Quand des tradis prétendent que la sensibilité n'entre pas en jeu dans leurs pratiques et leurs convictions...
La barrette est bien une histoire de sensibilité alors qu'elle est prévue...
Je connais un distingué prêtre de la FSSP qui a le tact, lorsqu'il célèbre dans une église de l'ICRSP, de mettre une barrette (qu'il pourrait porter à quatre cornes d'ailleurs...).
Il y a une histoire des sensibilités religieuses et à une même époque donnée, des variétés importantes, jusque dans l'usage des choeurs en fonction de la famille religieuse.
La venia chez certains religieux n'était pas très pratiquée en paroisse par le laïc...
Verra-t-on un jour un curé ou un évêque exiger de chaque assistant à la messe de se mettre à genoux à partir du Sanctus ? Et de communier d'une ou deux façons, et non de trente-six manières ? Ne me dites pas que le cardinal Sarah était chargé du culte divin ?
Dans le NOM, les personnes qui entrent dans un banc avant une génuflexion se comptent sur les doigts d'une main. Les églises romaines n'avaient pas toutes de l'eau bénite à l'entrée et à la louche, 1 personne sur 100 passe à Rome devant le tabernacle en pliant le genoux. Hier la sémaphore âgée passa dix fois devant le tabernacle sans jamais marquer le coup. Et je n'ai pas compté les jambes croisées à la chorale que je voyais de biais (uniquement des femmes de plus de 70 ans). Entre cela et le zèle que certains mettent dans le VOM, n'y a-t-il donc jamais de juste milieu et une orthopraxie fluide ? Nemo avait raison de parler récemment de ceux qui font un maximum de mouvement au dernier Evangile qui ne peut concerner la nef qui est censée chanter ou écouter.
J'ai vu des bougies électriques à Rome, qui ne me disaient rien... Les bougies à Rome sont trois fois moins chères que dans certaines célèbres cathédrales de France : on est moderne, mais on n'en aime pas moins les sous en France, quitte à obliger en toute illégalité l'usage d'audiophone de la paroisse...
Et pourtant les bougies salissent statues et voûtes, outre les risques d'incendie.
Je ne milite pas pour l'enterrement de ces personnes, mais je suis très mal à l'aise à l'idée que des gens les regardent avec des intentions plus ou moins honnêtes. Nos saints vénérés in corpore peuvent aussi s'en rapprocher, même avec masque de cire...
Boniface VIII avait bien tenté d'interdire la dilaceratio corporis, il n'empêche que cette pratique a continué. Il fallait demander l'autorisation au pape. Certains évêques indiquaient bien dans leur testament qu'ils refusaient la chose et exigeaient de ne jamais être exhumés après la putréfaction de la chair.
Quand Otto de Habsbourg l'a faite pour que son coeur rejoigne une abbaye hongroise, j'ai eu des mines désorientées chez des clercs... Et pourtant, cette honorable pratique chez les princes et les prélats était traditionnelle.
En revanche, je serais quelque peu peiné de savoir qu'on a fait bouillir le corps de Benoît XVI pour transporter ses os à bonne distance, ce que l'on fit pour Louis IX. Un évêque d'Avranches, Louis de Bourbon-Vendôme, en 1510 a même demandé la séparation de sa propre tête pour qu'elle soit enterrée dans une abbaye dont il était le commendataire. A cette époque, on se moquait un peu de ce que Trente demandait (merci à l'abbé Cellier d'avoir rappelé que des pans entiers de Trente sont caduques, même si l'honnêteté me pousse à dire que le club ne fut pas fameux quand il parla des transferts de siège, méconnaissant largement les XIe-XVe siècles, sans parler de la chronologie branlante de leur approche des cardinaux romains...).
Ce que l'on fait de nos cimetières me terrifie. On réaménage et la mode des caveaux, oublié au bout de 50 ans dans beaucoup de famille, oblige à mettre tout cela dans un ossuaire, à la louche. On voit souvent au bout de 5 ans des tombes exhumées, faute de concession. J'ai vu des choses horribles, avec les détecteurs de métaux pour couronner le tout. Les catholiques se fichent aussi pas mal d'entretenir les tombes des curés et des religieuses. Les monuments et le reste vont à la décharge, ou dans la poche des ouvriers... Aucun inventaire... J'ai en mémoire la tombe d'un vicaire général de mon diocèse natal, canoniste, mort en 1946, enterré dans son village natal. Eh bien la tombe a été détruite après la pose pourtant d'un avis de concession abandonnée pendant deux ou trois ans (dans bien des villages, les concessions sont une pratique toute récente). Des gens du village portent pourtant le nom de ce prêtre. Je ne crois pas que cela ait fait l'objet d'un article dans le moindre synode diocésain...
Quand la loi impose l'existence d'un ossuaire, c'est de l'hypocrisie, car dans les villages, l'ossuaire fait deux mètres cubes. Et on ne peut mettre vêtements et os de trente tombes dans un si petit espace. J'ai vu des corps aller à la décharge et des proches m'ont aussi raconté la chose. Dans la presse locale cette semaine, le journaliste en mal de morbidité parla néanmoins du sort réservé au foetus, déchet hospitalier. Il était gêné pour les raisons que vous imaginez... Il a même interrogé une mère traumatisée par le sort de son "enfant à naître" envoyé à l'incinérateur. J'ai déjà parlé ici du désarroi des parents qui vivent une fausse couche à la maison ou dans le train. Et j'imagine encore bien plus leur détresse s'ils ne connaissent pas un prêtre solide qui leur donne un conseil qui exige rapidité et confiance. Je me souviens que seule Vox avait prêté attention à ma remarque, qui est à mes yeux bien plus importante que les anathèmes tridentins, lesquels font plaisir à qui veut les apprendre comme des sourates, sans faire bouger quoi que ce soit dans les registres d'adjurations...
C'est pour cette raison que pour les miens et moi, ce sera une croix en bois et la terre. Pour passer ma vie dans les cimetières, je connais la vanité des caveaux et des monuments. Le dernier curé du village est très vite oublié, même quand il a voulu reposer au milieu de ses derniers paroissiens.