"Dans notre vie quotidienne de prêtres, il faut nous arracher de manière jalouse au temps de l'oraison. Sans une vie d'oraison qui soit persévérante et régulière, au milieu de nos mille occupations, il n'y a pas d'identification possible avec le Christ. Pour être constamment à l'écoute de son Frère, et dans une attitude de soumission filiale et de pleine syntonie avec sa volonté, Jésus allait fréquemment à l'écart, dans un lieu désert, pour prier, passant parfois toute la nuit ainsi. Sa prière nocturne dans le jardin de Gethsémani n'était pas un événement isolé : « Il sortit, écrit l'évangéliste, et se rendit comme de coutume, au mont des Oliviers, (Lc 22,39-45).

L'oraison est un acte de foi et d'amour. C'est au cœur de ce long colloque avec Dieu, cet entretien familier, intime, ce cœur à cœur, que Dieu prend le temps de graver patiemment et profondément en nous, ses paroles d'Alliance (Ex 34, 28). Ces moments de présence prolongée devant Dieu, qui doivent normalement rythmer la vie du prêtre, ses journées et son ministère pastoral, imprimeront sur la peau de son visage le resplendissement de la gloire de Dieu (Ex 34,29 ; Nb 6,25), du Dieu éblouissant de sainteté, (Ps 96, 9). Il est donc vital et indispensable de commencer par prendre au sérieux notre vie d'oraison. Elle est chemin de sainteté et source d'énergie missionnaire.

Ce temps passé devant Dieu, à se laisser pénétrer de son amour et à lui offrir le nôtre, est bien souvent marqué par l'austérité de la nuit intérieure, de la sécheresse, des distractions humiliantes. Dieu travaille notre âme pendant le temps de l'oraison, et nous ne savons pas ce qu'il fait ; nous ne savons que demeurer là, avec Lui, dans sa sainte présence. Persévérer dans l'oraison demande du courage, c'est prendre chaque jour sa croix (Lc 9,23 ; 14,26-27), accepter de participer au mystère de la rédemption, partager la déréliction du Christ à l’agonie et les ténèbres de son tombeau, dans l’attente de la Résurrection."

Cardinal R. Sarah. Catéchisme de la vie spirituelle
p.239

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