Homélie de Mgr Carlo Maria Vigano pour la mort du pape Benoît XVI

Amer est le jour du Seigneur ! Même un homme courageux le crie. Un jour de colère ce jour-là, un jour d'angoisse et d'affliction, un jour de ruine et d'extermination, un jour de ténèbres et de ténèbres, et un jour de nuages ​​et de ténèbres, un jour du son du cor et du cri de guerre sur les villes fortifiées et sur de hautes tours. Ainsi parle le prophète.

Absolve Domine. Pardonne, ô Seigneur. Nous chantons ces paroles dans la section de la messe des morts, qu'ils soient papes ou simples clercs, riches ou pauvres, sages ou simples. Et gratia tua illis succurente, mereantur evadere judicium ultionis, et lucis æternae beatitude perfrui. Puissent-ils passer le jugement final avec l'aide de votre grâce et profiter de la félicité de la lumière éternelle.

Adressons cette même prière à la divine Majesté, alors que nous célébrons la Sainte Messe de suffrage pour l'âme de Joseph Ratzinger, Pontife Romain jusqu'au 28 février 2013. Et comme elle demande miséricorde envers le défunt, nous la confions à la miséricorde de Dieu, qui sait tout et qui scrute le secret des cœurs. De ce qu'il a fait et dit au cours de sa longue vie, et en particulier après être monté sur le Siège de Pierre, nous voulons rappeler ce geste providentiel de vérité et de justice par lequel il a reconnu la pleine légitimité de la liturgie apostolique, en promulguant le Motu Proprio Summorum Pontificum. Le bien que la libéralisation du rite antique a fait à l'Église pèsera dans la balance des âmes que l'on voit dans de nombreuses représentations de l'archange saint Michel. Grâce à elle, une multitude de fidèles et de prêtres – parmi lesquels on peut aussi se compter – ont pu connaître le trésor inestimable de doctrine et de spiritualité que des choix malheureux avaient rendu inaccessible depuis cinquante ans ; grâce à elle un flot de grâces, que personne ne pourra arrêter, s'est déversé - et se déverse encore aujourd'hui - sur l'Église et sur le monde.

En contemplant les décombres qui ont survécu à la dévastation conciliaire, je n'ose imaginer ce que serait la situation de l'Église sans la messe de saint Pie V. Pourtant, dans le même Motu Proprio Summorum Pontificum, on ne peut manquer de remarquer la structure précaire adoptée par l'éminent théologien Ratzinger : la thèse de l'orthodoxie catholique (et de la messe traditionnelle), l'antithèse de l'hérésie moderniste (et de la messe de Montini) et la synthèse de Vatican II (et de la coexistence de deux formes d'un même rite). Malheureusement, les delicta juventutis n'ont jamais été formellement désavoués, même si les horreurs des dix dernières années les ont presque éclipsés.

Nous ne pouvons que prier avec ferveur pour que dans un avenir proche cette restitution complète de l'ancien rite puisse être accomplie, ce qui mettra fin à des décennies d'abus, de manipulation, d'adultération et de persécution rendues plus féroces à l'époque bergoglienne.

Si iniquitates observaveris Domine, Domine, quis sustinebit? Qui peut supporter le jugement de Dieu, si seulement nous considérons nos fautes ? Personne. Pourtant la Miséricorde de Dieu, qui est notre Père et qui nous aime jusqu'à donner son Fils unique pour notre salut, daigne regarder le bien fait avec plus d'attention qu'elle n'en porte à nos manquements. C'est comme si, en nous sachant faibles et pécheurs, Il cherchait tous les moyens de nous sauver de la damnation éternelle, nous donnant mille occasions de nous racheter. Ceci s'applique au plus petit des fidèles et à celui qui siège sur le plus haut Trône. La considération de notre péché ne doit pas nous conduire à nous considérer comme destinés à céder et exempts de châtiment, mais nous inciter à mettre toute notre confiance en Celui qui nous donne la force (Phil 4, 13).

Animé par cette confiance, le pape Benoît XVI a tenté en quelque sorte de réparer cette terrible vulnus qu'un de ses prédécesseurs avait causée au corps ecclésial ; une blessure qui guérissait, mais que les manœuvres de l'Ennemi et de ses acolytes tentent de maintenir ouverte, annulant Summorum Pontificum même face aux biens spirituels indéniables qu'il apporte aux âmes ; en effet, précisément à cause de ces Grâces infinies, parce qu'elles représentent la défaite la plus brûlante de l'esprit sécularisé et mondain de l'idéologie conciliaire.

Et si le rite réformé annulait le Dies iræ de la messe de Requiem et imposait l'Alléluia, on trouve dans l'ancienne messe des motifs d'espérance et de suffrage composé pour l'âme d'un homme que le Seigneur a voulu pour Vicaire. Dans ce rite, nous entendons la voix de l'Épouse implorant la miséricorde, le pardon, l'indulgence, l'absolution, la rémission ; la voix de l'Épouse qui, en reconnaissant les péchés de ses enfants, les présente devant le Père Éternel, que le Fils divin rachète par son propre Sacrifice. Que l'âme du pape Benoît trouve donc le lieu de ressourcement, de lumière et de paix que nous invoquons pour lui dans le Memento du Canon.

Dans la gloire bénie du Ciel, ou dans les flammes purificatrices du Purgatoire, le Pape Benoît XVI pourra prier pour nous et pour toute l'Église, connaissant enfin facie ad faciem cette Vérité divine que l'exil terrestre ne révèle qu'obscurément. Ses prières se joignent aux nôtres et à celles des âmes saintes et de la Cour céleste, pour implorer la divine Majesté de mettre fin aux tribulations présentes, et en particulier la défaite et l'expulsion de la secte des hérétiques et des corrompus qui afflige et éclipse la Sainte Église de Dieu. Ainsi soit-il.

+ Carlo Maria Vigano

5 janvier MMXXIII

Vigile de l'Epiphanie du Seigneur

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