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Mgr Lefebvre et la rupture entre l'Église synodale et l'Église catholique
par vistemboir2 2023-11-15 17:28:00
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Article de Robert Morrison paru le 13 novembre 2023 sur The Remnant sous le titre : Archbishop Lefebvre and the Rupture Between the Synodal Church and the Catholic Church
(Traduit à l’aide de deepl.com - Citations d'après les textes originaux)


"Nous n'avons jamais voulu appartenir à ce système qui se qualifie lui-même d’Église conciliaire et se définit par le Novus Ordo Missæ, l’œcuménisme indifférentiste et à la laïcisation de toute la Société (...) Nous ne demandons pas mieux que d'être déclarés ex communione de l’esprit adultère qui souffle dans l'Église depuis vingt-cinq ans (...) Nous croyons en un seul Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, avec le Père et le Saint-Esprit, et nous serons toujours fidèles à Son unique Épouse, l’Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine". (Lettre ouverte des supérieurs de la FSSPX au cardinal Gantin, Préfet de la Congrégation des Évêques, 6 juillet 1988).

Dans sa lettre de 1990 à Mgr Antonio de Castro Mayer, Mgr Lefebvre décrit la rupture apparente entre l'Église conciliaire et l'Église catholique :

"[P]arce que « l’Église conciliaire » étant désormais répandue universellement, diffuse des erreurs contraires à la foi catholique et, en raison de ces erreurs, a corrompu les sources de la grâce que sont le saint sacrifice de la messe et les sacrements. Cette fausse Église est en rupture toujours plus profonde avec l’Église catholique. Il résulte de ces principes et de ces faits la nécessité absolue de continuer l’épiscopat catholique pour continuer l’Église catholique." (Lettre à Mgr Antonio de Castro Mayer, 4 décembre 1990).


Ce sont des mots forts, et ceux qui vénèrent Jean-Paul II s'opposeraient probablement à la qualification de l'Église conciliaire qu'il a supervisée comme une "fausse Église" dans un "état de rupture de plus en plus profond avec l'Église catholique". Début 1990, Mgr Lefebvre avait déjà exprimé des idées similaires sur la soi-disant Église conciliaire dans un petit livre adressé aux prêtres et aux séminaristes de la Fraternité Saint-Pie X, intituléItinéraire spirituel:

"Le Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens, par des concessions mutuelles - le dialogue - aboutit à la destruction de la foi catholique, à la destruction du sacerdoce catholique et à l'élimination du pouvoir de Pierre et des évêques (…) Tant que le Secrétariat gardera le faux œcuménisme comme orientation et que les autorités romaines et ecclésiastiques l'approuveront, on peut affirmer qu'elles demeurent en rupture ouverte et officielle avec tout le passé de l'Église et avec son Magistère officiel. C'est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire tant qu'elle ne retrouvera pas la Tradition du Magistère de l'Église et de la foi catholique."


Cette dernière phrase est sans doute l'une des déclarations les plus controversées de Mgr Lefebvre, mais elle est certainement compatible avec la relation pratique de la FSSPX avec "l'esprit anticatholique de Vatican II", surtout si l'on reconnaît qu'il n'avançait pas une position sédévacantiste. Cependant, il est raisonnable de se demander s'il voulait dire quelque chose de plus : voyait-il vraiment l'"Église conciliaire" comme une Église séparée de l'"Église catholique" ?

Dans son entretien de 2013 avec Angelus Press, l’abbé Jean-Michel Gleize, professeur de théologie dogmatique au séminaire d'Écône, a abordé la question de savoir si l'expression "Église conciliaire" implique une institution distincte de l'Église catholique. L’abbé Gleize a soutenu que l'existence d'une "Église conciliaire", qui serait véritablement une institution distincte, conduirait à des conclusions insoutenables :

"Si je suis jusqu’au bout votre logique, je dois conclure que L’Église conciliaire existe donc comme une secte schismatique, formellement autre que l’Église catholique. Donc : tous ses membres sont matériellement au moins schismatiques, y compris tous les ralliés ; ils sont hors de l’Eglise ; on ne peut pas leur donner les sacrements avant qu’ils aient publiquement abjuré ; les papes conciliaires sont des antipapes ; si nous sommes l’Eglise catholique soit nous n’avons pas de pape et alors où est notre visibilité ? Soit nous en avons un et alors lequel est-ce et est-il évêque de Rome ?"


