Méditation avec Les saintes voies de la Croix de M. Henri-Marie Boudon

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ami de la Miséricorde -  2022-11-22 22:23:06

Méditation avec Les saintes voies de la Croix de M. Henri-Marie Boudon



CHAPITRE V

Que le bonheur du Chrétien consiste à souffrir en ce monde
Réponse à quelques difficultés que l'on objecte sur ce sujet


On ajoutera que les consolations sont bonnes et que les lumières sensibles sont des dons de Dieu. Tout cela est vrai ; mais aussi il est sûr qu'elles sont dangereuses à raison de la nature.

On ne pourrait pas nier sans erreur que les biens naturels ne soient bons, comme par exemple l'or et l'argent, les terres, les vignes et choses semblables, qui sont les richesses de la vie présente ; que ce soient des dons de Dieu, et avec cela le Fils de Dieu s'est déclaré bien nettement au sujet de ces biens, et a prononcé : Malheureux ceux qui les possèdent, à raison du danger qui s'y trouve !

Il a mis le bonheur dans la souffrance de la pauvreté, qui en prive. Appliquez ceci aux consolations spirituelles, qui sont les richesses dont l'amour-propre s'entretient. Nous ne disons pas que ce soit chose mauvaise que ces consolations ; nous disons même qu'elles sont utiles et nécessaires à quelques âmes pour les aider dans leurs faiblesses :

nous avouons que Dieu les donne quelquefois à de très grands saints : que ceux qui en ont les doivent recevoir avec action de grâces, comme les personnes riches leurs biens temporels, et en faire un saint usage, sans s'y attacher.

Mais, à dire vrai, le bonheur de la vie présente consiste plutôt dans leur privation que dans leur jouissance. Premièrement, comme il a été dit, à raison du danger de l'amour-propre qui s'y glisse facilement.

Notre-Seigneur parlant à une sainte âme, lui dit qu'il le fallait bien plus remercier pour les afflictions que pour les consolations, parce que les consolations enivraient de vanité et d'orgueil ; que, pour mille qui se perdent dans les afflictions, dix mille périssent dans les consolations sensibles, qui sont la pâture de l'amour-propre. Secondement, le diable souvent s'y mêle.

Une femme avait des consolations si grandes qu'elle en était toute transportée et était obligée de dire qu'elle n'en pouvait plus : la sainte Vierge révéla que c'était le diable qui les lui donnait, et dit que quand l'âme s'épanouit par ces voies, le démon s'en approche et lui brouille l'esprit de plusieurs pensées et affections qui viennent de l'amour-propre.

En troisième lieu, c'est un retardement à la perfection. Il en arrive à peu près dans ces voies sensibles, comme à un voyageur qui, ayant bien du chemin à faire, au lieu d'aller tout droit, s'amuse à la rencontre des belles maisons et des beaux jardins que la curiosité presse de voir.

Il n'en est pas de même de celui qui ne trouve en son voyage que des lieux désagréables et fâcheux ; il marche sans aucun retardement, et n'est-il pas vrai quil arrive plus tôt au lieu où il va, et où il a affaire ? En quatrième lieu, il y a plus d'amour de Dieu, généralement parlant, dans la privation des goûts et lumières sensibles, car il y a moins de créatures. Nous en avons traité plus amplement en notre livre Du règne de Dieu en l'oraison mentale.

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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