Vous vous trompez du tout au tout.

Le Forum Catholique

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pacem tuam da nobis, Domine -  2020-07-19 19:13:17

Vous vous trompez du tout au tout.

1. «Vous n'avez sans doute pas pris la peine […] de lire la présentation de Paterculus». J'ai lu la présentation de Paterculus, sais qu'il a fait ses études à Fribourg – dans un de mes messages, je dois même lui signaler que nous nous sommes peut-être croisés dans les couloirs de l'université, sinon dans un de ses auditoires – sais qu'il est prêtre et qu'il célèbre le NOM. Là n'est pas le problème. Le problème, c'est de savoir a) s'il dit vrai lorsqu'il prétend que «le vernaculaire n'a pas permis aux fidèles de savoir à qui le prêtre parle pendant la prière eucharistique» et b) si les fidèles ont tort de penser que «lorsque l[e] prêtre dit "prenez et mangez", c'est à eux qu'il[s] parle[nt]». C'est tout et ce sont ces seuls deux point que j'ai examinés.
2. «[E]t à l'expérience pastorale vaste et variée en matière... de NOM donc». Je n'ai jamais dénié à Paterculus ni ne lui dénie son expérience pastorale et encore moins sa science théologique. Où donc avez-vous lu cela?
3. «[E]t nonobstant vos déclarations d'intention lors de votre présentation ("L'Église, je crois, a grand besoin de paix" n'est-ce pas ?)». Ma déclaration d'intention lors de ma présentation ("L'Église, je crois, a grand besoin de paix") est plus qu'une déclaration d'intention, ne vous en déplaise. Cela vous paraîtra sans aucun doute un paradoxe, une contradiction, un aveuglement ou tout autre terme qu'il plaira de trouver approprié, mais je crois que l'œuvre de paix passe aussi parfois, surtout en un premier temps, par le refus ou la rectification de positions caricaturées ou d'inexactitudes criantes. Si l'on veut être en paix dans l'Église – ce que, encore une fois, je souhaite très ardemment –, alors ‘pour la paix’, il faut bien parfois refuser ce qui brise à tort la paix, ce qui porte le conflit par un portrait outrancier, voire faux, de ceux qui, en réalité et en vérité, sont et doivent nous être des alliés, sinon des frères. Pourquoi donc croyez-vous que je suis sur le Forum Catholique? Il vous plaît de me prêter comme motifs la petitesse, la mesquinerie ou la bassesse – à votre choix – de m'«attaquer aux petits tradis bien rétrogrades et tradi-centrés qui dénigre[nt] le sacro-saint NOM sans savoir». On ne peut être plus loin de la vérité: j'ai un parfait respect pour les traditionalistes et ne les ai jamais rangés sous la catégorie que vous me prêtez. Je suis sur le FC parce que je pense que la situation actuelle de l'Église est critique. Critique pour sa composante traditionaliste, parce que c'est une illusion de croire que l'Église reviendra tout bonnement à, disons, 1960 et effacera tout ce qui s'est passé entre 1960 et 2020 (illusion qu'ont en quelque sorte nourrie en politique les ultras parmi les émigrés revenus en 1815 et qui croyaient pouvoir recommencer comme si entre 1789 et 1815, l'histoire avait suspendu son vol): il faudra bien trouver un compromis. Critique également pour l'Église elle-même qui est attaquée, de l'intérieur et combien violemment, par les franges les plus extrémistes des ‘progressistes’ (voir en Allemagne le «synodaler Weg») et qu'il lui faudra bien pouvoir s'appuyer sur un large courant traditionnel-traditionaliste pour maintenir ferme sa gouverne et garder le cap que lui a fixé le Christ. C'est pour cela que je suis sur le forum et pour rien d'autre, parce qu'il faut que chaque côté bouge, que, d'une part, les partisans du VOM aient l'audace d'aller à la rencontre de ceux chez qui ils peuvent trouver bienveillance et bonne volonté, et que, d'autre part, la frange ‘conservatrice’ – que ces termes aux relents politiques sont désagréables! – sache que, du côté traditionaliste, elle peut compter sur un soutien et un appui bienveillants. Mais pour atteindre ce but, encore faut-il que les deux parties se parlent, se connaissent, s'estiment et cela ne se fera jamais si l'on caricature, voire diabolise, ce qui se fait chez l'autre. J'interviens rarement et le plus souvent pour refuser le portrait monolithique et par trop systématiquement malveillant que l'on y dresse des ‘nomistes’. Si je suis intervenu vigoureusement à l'encontre du message de Paterculus, c'est précisément parce qu'il fait des nomistes un portrait sans nuances, comme de gens largement ignares des réalités sacrées de la messe. Désolé, même sans pouvoir revendiquer quelque expérience pastorale que ce soit, je sais que ce n'est pas “vraiment vrai” et si je le dis, c'est pour que les liseurs du FC sachent que les affirmations de Paterculus représente un point de vue particulier et non une vue objective. Ce matin, je suis allé à la messe NOM, à la basilique Notre-Dame de Genève dont Paterculus connaît peut-être les desservants, j'ai chaussé les lunettes les plus noires que je puisse trouver et franchement, je n'ai rien vu qui puisse me faire penser que les fidèles rassemblés croyaient être à une assemblée où le prêtre ne s'adresserait qu'à eux et jamais au Christ ou à son Père.
