Publié sur Benoît-et-moi:

''(...) l’Association internationale des exorcistes a critiqué le film, le qualifiant d’inquiétante mascarade hollywoodienne qui déforme la signification de l’exorcisme en son contraire.

L’Association internationale des exorcistes, reconnue par le pape, a été fondée en 1994 (...). Elle compte aujourd’hui près d’un millier d’exorcistes du monde entier. Don Amorth est au centre du film critiqué. C’est pourquoi l’association a publié la prise de position suivante le 7 mars:

L' ''Exorciste du Pape'', un film qui ne dit pas la vérité

« L’exorciste du pape », réalisé par l’Australien Julius Avery, est actuellement promu à la télévision, sur les plateformes et dans les médias sociaux comme un film qui sortira en avril. Le titre est en soi prétentieux. En regardant la bande-annonce du film, il confirme non seulement sa qualité de film gore, un sous-genre du cinéma d’horreur, mais aussi son manque de fiabilité sur un sujet aussi délicat et important. Le film est centré sur le personnage de Don Gabriele Amorth (1925-2016), qui a été exorciste du diocèse de Rome pendant trente ans. Il est interprété par l’acteur néo-zélandais Russell Crowe, connu du grand public pour son rôle dans le film «Le Gladiateur», pour lequel il a reçu un Oscar en 2001.

Après avoir vu la bande-annonce, nous souhaitons faire quelques observations en attendant de voir et d’évaluer le film dans son intégralité lorsqu’il sortira en salles. Un communiqué de presse plus détaillé suivra à ce moment-là.

Au-delà de ce qui semble à première vue être une allusion à d’autres films (comme « L’exorciste », qui finit par être lui-même possédé), nous constatons tout d’abord que le célèbre acteur hollywoodien n’a aucune ressemblance, non seulement dans son apparence, mais surtout dans sa manière d’être, avec le profil humain et sacerdotal de Don Amorth, sur les mémoires duquel («Un exorciste raconte» et «Nouveaux rapports d’un exorciste»), comme l’explique la production, le film est vaguement basé. Trop vaguement, aimerions-nous faire remarquer.

La production et le réalisateur ont probablement été intéressés par «l’effet» de l’association entre l’exorciste et le célèbre gladiateur d’il y a vingt ans, et non par l’esprit de service qui anime l’exorciste dans son ministère de consolation. L’Église catholique est en outre représentée par un pape tout aussi peu crédible, joué par l’acteur italien Franco Nero. Enfin, les décors du Vatican, aux habituelles couleurs clair-obscur, confèrent au film un effet «Da Vinci Code» pour susciter chez le spectateur le doute habituel : Qui est le véritable ennemi ? Le diable ou le «pouvoir» ecclésiastique?

Nous terminerons ces brèves réflexions en évoquant ce que l’on appelle les « effets spéciaux », qui sont une constante dans tout film consacré au thème de la possession diabolique. Comme dans d’autres films, tout est exagéré, avec des manifestations physiques et verbales ostentatoires, typiques des films d’horreur.

Cette manière de décrire l’expérience de Don Amorth en tant qu’exorciste ne va pas seulement à l’encontre de la réalité historique, elle présente également de manière erronée et déforme ce que nous, exorcistes catholiques, vivons et expérimentons réellement de la part de personnes réellement possédées pendant l’exorcisme que nous pratiquons selon les directives de l’Église. De plus, il insulte l’état de souffrance dans lequel se trouvent les victimes d’une attaque extraordinaire du diable.

Que faut-il dire au spectateur ?

L’exorcisme ainsi présenté devient un spectacle destiné à susciter des émotions fortes et malsaines, grâce à un décor général lugubre et à des effets sonores qui ne peuvent que provoquer chez le spectateur de l’appréhension, du malaise et de la peur. Le résultat final est la conviction que l’exorcisme est un phénomène anormal, monstrueux et terrifiant, dont le seul protagoniste est le diable, dont on ne peut contrer les réactions violentes qu’avec beaucoup de difficultés. Or, c’est exactement le contraire de ce qui se passe dans le cadre de l’exorcisme pratiqué dans l’Église catholique en obéissance aux directives qu’elle a données.

Le film «Libera nos. Le triomphe sur le mal», distribué depuis quelque temps et promu par l’Association internationale des exorcistes. Il montre ce qu’est réellement l’exorcisme dans l’Église catholique, quels sont les traits authentiques du prêtre exorciste et comment l’exorcisme est un événement des plus joyeux, car ceux qui sont tourmentés par les actions extraordinaires du diable trouvent progressivement la libération et la paix, tout en faisant l’expérience vivante de la présence et de l’action du Christ, le Seigneur, et de la communion des saints.''

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