L’abbé Gleize explique en disant qu'une telle situation - dans laquelle l'Église serait "habituellement privée de sa tête" - "est une absurdité et contraire aux promesses d'indéfectibilité". Sur ce point, l’abbé Gleize a cité la conférence de Mgr Lefebvre du 5 octobre 1978 à Écône :

"L’une des raisons sur lesquelles a pu s’appuyer le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X pour refuser l’hypothèse sédévacantiste était que « la question de la visibilité de l’Eglise est trop nécessaire à son existence pour que Dieu puisse l’omettre durant des décennies ; le raisonnement de ceux qui affirment l’inexistence du pape met l’Eglise dans une situation inextricable » ".


Ainsi, selon l'entretien de l’abbé Gleize, parce que la visibilité de l'Église est essentielle à l'indéfectibilité de l'Église, on ne peut pas s'engager sur la voie de considérer l'Église conciliaire comme une véritable Église séparée.

L'évêque de la FSSPX, Mgr Bernard Tissier de Mallerais, a également abordé ce sujet en 2013 et a conclu, entre autres, que "formellement considérée, l'Église conciliaire est une secte qui occupe l'Église catholique" :

"De tout ce qui a été dit, il est clair que l'Église conciliaire n'est pas seulement une maladie, ni une théorie, mais qu'elle est une association d'hommes d'Église catholiques de haut rang inspirés par des penseurs libéraux et modernistes, qui veulent, selon les objectifs des partisans d'un monde unique, faire fructifier un nouveau type d'Église, avec de nombreux prêtres et fidèles catholiques gagnés par cet idéal. Il ne s'agit pas d'une pure association de victimes. Formellement considérée, l'Eglise conciliaire est une secte qui occupe l'Eglise catholique".


Mgr Tissier de Mallerais a reconnu que l'existence de deux églises pouvait être considérée comme une confirmation de la position sédévacantiste, mais a répondu que "Prima sedes a nemine judicatur" (le Siège apostolique n'est jugé par personne) :

"Si le pape dirige une autre église, il est apostat, il n'est plus pape et l'hypothèse sédévacantiste est vérifiée. - Il suffit de répondre que 'Prima sedes a nemine judicatur' et qu'en conséquence, aucune autorité ne peut prononcer l'obstination, déclarant la pertinacité d'un souverain pontife dans l'erreur ou la déviance ; et que d'autre part, en cas de doute, l'Église suppléerait au moins le pouvoir exécutif du pontife apparent (can. 209 du Code de droit canonique 1917)."


Mgr Tissier de Mallerais a proposé séparément une autre façon d'éviter de mettre en cause l'enseignement de l'Église sur l'indéfectibilité (voir ci-après), mais pour l'instant, nous devrions noter ses observations sur la façon d'éviter la difficulté d'avoir la même hiérarchie pour deux Églises distinctes :

"On peut alors s’efforcer de nier l’existence de l’Église conciliaire comme société organisée et dirigée par la hiérarchie de l’Église catholique, ou d’exténuer [au sens de réduire à l’extrême] l’appartenance des membres à cette Église conciliaire.."


Ainsi, si nous combinons les arguments du Père Gleize avec ceux de Mgr Tissier de Mallerais, nous pouvons voir au moins trois façons potentielles d'éviter la conclusion sédévacantiste :
- Si l'Église conciliaire n'est pas réellement une institution distincte de l'Église catholique ;
- Si l'Église conciliaire n'est pas réellement dirigée par la hiérarchie de l'Église catholique ; et/ou
- Si l'appartenance à l'Église conciliaire peut être réduite à une simple appartenance matérielle
(par opposition à une appartenance formelle) pour la plupart des membres.

