En ces dernières heures qui marquent la conclusion de l'année civile, chacun de nous se prépare à prendre part aux fonctions solennelles par lesquelles l'Église élève à la Divine Majesté les louanges d'action de grâce contenues dans l'hymne Te Deum.

Te Deum laudamus : te Dominum confitemur. Nous te louons, ô Dieu : nous t'acclamons comme Seigneur. Au pluriel « nous », on perçoit la voix auguste de l'Épouse de l'Agneau, parée des précieux joyaux des Sacrements et des joyaux les plus précieux de sa couronne royale : le très auguste Sacrement de l'Autel, le Sacro-saint Sacrifice de la La messe et l'ordre du sacerdoce. Et c'est devant le Très Saint-Sacrement que nous tous, debout comme il convient aux vainqueurs debout avec le Christ au jour du triomphe, rendons grâce à Dieu pour l'année qui s'achève.

Considérons donc ce dont nous devons rendre grâce à la Très Sainte Trinité.

Nous remercions le Seigneur Dieu de nous avoir punis pour notre tiédeur, notre silence, notre inclination au compromis, nos hypocrisies, notre soumission à l'esprit du monde et aux erreurs des idéologies dominantes. Ce sont ces péchés et ces manquements qui ont permis à ceux qui imposent aujourd'hui la tyrannie du Nouvel Ordre Mondial de s'épanouir dans le monde civil, et à ceux qui excommunient un prêtre pro-vie et promeuvent scandaleusement des prélats et des clercs corrompus et hérétiques. Ils ont permis, dans le monde civil, que la démocratie se transforme en apostasie des nations et en massacre cruel d'innocents. Ils ont permis, dans le corps ecclésial, au Concile Vatican II, d'introduire les principes de la Révolution dans l'Église, comme un levier subversif pour la détruire de l'intérieur. Ils ont permis que le péché et le vice soient encouragés dans le monde civil, tandis que l'honnêteté, l'intégrité et la moralité chrétienne sont moquées et piétinées, voire criminalisées. Ils ont permis, dans le monde ecclésiastique, la persécution des fidèles et des clercs qui demandent à professer la Foi Catholique et à la célébrer dans le Rite Apostolique, tandis que le Sanhédrin Vatican vénère une idole infernale sur la tombe du Prince des Apôtres. Ils ont permis, tant dans le monde civil qu'ecclésiastique — significativement allié sur ce point — que la marque sanitaire de la Bête soit imposée à des milliards de personnes, au nom d'un plan délirant de contrôle de la population mondiale, prenant comme prétexte une maladie qui ne s'est avérée curable et non mortelle qu'après que l'interdiction des traitements appropriés a causé un nombre suffisant de morts pour terroriser les masses. La Grande réinitialisation, ni plus ni moins que le COVID-19, a été un expédient pour Joe Biden pour cacher les preuves de la corruption de sa famille et de la présence de biolaboratoires liés au Pentagone. Ils ont permis, dans les institutions tant civiles qu'ecclésiastiques, que les fonctionnaires soient d'autant plus soumis au chantage qu'ils progressent dans leur carrière, et que ni les citoyens ni les croyants n'exigent que les corrompus et les pervers soient destitués et poursuivis.

Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est l'aboutissement inévitable d'une série de petits pas, dont chacun aurait pu être évité si seulement nous avions exercé un minimum de jugement critique et élevé la voix, si nous avions protesté pour défendre nos droits qui ont violés par ceux qui auraient dû être les premiers à les protéger. Divorce, avortement, euthanasie, sodomie, idéologie du genre, libéralisme de gauche ou de droite, immigrationnisme, annulation de la culture, mondialisme, dictature sanitaire, écologiste malthusien, œcuménisme, synodalité…

A chaque fois, on aurait pu et dû dénoncer la menace qui planait, et pourtant nous nous sommes tus, pour ne pas être traités de « théoriciens du complot » ou stigmatisés comme « fondamentalistes », afin de ne pas souffrir d'ostracisme social et ecclésial à cause de nos idées ou de notre Foi. « Chacun est libre de faire ce qu'il veut, pourvu que cela me permette aussi d'être catholique et d'aller à la messe en latin », disent ceux qui se sont laissés contaminer par la pensée libérale. Mais c'est précisément ce « faire ce que l'on veut » qui a permis aux manipulateurs des masses de changer la société et de faire de nous des étrangers dans notre patrie, tant dans nos propres Nations qu'au sein de l'Église.

