Thouars : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, entre tradition et intégrisme


Officiant à Thouars, l’abbé Pieronne dispose d’une communauté d’une centaine de fidèles réunis autour des valeurs de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. © Photo NR

La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, fondée en 1970, est implantée à l’église du château de Thouars. Elle défend des valeurs catholiques traditionalistes.

À l’occasion de l’Assomption, une centaine de fidèles de la Fraternité sacerdotale, à peine plus qu’habituellement, sont réunis à la collégiale Sainte Chapelle Notre-Dame, accolée au château de Thouars (1). La plupart, même les plus âgés, sont à genoux sur les prie-Dieu, et récitent des chants, en latin et en français, à la gloire de la Vierge Marie. Les femmes et les fillettes sont coiffées d’une mantille, un voile en dentelle blanc ou noir.
« Nous avons perdu le sens du sacrifice chrétien au profit de celui de la communauté »
L’office est conduit par l’abbé Pieronne, qui suit les préceptes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) : une société catholique qui est souvent décrite comme traditionaliste, voire intégriste, et aux rapports plutôt houleux avec l’église catholique romaine. La raison ? L’abbé Pieronne explique : « À partir de Vatican II (un concile qui a ouvert le catholicisme au monde moderne et à la culture contemporaine dans les années 1960), l’Église s’est adaptée aux principes modernes, aux principes de la Révolution française en somme, et nous avons perdu le sens du sacrifice chrétien au profit de celui de l’assemblée, de la communauté. » Il résume : « C’est la désacralisation de l’office. »

En somme, pour être plus accueillante, plus ouverte, l’église catholique romaine aurait « sacrifié ce qui fait la spécificité du catholicisme ». « Pour nous, poursuit-il, le seul véritable moyen d’obtenir le salut est par l’Église catholique, qui seule a été instituée par le Christ. Donc forcément, nous sommes contre le relativisme de l’Église actuelle qui dit : “ Chacun trouve sa vérité où il veut ” et qui refuse de condamner et de dire qu’elle n’est pas d’accord. » La perpétuation d’anciennes valeurs, donc, qu’une grande partie du catholicisme moderne refuse à présent. Des refus de valeurs qui dépassent parfois la simple querelle de clochers, pour s’insinuer également dans la morale laïque.
Opposée au mariage homosexuel
Cela est notamment le cas en ce qui concerne le mariage homosexuel. L’abbé se prononce de façon assez attendue contre le mariage homosexuel religieux, mais aussi contre le mariage homosexuel civil, là où le pape François s’était exprimé en faveur d’une loi d’union civile en 2020. « L’Homme a reçu ce qu’il est de Dieu, il ne peut pas choisir sa nature. » Sa nature étant les relations hétérosexuelles ? « Oui », répond-il, catégorique.

Pour autant, il ne croit pas à la participation du religieux dans le monde politique. « Vu le fonctionnement de l’État, qui est basé sur la laïcité, il ne peut pas y avoir de partis catholiques aujourd’hui. »
Une éthique laïque qui, aujourd’hui, « n’est pas en accord avec notre morale », regrette-t-il. Restent donc « le culte et la morale personnelle », dans lesquelles la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, et l’abbé Pieronne, essaient d’insuffler leurs valeurs.

NICOLAS AYACHI

(1) En 2019, la FSSPX était implantée dans 772 centres de messe à travers 72 pays.

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