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Pourquoi donc accorder du crédit à ces textes aujourd'hui ?
par Scrutator Sapientiæ 2016-10-28 00:21:18
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Bonsoir Ennemond,

Je me permets les quelques remarques qui suivent.

1.

Imaginons un seul instant qu'il nous soit conseillé ou demandé, encore aujourd'hui, non seulement de prêter de l'attention, mais aussi d'accorder du crédit, aux documents du Concile qui, plus que les autres, sont porteurs de la mentalité spécifique à Vatican II.

Mais pourquoi donc accorder du crédit à des textes qui ont été conçus puis écrits par des experts et par des pères du Concile qui ont accordé eux-mêmes le moins de crédit possible à la vision catholique de Dieu, de l'homme, de l'Eglise, du monde,

- grâce à laquelle il y a eu réception et transmission de la Foi, de l'Espérance, et de la Charité, avant le Concile Vatican II,

et

- grâce à laquelle il y a, encore aujourd'hui, réception et transmission de chacune de ces trois vertus théologales, bien plus malgré chacun de ces textes que grâce à eux ?

D'aucuns feront peut-être remarquer que les textes "incriminés" ici, à savoir DH, UR, NA, GS, n'ont certes pas eu pour objet de contribuer, en particulier ou en priorité, à la conservation et à la propagation de la vision de Dieu, de l'homme, de l'Eglise et du monde, la plus propice à la réception et à la transmission de la Foi, de l'Espérance, et de la Charité, et que leur mise en examen, sous cet angle-là ou sur ce terrain-là, est illégitime.

Mais à cette remarque je répondrai que l'on est tout de même en droit de s'interroger sur la fécondité de textes qui n'ont certes pas eu pour objet de clarifier et de consolider chacune des trois vertus théologales, mais dont la forme et le fond ont amplement contribué à la dénaturation ou, en tout cas, à la fragilisation, de la conception catholique des trois vertus théologales et de la relation catholique à la Foi, à l'Espérance, et à la Charité.

2. Il se trouve que j'ai lu, en juin 2014, le "Journal du Concile", d'Henri FESQUET. Certes, les analyses, commentaires, explications, d'Henri FESQUET sont inspirées et orientées d'une manière qui a amplement contribué à la réception "à la française", donc "gaudium-et-spiste", du Concile Vatican II, mais ce n'est pas ce qui a le plus retenu mon attention, quand j'ai lu ce "Journal du Concile".

Dans ce "pavé", pour ainsi dire chaque jour, nous avons droit au résumé ou à la transcription de chacune des principales manifestations de créativité langagière et messagère, non réformatrices, mais rénovatrices, et d'inspiration le plus souvent "rupturiste", de l'avant-veille ou de la veille.

Et le fait de lire le Journal en commençant par l'ouverture et en finissant par la clôture du Concile renforce l'impression, plus réaliste que subjective, qu'il y a eu, pendant le Concile, un véritable concours Lépine

- de la déconstruction ou du démantèlement de l'Eglise catholique d'avant 1960,

et

- de l'élaboration ou de la fabrication de l'Eglise catholique d'après 1965.

Toute personne qui connaît un tant soit peu la nature humaine et les passions humaines sait bien comment les choses se passent, dans cette forme de configuration, propice aux dynamiques mutagènes les plus hyperboliques ou inflationnistes : les manifestations de créativité "rupturistes" y sont placées sous le signe de la surenchère attractive, voire transgressive, permanente, afin que, chaque jour où presque, une demande ou suggestion de destitution d'un élément adossé à un passé jugé révolu, et d'instauration d'un élément associé à un avenir jugé prometteur, permette à son auteur et à son idée de bénéficier, comme on le dirait aujourd'hui, du plus de "buzz" possible.

Or, il me semble vraiment que l'on parle rarement de cet aspect des choses, de ce climat mental qui a caractérisé le déroulement du Concile Vatican II, alors que ce climat a certainement eu une influence considérable sur la rédaction de certains textes du Concile, et sur le regard "rupturiste" que les acteurs du Concile ont porté sur les textes du Concile qui se prêtent le mieux à une interprétation en des termes plus émancipationnistes ad intra qu'évangélisateurs ad extra.

C'est d'autant plus dommage que l'on en parle aussi rarement que, en ce qui me concerne, c'est en lisant les documents officiels du Concile, mais aussi en lisant un document tel que le Journal du Concile d'Henri FESQUET, que j'ai compris ce qui suit : en un sens, c'est la moindre des choses que des théologiens et des évêques qui ont pris goût à la surmédiatisation et à la survalorisation de leurs propres manifestations de créativité, pendant les quatre sessions du Concile, aient été, par la suite, et pour bon nombre d'entre eux, dans l'incapacité de "calmer le jeu", en eux et autour d'eux, et de revenir, mais aussi et surtout de faire revenir, en direction des fondamentaux du christianisme catholique, après décembre 1965.

Bonne nuit.

Scrutator.

     

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