Pourtant nous savions très bien que le projet de libéralisme maçonnique aurait dû être combattu par les catholiques, suite aux alarmes répétées et aux multiples condamnations des Pontifes romains. Nous savions que les libéraux accordent leur tolérance à tout le monde sauf aux catholiques, et que leur pire ennemi est le Christ Roi des Nations, car partout où Il règne, les ennemis de Dieu et des hommes sont dans les fers et non à la tête des gouvernements. Nous savions très bien que la rébellion contre Dieu dans les affaires temporelles et spirituelles ne pouvait conduire qu'à la dictature ou à l'anarchie, pourtant nous avons permis le piétinement de la Justice dans nos tribunaux et des droits des travailleurs dans nos entreprises, l'empêchement des soins dans nos hôpitaux, la diffusion de mensonges dans nos médias, la corruption des mœurs des jeunes dans nos écoles et la contradiction du Magistère depuis nos chaires.

Ceux qui jusqu'à présent ont occupé des postes d'autorité l'ont fait en usurpant le pouvoir dans un but opposé à celui pour lequel il existe. Comme je l'ai dit tout à l'heure : nous nous sentons traités comme des étrangers, en effet, bien que nous soyons des citoyens, nous sommes traités comme des ennemis de l'État, et bien que nous soyons des fidèles, nous sommes traités comme des ennemis de l'Église, alors que les vrais étrangers et les ennemis de l'État sont accueillis, honorés et obéis dans les projets délirants « humanitaires » et « philanthropiques » des élites qui ont usurpé l'autorité. Et certains d'entre nous, face à cette opération d'ingénierie sociale et religieuse, ont renoncé à se battre, voire se sont rangés du côté des conspirateurs : ils ont choisi de plaire aux puissants, d'appuyer leurs plans subversifs dans nos Parlements, dans les salles des institutions internationales, dans nos cathédrales et même sous la coupole de la Basilique Saint-Pierre. Conformisme, lâcheté, obséquiosité ; avec l'espoir que la trahison d'aujourd'hui par laquelle ils écrasent notre prochain - que ce soit un citoyen qui demande des dirigeants honnêtes ou un fidèle qui demande des saints bergers - puisse nous épargner d'une manière ou d'une autre une décimation ultérieure. Ils oublient que la Révolution dévore ses propres enfants comme Saturne, et qu'aucun des complices de la première heure n'est épargné par la potence, ni dans la réalité ni dans les médias.

Le Seigneur est notre Père et, en tant que Père, il nous punit afin que nous comprenions nos fautes, que nous nous en repentions et que nous changions de vie. Deus, qui culpa offenseis, pœnitentia placaris, dit une prière de Carême : Ô Dieu, qui est offensé par la culpabilité et apaisé par la pénitence. Partout où il y a culpabilité, partout où la Majesté de Dieu est infiniment offensée, il y a besoin d'une punition. Flagella tuæ iracundiæ, quæ pro peccatis nostri meremur : les fléaux de ton indignation, que nous méritons à cause de nos péchés, comme cela arriva si souvent au peuple d'Israël.

Béni soit ce châtiment qui dure depuis plus de deux ans et qui est destiné à durer si nous ne nous rendons pas dignes d'être épargnés, en donnant des signes de conversion, de repentir, d'expiation et de réparation. Bénie soit cette année des plus néfastes que nous laissons désormais derrière nous, au cours de laquelle la farce pandémique s'est révélée dans sa nature criminelle en révélant le projet de mort de l'élite mondialiste ; au cours de laquelle le cynisme impitoyable des organisations internationales s'est manifesté par une propagande hypocrite en faveur de gouvernements dirigés par ceux qui sont les plus corrompus et les plus soumis à la Grande Réinitialisation, montrant que ceux qui mentent, ceux qui ne reconnaissent pas le principe transcendant de Vérité sont capables de dire, se leurrant qu'ils peuvent effacer l'œuvre même du Créateur par le transhumanisme, à l'image et à la ressemblance duquel nous avons été faits. Bénie soit l'audace avec laquelle les tyrans du Nouvel Ordre Mondial nous ont montré les horreurs qui nous attendent si nous restons inertes, endurant passivement leurs chantages sanitaires, environnementaux, énergétiques, économiques ou de guerre. Bénie soit l'arrogance de la secte bergoglienne, complice du pouvoir et servante de l'idéologie maçonnique, qui avec sa complaisance envers les méchants et sa sévérité pharisienne envers les bons révèle — même aux simples — son apostasie et découvre la gangrène de ses vices.

