu", dès à présent, même les gens qui sont musulmans, bouddhistes, hindouistes, agnostiques, ou athées.

C’est là l’une des plus inexplicables contradictions du pontificat de François. Mais elle figure également parmi les clés de son succès. Y compris à Lund.


__________


Les actes, les discours et les documents du voyage de François à l’occasion du cinq-centième anniversaire de la Réforme luthérienne :

> Voyage apostolique du Saint-Père en Suède, 31 octobre – 1er novembre 2016

__________


En première page de "L'Osservatore Romano" du 30 octobre, le journaliste marocain Zouhir Louassini, musulman, a décrit le vif débat que suscite, dans le monde musulman et en particulier dans son pays, ce qu’il appelle "le phénomène de la conversion d’un grand nombre de Marocains au christianisme" :

> Tre storie e una domanda

Louassini écrit :

"Le journal en ligne Hespress, qui reçoit plus d’un million de visites par jour, a attiré l’attention de l’opinion publique sur ce nouveau thème. En somme on raisonne sur le droit de se convertir à d’autres religions".

Louassini raconte aussi l’histoire de Wallat Mustafa, "le premier réfugié syrien – écrit-il – à s’être converti au christianisme", dont le baptême peut être vu sur YouTube et "fait fureur chez les musulmans".

Et il conclut en demandant : "Pourquoi ce débat vif mais ouvert n’intéresse-t-il pas les médias occidentaux ?".

Bonne question. Mais on peut également se demander comment ces musulmans qui se convertissent au christianisme peuvent être accueillis dans une Église à laquelle le pape François continue à interdire de faire des "prosélytes".

__________


Traduction française par Antoine de Guitaut, Paris, France.

Chiesa

     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 Forte baisse de l'élan missionnaire par Jean Kinzler  (2016-11-05 13:18:16)
      Theilhard de Chardin en a rêvé, l'évêque de Rome le proclame par Castille  (2016-11-05 13:41:27)
          "Furbo", on t'a dit maudit correcteur ! par Castille  (2016-11-05 15:06:40)
          Voici quelques textes sur Teilhard, mais Hans Kung a fait plus fort. par Scrutator Sapientiæ  (2016-11-06 08:47:52)
      et l'apostasie fit son oeuvre... par jejomau  (2016-11-05 14:41:49)
          Apostasie ou passage du néoprotestantisme au néocatholicisme ? par Scrutator Sapientiæ  (2016-11-06 09:31:28)
              à votre dernière question par jejomau  (2016-11-06 09:40:03)
                  L'avant-après Vatican II est surpassé par l'avant-après Assise 1986. par Scrutator Sapientiæ  (2016-11-06 11:26:17)
      Je crois que Jean-Paul II a été le premier responsable de la situation. par Scrutator Sapientiæ  (2016-11-06 08:24:07)
      faire du prosélytisme c'est péché par Pensassa  (2016-11-06 14:05:14)
          Lire 'c'est un péché' par Pensassa  (2016-11-06 16:54:33)
          ou la Galates de Saint Paul (1.8).... par Castille  (2016-11-07 04:59:43)
          Saint Paul a donc beaucoup péché par Regnum Galliae  (2016-11-07 09:24:17)


32 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]