" Les manuscrits qui entrent dans ses collections contiennent des extraits de trois romans en vers: Cligès ou la Fausse Morte, Yvain ou le Chevalier au lion et Perceval ou le Conte du Graal." Bien ! Et après ? il s'agit sûrement de copies de romans de Chrétien de Troyes et non de nouveaux romans ... Pas vraiment de quoi s'emballer ! Les familiers des textes du Moyen Age et des manuscrits qui les véhiculent ne seront pas étonnés par ces "découvertes.

Je suis en outre étonné par le qualificatif appliqué à Chrétien de Troyes : " le père de la littérature arthurienne en ancien français". Chrétien de Troyes écrit en langue romane en empruntant à la littérature celtique, la "matière de Bretagne". Certes le cadre d'un roman comme le Chevalier de la Charrette est le monde arthurien dont il offre une réécriture originale. L'originalité de cet auteur consiste moins dans les emprunts que dans ce qu'il a inventé et qu'il nomme la "conjointure", un art de la composition. Un travail sur la forme sans précédent, mais une intention révolutionnaire pour l'époque avec ce que l'on peut appeler un renversement des "valeurs du monde féodal". N'oublions pas que Chrétien de Troyes écrit pour Marie de Champagne le Chevalier de la Charrette. Littérature courtoise donc et non épique. A ce sujet, on trouvera des pages remarquables et intuitives dans l'ouvrage de Georges Duby, Le Chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale (Hachette, 1981).

Quant à écrire qu'il est "l'inventeur du roman moderne", on réalise à quel point certains sont des ignares patentés, car, s'il y un lien entre la langue romane - Chétien écrit en vers - et le roman, il n'est pas pour autant le créateur d'un nouveau genre littéraire; la paternité du genre pour la France pourrait être attribuée à Rabelais au XVIe siécle.

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