Sur ce dernier point, qui est loin d'être intuitif, Mgr Tissier de Mallerais a apporté les précisions suivantes :

"[S]i l’on accepte l’image d’une société, contrefaçon d’Église, tout en voulant éviter d’affirmer son existence, on pourrait réduire l’appartenance de la plupart de ses membres à une appartenance purement matérielle, du fait que la majorité suit le mouvement par conformisme, sans connaître ou partager les buts de l’Église conciliaire, laquelle serait presque dépourvue de membres réels et réduite à l’état de fantôme en ce qui concerne les membres, et de squelette en ce qui regarde la hiérarchie."


Ainsi, si l'Église conciliaire n'a presque pas de membres réels, il se peut qu'elle n'existe pas réellement. En tout état de cause, les points pertinents à tirer des observations de Mgr Tissier de Mallerais et de l’abbé Gleize sont que (a) l'existence d'une Église conciliaire réelle (véritablement distincte de l'Église catholique) pose certaines difficultés, mais (b) il existe certains facteurs concernant les caractéristiques réelles de la soi-disant Église conciliaire qui pourraient résoudre ces difficultés.

En gardant cela à l'esprit, il est stupéfiant de considérer que François a conçu et promu son Église synodale en vue apparemment decontrecarrer les voies possibles pour éviter les graves difficultés présentées par l'Église conciliaire. Comme nous l'avons vu dans un article précédent, François et les architectes synodaux ont pris plusieurs mesures très visibles pour nous convaincre qu'ils ont tenté de créer une Église différente :

• François lui-même a décrit l'objectif du processus synodal comme une tentative de "créer une Église différente".
• François et les responsables synodaux se réfèrent maintenant à cette église différente comme l'"Église synodale".
• Les documents synodaux indiquent que les membres de l'Église synodale comprennent toutes les âmes baptisées, y compris celles qui rejettent les enseignements fondamentaux de l'Église catholique.
• L'Église synodale a abandonné la Tradition catholique tant dans son contenu que dans la manière de la découvrir et de la préserver, la remplaçant par un processus d'"écoute" des hérétiques pour découvrir ce qu'ils veulent que l'Église synodale soit.
• François et les dirigeants synodaux attaquent régulièrement la foi catholique immuable en la qualifiant de rigide et d'arriérée, en précisant que leur processus implique une rupture avec cet ensemble de croyances religieuses.
• De même, François attaque ouvertement ceux qui adhèrent à ce que l'Église a toujours enseigné - en limitant la messe traditionnelle en latin, en réprimandant les catholiques traditionnels et en persécutant les clercs fidèles - ce qui souligne la distinction entre l'Église synodale et ce qu'elle cherche à éclipser.
• Tout cela a été imposé dans le monde entier de manière très visible pendant plus de deux ans, de sorte que même les non-catholiques peuvent comprendre que François est en train de créer une nouvelle Église.

Ainsi, chacun des arguments potentiels présentés ci-dessus pour résoudre les problèmes liés à l'Église conciliaire ne semble pas s'appliquer à l'Église synodale. En effet, c'est presque comme si François et Satan avaient lu les évaluations de l'Église conciliaire faites en 2013 par Mgr Tissier de Mallerais et de l’abbé Gleize et qu'ils avaient appris ce qu'ils devaient faire pour faire comprendre sans ambiguïté qu'ils créaient une nouvelle Église - l'Église synodale - qui est en rupture totale avec l'Église catholique. Et maintenant ?