Comme Job, bénissons le Seigneur surtout dans les moments de tribulation, car dans ces épreuves — même les plus ardues et les plus douloureuses — nous devons voir l'intervention de la Providence, la main aimante de Dieu Qui ne nous abandonne pas à nos propres dispositifs, nous qui avons fini bien pire que de veiller sur des cochons, comme cela est arrivé au fils prodigue.

Miserere nostri, Domine, miserere nostri. Fiat misericordia tua, Domine, super nos, quemadmodum speravimus in te. Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous. Que votre miséricorde soit sur nous, Seigneur, dans la mesure où nous avons espéré en vous. Ayez pitié de vos enfants qui ont été abandonnés par leurs dirigeants et leurs bergers. Ayez pitié de ceux qui, précisément parce qu'ils ne se complaisent pas dans les fausses illusions de ce siècle mais vivent de la bienheureuse Espérance de Votre sainte aide, trouvent en Vous la force de mener le bon combat, qu'il soit mené en famille ou au travail, des sièges du Parlement ou de la rédaction d'un journal, de la chaire d'une église de campagne ou de la cellule d'un couvent. Ayez pitié de ceux qui ne se résignent pas à l'instauration de l'enfer sur terre du Nouvel Ordre Mondial, ni à la non moins infernale apostasie de l'œcuménisme irénique.

Et si nous demandons la fin des fléaux de ce 2022, nous préparant à invoquer avec le Veni Creator les dons du Paraclet au début de 2023, faisons-le avec l'humilité confiante du fils prodigue : Père, j'ai péché contre le Ciel et contre vous ; Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils (Lc 15, 21). Nous le faisons en renouvelant notre détermination à obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes 5:29), lorsque les hommes abusent de leur autorité en l'offensant et en lui désobéissant dans les choses temporelles et spirituelles.

Le Te Deum est un hymne d'action de grâce pour la victoire, un chant de triomphe. Mais ce triomphe n'est pas le triomphe passager des hommes. C'est plutôt le triomphe éternel du Fils de Dieu, qui a vaincu Satan, non pas avec des armées et des armées angéliques, mais en mourant sur la Croix, un instrument d'ignominie transformé en bannière de gloire par le Sang de l'Agneau. La victoire du Christ — Ego vici mundum , j'ai vaincu le monde, nous l'assure Notre-Seigneur (Jn 16, 33) — s'accomplit sur la voie triomphale du Calvaire, que tout le Corps mystique doit suivre jusqu'à la passio Ecclesiæ, à l'instar du Divin Rédempteur, son Chef. Si nous ne nous unissons pas à la Passion du Christ, nous ne pourrons pas nous lever avec lui et nous asseoir à sa droite dans la gloire bénie du ciel. Si nous ne luttons pas contre le péché sous la bannière du Christ et de la Sainte Vierge, nous ne pourrons pas célébrer le triomphe final sur l'ancien Serpent et ses disciples. Si nous ne nous réveillons pas de la torpeur mais restons simplement à regarder les scélérats qui se déchaînent contre l'Église et l'humanité, cherchant à effacer toute trace du Christ, nous n'avons aucune raison de remercier le Seigneur en chantant le Te Deum, car nous serons restés insensibles à ses châtiments et aux nombreux avertissements qu'il daigne nous adresser pour nous exhorter à lui rendre son amour, cet amour parfait et infini qui a permis à la Seconde Personne de la Très Sainte Trinité de s'incarner pour rachète-nous. Alors nous serons dignes de ce cauchemar dystopique que les serviteurs du mondialisme maçonnique nous préparent depuis des années et dont nous avons eu un avant-goût terrifiant dans un passé récent.

Si nous ne nous unissons pas à la Passion du Christ, nous ne pourrons pas nous lever avec lui et nous asseoir à sa droite dans la gloire bénie du ciel. Si nous ne luttons pas contre le péché sous la bannière du Christ et de la Sainte Vierge, nous ne pourrons pas célébrer le triomphe final sur l'ancien Serpent et ses disciples.

Chantons donc ce Te Deum avec un cœur renouvelé et avec l'intention de témoigner de notre fidélité au Seigneur, quelles que soient nos capacités, confiants en sa sainte aide, d'autant plus puissante que l'assaut de l'Ennemi : In te, Domine, speravi : non confundar in æternum.

Et qu'il en soit ainsi.

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

31 décembre 2022
S. Silvestri, Papæ et Confessoris

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