Le Pape a reconnu à la FSSPX certaines facultés, disons, entre 2015 et 2017: des facilités qui contrastent avec sa position actuelle assez vomitive sur le rite tridentin et sur la Tradition. On pourrait penser que le "plan" romain serait de de dire: tous les tradis à la FSSPX à qui on ne fait pas de publicité ! Mais on ne voit pas comment une fraternité que l'on tolère ne pourrait pas poser de problèmes à Rome. Tôt ou tard, la question de la porosité des troupes se reposerait et, surtout, le statut du rite tridentin non éradiqué serait à nouveau sur le tapis. Ce qui montre qu'il n'y a rien de cohérent, du moins sur les 9 années auxquelles nous avons assisté.

En réalité, la politique est aussi erratique sur la forme erratique qu'errante sur le fond: en 2016, François était prêt à accorder beaucoup de choses en se moquant éperdument de Vatican II, qui est plus un symbole qu'une véritable réforme de l'Eglise. La praxis pontificale n'a cure d'être cohérente. François prêt à demander à la FSSPX la profession de foi de... Pie IV. Puis, quelques années, du fait des confinements, de l'isolement d'un Pape qui a une vision caricaturale des choses ( l'autoritarisme, c'est le règne des foucades et des courtisans), François se braque à l'égard du rite tridentin. Il fait payer au monde traditionnel son bras de fer avec les Etats-Unis, les attaques qu'il a subies et aussi l'échec d'un pontificat qui imaginait freiner l'effondrement de la pratique religieuse. Tout prend une proportion démesurée: les tradis que l'on croyait marginaux deviennent soudainement une menace pour les autorités de l'Eglise, ce que l'on est heureux d'apprendre ! Des prélats qui ont peur de 15 000 pèlerins, comme si les pèlerins de Chartres allaient réitérer le sac de Rome en marchant sur le Vatican... Voilà où on en est dans une Eglise en déréliction avec une curie qui n'a jamais été de terrain et confond le réel avec des blogs ou des recensions de presse. Faut-il rappeler que François, dans son jeune passé, n'a jamais été curé ou vicaire ? Il n'est devenu le pasteur de fidèles qu'en devenant archevêque de Buenos Aires. J'ai toujours été dubitatif des discours sur l'Eglise "en sortie", sur le refus d'ériger l'Eglise en "douane", quand on s'est soi-même peu confronté au terrain.

Tout cela pour dire que l'Eglise post-conciliaire, ou synodale, qui se décrépit et vit dans un monde imaginaire se crée des ennemis fantasmés, comme Staline et ses koulaks, ses paysans supposés enrichis et profiteurs. Je n'ai jamais eu l'impression que les pèlerins de Chartres (je fus aussi chef de chapitre) avaient une envie frénétique de prendre les textes de Vatican II et de les brûler sur le parvis de de la cathédrale de Chartres ou d'envahir la Maison Sainte-Marthe ou le Palais apostolique. J'ai juste constaté qu'ils étaient heureux de prier et de marcher et de bénéficier d'un enseignement un peu plus solide. Dois-je rappeler ce religieux sur les routes de Chartres qui nous fit une méditation sur Evangelii Gaudium ? Pour des pèlerins accusés de dissonance, on ne saurait être aussi respectueux du magistère pontifical.

Avec 60 ans de chaos dans l'Eglise à tous les niveaux, dans toutes les esprits et dans toutes les intelligences, d'affaissement de la foi, de la doctrine et de la charité (cet aspect de la crise existe aussi: on peut le voir dans les mesquineries et agressivité qui peut régner chez certains diocésains), on n'est pas étonné de ce qui arrive. A la différence près qu'en 2022, la situation est celle d'une phase terminale et n'a pas l'enthousiasme et la candeur des années 1960.

Désolé d'avoir été aussi long, mais s'il y a une chose que je souhaite, c'est d'abord d'être débarrassé du locataire actuel. Je ne sais pas s'il y aura mieux - et peut-être qu'il y aura pire sur le plan théologique -, mais la personne sera différente et évitera de tenir des propos de comptoir dans l'avion ou devant les journalistes. Je me mets juste à rêver d'un Pape moins vulgaire et plus respectable dans sa tenue. Je n'ai pas de honte à souhaiter qu'un jour, nous soyons débarrassé de François au regard des dégâts qu'il commet ou fait commettre quotidiennement.

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