Il convient d'examiner deux autres points soulevés par Mgr Tissier de Mallerais dans son étude. Le premier point, qui est loin d'être universellement accepté, semble proposer une portée plus limitée de l'indéfectibilité (ce qu'il suggère par deux passages distincts) :

• "Et quant à l'indéfectibilité de l'Église, elle n'empêche pas qu'il puisse arriver que l'Église, à la suite d'une grande apostasie comme celle annoncée par saint Paul (2Th 2,3), soit réduite à un nombre modeste de vrais catholiques."
• "Et à côté de cette vulgaire église conciliaire, que reste-t-il de l'Église catholique ? Nous répondons que, même réduite au nombre modeste des fidèles sains d'esprit qui constituent sa 'partie saine', et peut-être à un seul évêque fidèle, comme ce sera peut-être le cas selon le Père Emmanuel, de l'Église à la fin des temps, l'Église catholique reste l'Église catholique."

A cela s'ajoute un passage de l'Itinéraire spirituel de Mgr Lefebvre :

"Le pape actuel et ces évêques ne transmettent plus Notre Seigneur Jésus-Christ mais une religiosité sentimentale, superficielle, charismatique, où ne passe plus la vraie grâce de l’Esprit-Saint dans son ensemble. Cette nouvelle religion n'est pas la religion catholique ; elle est stérile, incapable de sanctifier la société et la famille. Une seule chose est nécessaire pour la continuation de l'Église catholique : des évêques pleinement catholiques, sans aucune compromission avec l'erreur, qui fondent des séminaires catholiques où de jeunes aspirants au sacerdoce pourront se nourrir du lait de la vraie doctrine, mettront Notre-Seigneur Jésus-Christ au centre de leurs intelligences, de leurs volontés, de leurs cœurs ; une foi vive, une charité profonde, une dévotion sans bornes les uniront à Notre-Seigneur." (p. ix)


Bien que nous n'ayons pas nécessairement besoin de lire ceci d'une manière qui s'harmonise avec les mots de Mgr Tissier ci-dessus, il est certainement possible de le faire. Si notre compréhension de l'indéfectibilité - et donc notre conviction que Dieu a vraiment établi et protège l'Église catholique - dépend du fait que François n'est pas un hérétique formel, alors cette appréciation plus modeste de ce dont l'Église a besoin pour sa continuation pourrait éventuellement être d'un certain réconfort.

Le deuxième point de Mgr Tissier de Mallerais est encore plus réconfortant. Après avoir mis en garde contre le risque de se rendre perpétuellement "malheureux et inquiets" en cherchant toujours une solution à la crise, il propose une voie plus pacifique :

"Si en revanche nous avons une foi et une simplicité d’enfant, nous chercherons simplement quel témoignage rendre à la foi catholique. Et nous trouverons : c'est d'abord le témoignage de notre existence, de notre permanence, de notre stabilité, avec celui de notre profession de notre foi catholique intégrale et notre refus des erreurs et des réformes conciliaires. Un témoignage est absolu. Si je témoigne de la messe catholique, du Christ-Roi, il faut que je m’abstienne des messes et des doctrines conciliaires. C'est comme le grain d'encens aux idoles ; c'est un seul grain ou pas du tout. Donc c’est "pas du tout". Et puis ce témoignage, c’est aussi la persécution, c’est normal de la part des ennemis de cette foi, qui veulent réduire notre opposition diamétrale à la nouvelle religion, et aussi longtemps qu’il plaira à Dieu qu’ils persévèrent dans leurs desseins pervers. N'est-ce pas Dieu lui-même qui pose cette inimitié entre l’engeance du diable et les enfants de Marie ?"


C'est la foi catholique pure dont nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais. Dieu finira par intervenir pour écraser l'Église synodale, qui pour l’essentiel est l'Église conciliaire sortie du placard. Peut-être cela impliquera-t-il que les évêques fidèles restants prennent des mesures concrètes pour résoudre la crise ; d'une manière ou d'une autre, cependant, Dieu gagne et ceux qui restent fidèles à son Église partageront cette victoire. D'ici là, cette grande crise est l'occasion pour les catholiques fidèles de démontrer leur amour pour Dieu d'une manière particulière, en combattant les ennemis de la foi et en s'efforçant de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour devenir des saints. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps. Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous !

     

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 Mgr Lefebvre et la rupture entre l'Église synodale et l'Église catholique par vistemboir2  (2023-11-15 17:28:00)


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