Mais il me faut aller un bout plus loin. Le problème que me pose votre réponse – car elle me pose problème –, c'est le suivant. Si quelqu'un prend la défense du NOM – pas en tout, mais enfin, en quoi serait-il peccamineux de soutenir que beaucoup de nomistes savent qu'au canon, le prêtre s'adresse au Père? –, il a droit à sa bonne volée de bois vert, à son bon petit «Haro sur le baudet». Dommage. Un des problèmes du FC, ne lisez dans mon propos nulle malveillance, c'est de vivre en vase clos, de s'y nourrir de stéréotypes, d'images puisés aux ‘belles années des seventies’, de chasser, sitôt repéré, celui qui voudrait simplement ouvrir les fenêtres et faire voir que, dehors, la réalité n'est pas, n'est plus celle des vues accrochées aux murs. Serait-il donc malsain de constater que le monde a changé, change, de voir que la détresse des temps croît et que ce qui nous est demandé, c'est non pas de vivre en deux Églises parallèles, mais de se fréquenter, de redevenir frères, de redevenir UNE Église. Et, – excusez-moi, je ne vais pas y aller par quatre chemins – quand je lis chez un liseur – sans que la modération ne s'en émeuve le moins du monde – que, s'il n'y a pas de messe VOM, il reste chez lui à lire les heures ou je ne sais plus quelle autre lecture dévote, j'ai quelque peine à percevoir l'unité fraternelle qui devrait unir les fidèles d'une même Église. Et quand, tout récemment, je lis chez un Me Parfu ici des énormités – mi-mensonges, mi-fables, soyons gentil – sans que la modération ne cille non plus –, je me dis qu'il y a un problème sur le Forum Catholique – un sacré problème, si j'ose dire – et que le vrai problème n'est pas là où, fort désobligeamment, vous intervenez avec tant de promptitude et de sollicitude. Pour employer une image qui vous parlera peut-être, j'ai le sentiment que le FC en est un peu trop resté à la technologie statique (chacun affiche sa sempiternelle ‘page’ – moi compris, évidemment) et qu'il serait bon qu'il passe à une technologie plus dynamique, celle qui fait que les ‘pages affichées’ par les lecteurs se modifient au fil des échanges parce qu'il y a une direction clairement désignée qui oriente les efforts de tous, parce qu'il y a un courant porteur fort qui refuse les eaux stagnantes, qui les convertit en un fleuve puissant et le pousse vers la mer universelle.
Je vous le demande: qu'y a-t-il donc de plus grave: dire que, dans le NOM, on peut parfaitement comprendre que le prêtre à la messe s'adresse au Père pour favoriser ou écrire que «Le 1er cas [messe NOM] et le 2ème cas [messe VOM] sont donc deux religions différentes»? Et pourtant, là où vous vous précipitez pour rivaliser avec Paterculus de sarcasmes et de «rappel à l'ordre», c'est dans le premier cas, tandis que le deuxième vous trouve parfaitement et éloquemment muet (j'en ai un peu voulu à Paxtecum d'avoir répondu trop rapidement au message de Me Parfu, tant j'étais curieux de voir si la modération allait laisser passer ce message sans remettre les points sur les i). LE problème du FC, je sais que je vais vous paraître bien prétentieux, c'est de savoir s'il veut rester figé et immobile dans une posture ‘muséale’ où sempiternellement un nouveau AVV-VVK viendra remplacer l'ancien AVV-VVK (que AVV-VVK se rassure, je ne fais pas de lui ma cible, je le prends juste comme exemple, peut-être à tort, du lecteur qui aime aller chercher la ‘photo qui’…), un nouveau Me Parfu, l'ancien Me Parfu (je vous entends déjà persifler «et un nouveau ‘Pacem tuam’, l'ancien ‘Pacem tuam’) ou si le Forum Catholique – il est tout de même des termes à qui il faut rendre toute la force et tout l'honneur de leur sens – doit être un lieu de discusssions où, loin des préjugés, des caricatures, on travaille effectivement, efficacement et cordialement à se rapprocher de l'unité, à «préparer le chemin du Seigneur, à rendre droits ses sentiers» pour que «tout être vivant [voie] le salut de Dieu». En ce sens, j'ai immensément apprécié le message de Paxtecum «il faut peut-être sortir de sa chapelle…» auquel je me rallie sans réserve et dont je me permets de citer les deux extraits suivants, qui disent magnifiquement tout ce que j'ai essayé laborieusement d'expliquer à mon tour:

