Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

Herméneutique de réforme dans la continuité
par Abbé Claude Barthe 2023-01-26 20:18:27
Imprimer Imprimer

Il ne faut jamais oublier que le discours de Benoît XVI en 2005 parlait d'"herméneutique de réforme dans la continuité".

Réflexions parallèles aux vôtres, Cher Côme, dans Res Novae :

Tentatives de restauration de l’unité perdue : un double échec
...

2005, la tentative Ratzinger : encadrer le Concile

Peu après son élection, dans son bien connu discours à la Curie du 22 décembre 2005, Benoît XVI distinguait deux interprétations de la réforme conciliaire, « l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture », qu’il estimait néfaste, et « l’herméneutique de la réforme ou du renouveau dans la continuité », qu’il faisait sienne, destinée, disait-il, à empêcher « une rupture entre Église préconciliaire et Église postconciliaire. » Étaient en somme définis par le pape ce qu’on appellerait dans une démocratie libérale – aux modes de pensée de laquelle l’Église est de plus en plus perméable – un centre-droit, que légitimait le pape, et un centre-gauche, qu’il disqualifiait.

Il ne s’agissait nullement pour lui d’adhérer au front traditionaliste qui, à des degrés divers, refusait le Concile et/ou sa liturgie. Pourtant, du fait de son intérêt pour la liturgie d’avant le Concile, Benoît XVI aurait pu aller plus loin que l’herméneutique du renouveau dans la continuité. Son « restaurationnisme » pouvait devenir l’amorce d’un processus de transition, comme celui qui se déroula avec Jean XXIII, mais en sens inverse.

Pourtant, comme on sait, le processus est resté au milieu du gué, y compris en ce qui concerne « le renouveau dans la continuité » : non seulement on n’en n’est pas venu à un refus du Concile, mais le restaurationnisme, l’endiguement du Concile, a été perçu comme un échec, une tentative sans résultat. L’Église en Occident continuait de disparaître de l’espace social, le personnel ecclésiastique, prêtres, religieux, séminaristes ne cessait de s’amenuiser et le centre romain donnait l’impression de n’avoir plus de timonier. Devenu la cible d’attaques continues des tenants de « l’herméneutique de la discontinuité », Benoît XVI s’est isolé dans son cabinet de théologien privé, anticipant moralement la démission à laquelle il s’est finalement décidé en 2013.

2013, la tentative Bergoglio : maximaliser le Concile

Comme naturellement (en réalité, au terme d’une intense préparation électorale), le conclave de 2013 essaya l’autre option, celle de centre-gauche, l’« herméneutique » de Vatican II opposée, à laquelle s’était rallié Jorge Bergoglio. Le nouveau pape, qui dans un discours aux revues jésuites de 2022 s’est dit en lutte d’une part contre le « restaurationnisme », lequel veut « bâillonner » le Concile, et d’autre part contre le « traditionalisme », qui veut l’évacuer, s’est donc employé à « abattre les murs », selon l’expression qu’il affectionnait :

- celui d’Humanæ vitæ et de l’ensemble de textes qui à sa suite avaient préservé la morale conjugale de la libéralisation que Vatican II avait fait subir à l’ecclésiologie. Amoris lætitia déclara en 2016 que des personnes vivant dans l’adultère public peuvent y demeurer sans commettre de péché grave (AL 301).
- Celui de Summorum Pontificum, quiavait reconnu un droit à ce conservatoire de l’Église d’avant qu’est la liturgie ancienne avec sa catéchèse et son personnel clérical. Traditionis custodes, en 2021,et Desiderio desideravi, en 2022,invalidèrent cette tentative de « retour » et déclarèrent que les nouveaux livres liturgiques sont la seule expression de la lex orandi du rite romain (TC, art. 1).
Mais l’option Bergoglio est en train d’échouer comme avait précédemment échoué l’option Ratzinger : l’institution ecclésiale a continué de s’effondrer et la mission de s’éteindre. Et si sous Benoît XVI, la désillusion s’était cristallisée sur l’absence de gouvernance, c’est au sujet du trop-plein d’un gouvernement brouillon et dictatorial, malgré le mot d’ordre de synodalité et malgré Prædicate Evangelium, que les critiques se manifestent de plus en plus sous François. Par ailleurs, pas plus que Benoît XVI n’avait jamais pris le risque d’une rétrogradation en deçà du Concile, François s’est soigneusement gardé de le dépasser au risque de faire exploser une structure institutionnelle : par exemple, malgré toutes ses déclarations contre le cléricalisme, il n’a jamais vraiment remis en cause le célibat sacerdotal ni ouvert la prêtrise aux femmes.
...

Pour une vraie réforme

suite

     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 Benoît XVI : L’échec de l’herméneutique de la continuité par Info Renaissance Catholique  (2023-01-26 14:31:46)
      Herméneutique de réforme dans la continuité par Abbé Claude Barthe  (2023-01-26 20:18:27)


39 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]