Monseigneur Delassus, héraut de l’esprit familial qui nous manque et qu’il nous faut par Vexilla Galliae 2023-03-12 13:11:57 |
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Monseigneur Henri Delassus est célèbre pour sa volumineuse Conjuration antichrétienne, grande œuvre de synthèse sur l’action des sociétés secrètes dans l’Histoire. C’est une lecture fondamentale ; l’ouvrage ayant plus d’un siècle, il mérite seulement d’être remis en perspective : une suppression pure et simple de la franc-maçonnerie aujourd’hui ne changerait pas grand-chose à nos misères, car ses faux principes sont devenus les normes régissant les multitudes. Cela ne signifie pas qu’il ne faille plus faire attention aux acteurs volontaires du mouvement révolutionnaire, mais simplement qu’il faut comprendre que leur action est décuplée par une foultitude de pauvres gens distribuant à leur insu de « la fausse monnaie », pour reprendre une analogie du comte de Maistre. Autrement dit : point besoin d’être carbonaro, de nos jours, pour faire le jeu du carbonarisme. La situation en est d’autant plus dégradée…
D’autres ouvrages de Mgr Delassus valent le détour. C’est notamment le cas de L’esprit familial dans la Maison, dans la Cité et dans l’État (1re éd. : 1910), que les éditions du Drapeau blanc ont réédité en 2022. Ce court opuscule fait de la famille et de l’esprit familial la condition sine qua non du relèvement de la France – ce qui suppose probablement la foi catholique et la reconnaissance de l’autorité de l’Église, toutes les vérités étant liées. Et l’on sait aussi qu’il y a en France une famille au-dessus des autres : celle de nos princes, celle de notre roi.
Ce livre, d’une taille beaucoup plus raisonnable – si l’on peut dire – que La Conjuration antichrétienne, est particulièrement accessible et facile à lire. Il semble reprendre assez largement les thèses et le plan d’un gros ouvrage paru trente ans plus tôt et lui aussi réédité l’an dernier, mais cette fois-ci par les Éditions Sainte-Jeanne-d’Arc : La Famille telle que Dieu l’a faite, de l’abbé Eugène Roquette. Si ce n’est qu’une coïncidence, les recoupements sont d’autant plus impressionnants : ils prouveraient la rencontre des grands esprits et l’évidence du contenu donné par la tradition catholique eu égard aux notions familiales. La famille a été créée par Dieu, que l’homme ne la défasse ni ne la refasse !
Si La Famille telle que Dieu l’a faite a l’avantage de l’exhaustivité en abordant tous les versants du sujet (le « droit d’aînesse » et le « droit de substitution », par exemple), L’esprit familial a celui de la concision et de la rapidité de la lecture. C’en devient un livre de combat d’autant plus efficace, à mettre entre toutes les mains. Les deux œuvres se complètent également quant au style : l’abbé Roquette est du Midi, il est enflammé ; Mgr Delassus est du Nord, il est tout en retenue.
Mgr Delassus s’appuie, sans surprise, sur les données de la Révélation ; mais, afin de toucher jusqu’aux esprits les plus positifs de son temps, il mobilise de plus tous les travaux sérieux de son époque pour étayer son point de vue, lequel consiste à faire de la famille une nécessité pour toute société civilisée :
« Donc, partout la civilisation a commencé par la famille. Çà et là naissent des hommes chez qui se développent et agissent plus puissamment l’amour paternel et le désir de se perpétuer dans leurs descendants. Ils se livrent au travail avec plus d’ardeur, imposent à leurs appétits un frein plus continu et plus solide, gouvernent leur famille avec plus d’autorité, lui inspirent des mœurs plus sévères, qu’ils impriment dans les habitudes qu’ils font contracter. Ces habitudes se transmettent par l’éducation ; elles deviennent des traditions qui maintiennent les nouvelles générations dans la voie ouverte par les ancêtres » (L’esprit familial, p. 14 de la réédition de 2022).
« Aujourd’hui, la famille est à ce point dans la dépendance de l’État que le père n’a même plus la liberté d’élever ses enfants comme sa conscience et ses traditions de famille lui disent de le faire. L’État s’en empare, avec la volonté légalement proclamée de faire de ces enfants des sans-Dieu et conséquemment des sans-mœurs. Et les pères de famille ont tellement perdu le sentiment de ce qu’ils sont, qu’ils laissent faire ! » (ibid., p. 81).
« La Restauration, qui avait rapporté [c’est-à-dire aboli] la loi du divorce, n’avait fait que demi-besogne. Elle avait laissé subsister le mariage civil, autre invention révolutionnaire, dont le but était d’enlever au mariage sa sanction divine, et l’effet d’enlever à la famille la cohésion que lui donnent les liens scellés par Dieu lui-même » (ibid., p. 84).
« La famille n’existe plus en France. Et c’est là, pour le dire en passant, ce qui explique le peu de résultats obtenus par les prêtres et les religieux qui ont eu en mains, pendant un demi-siècle, l’enseignement primaire et secondaire de plus de la moitié de la population. Leurs leçons ne trouvaient plus à s’asseoir sur le fondement solide que doivent poser dans l’âme de l’enfant les traditions de famille » (ibid., p. 87).
« Renan a dit aussi :
“Un code de lois qui semble avoir été fait pour un citoyen idéal, naissant enfant trouvé et mourant célibataire ; un code qui rend tout viager, où les enfants sont un inconvénient pour le père, où toute œuvre collective et perpétuelle est interdite, où les unités morales, qui sont les vraies, sont dissoutes à chaque décès, où l’homme avisé est l’égoïste qui s’arrange pour avoir le moins de devoirs possible, où l’homme et la femme sont jetés dans l’arène de la vie aux mêmes conditions, où la propriété est conçue non comme une chose morale mais comme l’équivalent d’une jouissance toujours appréciable en argent, un tel code, dis-je, ne peut engendrer que faiblesse et petitesse. Avec leur mesquine conception de la famille et de la propriété, ceux qui liquidèrent si tristement la banqueroute de la Révolution… préparèrent un monde de pygmées et de révoltés [« Préface » des Questions contemporaines] » (ibid. p. 102).
« M. Charles de Ribbe a employé le meilleur de sa vie à remettre en honneur les livres de raison. Après avoir édité les manuscrits de plusieurs anciennes familles, il a publié divers ouvrages pour mettre en pleine lumière les enseignements qui s’y trouvent, et enfin il a rédigé, d’après les modèles qu’il avait sous les yeux, Le Livre de famille, pour servir d’exemplaire et aider ainsi les pères qui voudraient mettre en pratique chez eux ce qui a été pratiqué par nos ancêtres. Nous ne saurions trop recommander l’acquisition, la lecture et la méditation de ce livre ; il en est peu qui puissent autant contribuer à imprimer à notre société dégénérée une nouvelle impulsion vers le bien » (ibid., p. 113).
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