mon curé qui a 52 ans, le curé voisin qui en a 35 et le vicaire qui en a 34 n'emploie jamais ce mot de présider l'eucharistie, ils célèbrent tout simplement la messe, ils n'ont pas peur de parler de la nécessité de la confession.
Vous ignorez trop cette nouvelle génération de prêtre qui est revenue à l'essentiel.
En vous lisant, vous et bien d'autres, j'ai l'impression que votre clé de lecture est biaisée. Vous décrétez qu'à priori le nouvel ordo est fait pour se rapprocher des protestants et vous cherchez tous les points qui peuvent aller dans ce sens.
Pour conclure, votre généralisation est blessante pour ceux qui pratiquent sincèrement le nouvel Ordo.


4. «Un peu de respect pour vos prêtres SVP.» Pour rien au monde, je ne voudrais avoir manqué ou manquer de respect à un prêtre. Mais je ne vois pas où dans mon message, j'aurais commis cette faute envers Paterculus. Il a émis une thèse forte, massive, qui peut légitimement être contestée : je lui réponds ironiquement, c'est tout. Comme tout prêtre, Paterculus a droit à toute ma révérence et à toute ma déférence, mais argumenter, fût-ce ironiquement, ne me paraît pas contraire au respect dû à nos prêtres.
Et pour le reste, qui est sans importance, voici.
5. «Au fait, vous radotez!» Sans doute, et même sans aucun doute, si cela vous chante. Disons simplement qu'il m'a paru bon d'user de la répétition pour enfoncer le clou et bien faire percevoir qu'en suivant et en écoutant le NOM (prière eucharistique I, II ou III), on peut tout à fait arriver à saisir que le prêtre s'adresse au Père lors du canon, et, a contrario, faire également bien percevoir qu'il est quelque peu exagéré, caricatural même – si, si, j'y tiens –, de prétendre que «le vernaculaire n'a pas permis aux fidèles de savoir à qui le prêtre parle pendant la prière eucharistique». Effet réussi, effet manqué, c'est une tout autre question. Je tiens simplement ici à vous rassurer sur l'état présent de mes facultés mentales: il n'est pas encore venu, le temps de me faire interner. Désolé, cher Meneau, encore un peu de patience…
Cordialement.
Pacem tuam da nobis, Domine
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