CINQUIEME CONFÉRENCE : DU PURGATOIRE
Miseremini mei, miseremini mei, saltem vos amici mei, quia manus Domini tetigit me.
Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins mes amis, car la main de Dieu m'a touché. (Job, XIX, 21)
«Mes enfants», disait à ses fils le patriarche Jacob à son lit de mort, ensevelissez-moi dans la caverne de Mambré, qui est dans la terre de Chanaan», et les petits-fils d'Isaac pleurèrent leur père durant trente jours.
A la mort du grand prêtre Aaron et de son frère Moïse, le peuple renouvela ce deuil de trente jours. Et la pieuse coutume de prier pour les défunts tout un mois devint bientôt une loi de la nation choisie.
Saint Pierre, prince des Apôtres, au dire de saint Clément, aimait à faire prier pour le soulagement des morts, et saint Denys l'Aréopagite nous décrit en termes magnifiques avec quelle majesté les fidèles célébraient les funérailles.
Dès les premiers siècles, l’Église, en mémoire des trente jours de deuil observés dans la loi mosaïque, encouragea les prières pendant un mois, après la mort des fidèles.
Oh ! vous donc, qui regrettez des êtres que vous jugez à tort absents, vous qui versez des larmes de ne pouvoir plus reposer vos yeux sur ces visages chéris, sachez-le bien, les portes de leur prison sont ouvertes toutes larges à vos prières et à votre charité.
Le Prophète se consolait sur ses amis morts dans la paix de Dieu en leur faisant des visites assidues. C'était avec une confiance sans pareille qu'il répétait ces paroles :
«Penetrabo omnes inferiores partes ferrœ, et inspiciam omnes dormientes, et illuminabo omnes sperantes in Domino» (Eccl., XXIV, 45).
Ah ! nous craignons, peu s'en faut, que nos discours ne refroidissent votre dévotion envers ces âmes ; qu'en entendant parler de leurs nombreuses et solides consolations, votre compassion ne s'amoindrisse, et que vous n'ayez pas pour elles toute la pitié qu'elles méritent.
Rappelons-nous donc que leur bonheur et leur consolation sont mélangés d'afflictions et de tourments.
II
Nous l'avons dit, mes frères, ces âmes confirmées en grâce, sont merveilleusement consolées par la certitude de leur salut. Mais, d'autre part, affranchies de ce corps qui, comme un voile épais, obscurcissait en elles la vue et l'intelligence des objets surnaturels et invisibles, elles sentent cruellement le délai de la possession divine.
Ici-bas, la privation et l'éloignement de Dieu ne cause à la plupart des hommes qu'un médiocre déplaisir ! Séduits par l'appât des biens de ce monde, absorbés par le spectacle des objets sensibles, nous comprenons Dieu d'une manière trop imparfaite pour en apprécier toute la perte.
Mais, à la mort, le bandeau des sens sera déchiré, tous nos attachements humains périront, les vains fantômes qui nous abusaient se seront enfuis sans retour. Il n'y aura plus d'amusements, plus de distractions, plus d'entretiens.
Nos penchants, nos aspirations, toutes nos tendances se porteront alors vers ce divin Époux, notre unique et incompréhensible trésor.
Source : livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde